Infestations de ray-grass en céréales : désherber dès la prélevée, c’est la clé !

La prélevée supérieure à la postlevée contre le ray-grass

Les essais désherbage ray-grass 2023 ont une nouvelle fois démontré le gain d’efficacité à positionner le désherbage d’automne en prélevée. En moyenne, une prélevée apporte 70 à 75 % d’efficacité. En cas de difficultés de gestion du ray-grass, ce positionnement est à privilégier.

La postlevée a l’inconvénient d’avoir une efficacité dépendante du stade de l’adventice. Malgré les bonnes conditions de traitement dans les essais, ces positionnements sont en retrait d’environ 10 points d’efficacité. Dans les conditions de parcelles d’agriculteurs, cette perte peut-être bien plus élevée si l’application est réalisée sur des graminées au-delà de 2-3 feuilles ou plus. En cas de semis tardifs, les créneaux en postlevée peuvent être plus réduits les années pluvieuses.

Vigilance sur les risques de phytotoxicités liés aux pluies et aux mauvaises implantations laissant les graines á la surface

Les applications d’automne mal positionnées peuvent générer des risques de phytotoxicité pour les cultures. Cette année, les conditions pluvieuses de fin octobre – début novembre amènent à la vigilance pour éviter des applications suivies de fortes précipitations les jours d’après, susceptibles d’emporter les matières actives plus en profondeur et atteindre les graines de céréales. De la même façon, les semis en mauvaises conditions se répercutant par des graines mal enterrées augmentent fortement le risque de phytotoxicité. L’absence de fortes amplitudes thermiques en postlevée les jours suivant l’application limite également les risques.

Un programme double automne à privilégier en cas de forte infestation dans la parcelle

Les niveaux d’infestations, parfois importants présents en Bretagne, ne permettent pas d’obtenir des efficacités de désherbage supérieures à 80 % en une unique application à l’automne. L’évolution généralisée des résistances aux modes d’action de sortie d’hiver limite fortement l’intérêt de ces applications de sortie d’hiver vis-à-vis du ray-grass.

Ainsi, les programmes double automne permettent de régulariser les efficacités et d’atteindre des niveaux d’efficacités proches de 90 %. Cependant, les investissements deviennent conséquents dans le cas des programmes double automne, avec des coûts allant de 90 à 140 €/ha. Mais ils sont équivalents économiquement à un programme « prélevée + sortie d’hiver », voire légèrement inférieurs.

 Figure 1 : Résultats des efficacités herbicides sur blé tendre d'hiver, cible ray-grass

Synthèse de cinq essais nationaux – ARVALIS 2022/2023

Néanmoins, il faut rester vigilant à l’alternance des modes d’action dans le programme double automne. La règle est d’utiliser une seule fois une matière active par campagne. Il faut donc varier les modes d’action utilisés en prélevée et en postlevée.

D’un point de vue sélectivité, les associations avec plusieurs substances actives et à haute dose peuvent faire face à des niveaux de phytotoxicité non acceptables.

Toutes les variétés de blé tendre ne sont pas tolérantes vis-à-vis du chlortoluron.

Vigilance sur les programmes double automne sur orges et triticale

Sur l’aspect phytotoxicité, il faut être encore plus vigilant à ce point pour les orges qui sont plus sensibles que le blé tendre. Certains mélanges assez courants en blé tendre sont à proscrire, comme Défi + Fosburi en postlevée, Pontos 0,75 l + Défi 3 l…  De plus, cela dépend de la qualité de l’implantation et de la météo. Il faut donc ajuster les doses en fonction de ces paramètres. Toutes les variétés d’orge d’hiver sont tolérantes au chlortoluron, qu’il soit appliqué soit en prélevée, soit à partir du stade 2-3 feuilles de la culture. Certains antigraminées foliaires ne sont pas sélectifs de l’orge d’hiver, comme le clodinafop et une majorité des herbicides inhibiteurs de l’ALS antigraminées.

Pour les programmes de désherbage du ray-grass dans les triticales, le principe est le même que pour le blé tendre d’hiver. Cependant, il faut limiter l’utilisation des mélanges dans le cas de situations graminées difficiles, car le triticale est légèrement plus sensible que le blé tendre d’hiver. De ce fait, nous ne préconisons pas de mélanges triples. Les mélanges de type Défi + Fosburi ou des programmes double automne seront limités aux situations avec des peuplements graminées problématiques. En l’absence d’implantation de qualité, ne pas intervenir avec ce type de programmes.