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Bretagne

Grêle  : des dégâts possibles sur les céréales à épiaison / floraison

De forts orages de grêle se sont abattus sur notre région - particulièrement dans le nord Finistère et en Centre-Bretagne - le mercredi 14 mai, alors que les céréales se situent majoritairement au stade épiaison-floraison. Les impacts possibles : de la verse, des épillets détériorés qui ne donneront pas de grains, les dernières feuilles lacérées, voire tombées au sol. Comment vont pouvoir fonctionner les plantes lors du remplissage ?

Ciel orageux en Bretagne en 2025

Impact de la grêle sur les épillets : quelles pertes de rendements ?

Les céréales ont la capacité de compenser partiellement des défauts de fertilité d’épis par un meilleur remplissage. C’est d’autant plus le cas pour les blés, qui sont plus plastiques sur les dernières composantes de rendements que les orges.

Toutefois, une perte de fertilité d’épis soudaine par de la grêle n’est pas commune. On peut tout de même essayer d’estimer les pertes via la planche (Tableau 1) destinée initialement à des défauts de stérilité d’épis (ex. : froid méïose).

Impact de la grêle sur une fleur d’un épillet endommagé
Impact de la grêle sur une fleur d’un épillet endommagé

En dessous de 10 % de pertes de fleurs, les pertes finales sur le rendement sont négligeables. Au-delà, les pertes de rendement sont proportionnelles aux pertes de fleurs stériles.

Tableau 1 : Estimations de pertes de rendement en fonction de la proportion de plantes stériles
Tableau 1 : Estimations de pertes de rendement en fonction de la proportion de plantes stériles
Figure 1 : Test de stérilité des épis
Figure 1 : Test de stérilité des épis

Et concernant la surface foliaire et le remplissage des céréales ?

L’autre impact de la grêle possible, c’est une défoliation des céréales par des feuilles lacérées ou coupées et tombées au sol. Toutefois, il est bien connu que la dernière feuille est très importante pour avoir une activité photosynthétique performante afin de remplir les grains. 80 % du carbone contenu dans les grains sont issus de l’activité photosynthétique lors du remplissage. D’où l’importance de protéger la dernière feuille des maladies afin de conserver ce potentiel photosynthétique.

Mais lorsque la dernière feuille est lacérée (dégâts de grêle), est-ce que c’est si grave que cela pour le remplissage ?

Impact de la grêle avec des F1 arrachées et tombées par terre
Impact de la grêle avec des F1 arrachées et tombées par terre

En 2011, une étude avait été menée à Bignan (56) afin de mesurer l’impact des lémas (criocères) sur le remplissage. Ces insectes mangent la surface foliaire, mais laissent passer la lumière dans les étages inférieurs. Pour simuler une attaque de lémas, les feuilles avaient été coupées à 25 %, 50 % ou totalement le 13 mai 2011 (proche du stade où la grêle est apparue cette année).

Résultat : l’impact sur le remplissage est minime si les feuilles sont lacérées à 25 ou 50 %, et de l’ordre d’une perte de 7 % si la première feuille est totalement supprimée. Dans le cadre d’une grêle, toutes les F1 ne sont pas endommagées, ce qui réduit le risque de perte (Photos).

Ceci s’explique par le fait que lorsqu’on coupe des feuilles, les rayonnements peuvent passer au travers et être captés par les feuilles inférieures qui vont récupérer le rayonnement et poursuivre l’activité photosynthétique. Ceci est d’autant plus efficace que les feuilles inférieures sont saines, ce qui est le cas cette année.

Figure 2 : Simulation de la nuisibilité des lémas – BIGNAN 2011 – ARVALIS
Figure 2 : Simulation de la nuisibilité des lémas – BIGNAN 2011 – ARVALIS

Lorsqu’une maladie contamine et nécrose la dernière feuille, les rayonnements ne passent pas au travers d’une part. D’autre part, généralement, les feuilles inférieures sont bien plus touchées et nécrosées pour avoir une activité photosynthétique.

A RETENIR
Au-delà de la verse, l’impact direct de la grêle va être de deux ordres :

⇒ Une perte d’épillets et donc de grains :
- En blé, en dessous de 10 % de pertes de fleurs, l’impact sur le rendement est négligeable.
- Au-delà, la perte rendement est proportionnelle à la perte de fleurs. 

⇒ Une perte de surface foliaire pour le remplissage des grains :
- Si toutes les F1 sont supprimées, l’impact sur le remplissage est contenu, de l’ordre de 7 % de perte.
- Quasiment pas de pertes si les F1 sont coupées à 25 ou 50 % de leur surface.
- Les étages foliaires reprennent le relais sur la photosynthèse via le rayonnement capté. Ce relais est d’autant plus efficace que ces étages inférieurs sont sains (ce qui est le cas cette année).

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