Désherbage des céréales : l’écimage comme ultime rattrapage des parcelles infestées ?
Suite à plusieurs campagnes mouvementées, 2025 semblent laisser un peu de répits au développement des céréales en Rhône-Alpes. Néanmoins, si les parcelles semblaient relativement propres en sortie d’hiver, les graminées (folles avoines et surtout ray-gras) commencent à dépasser des cultures et mettre en évidence une situation plus compliquée que prévue.

Si les conditions d’intervention à l’automne ont globalement été propices aux désherbages des céréales à paille, plusieurs facteurs peuvent expliquer l’état actuel de la plaine
- Des chantiers de récolte qui se sont télescopés avec les semis, pouvant conduire à des positionnement tardifs des interventions
- Des parcelles qui ont souffert de la campagne 2024 avec de nombreux échecs de désherbage en raison des conditions météorologiques
- Des pressions croissantes de graminées qui mettent en défaut les stratégies habituelles (désherbage unique à l’automne ou en sortie d’hiver).
Des parcelles de plus en plus sales
Deux situations se distinguent dans la région
- Des parcelles avec une faible pression historique (ex parcelle en rotation avec des cultures de printemps et travail du sol) mais avec un salissement en progression depuis les bordures et tournières suite aux échecs de désherbage de la campagne passée. Ceci peut s’expliquer par des infestations extérieures mais aussi à un moins bon effet du labour sur ces zones (remise en surface des graines lors du travail des bouts de champs). Ces parcelles devront faire l’objet d’un suivi particulier pour que le développement des adventices ne soit pas exponentiel (ex passage en désherbage d’automne voire double automne).
- Des parcelles historiquement sales (ex rotation céréalière avec peu de travail du sol) et qui atteignent désormais leurs limites. La reconsidération du système devient impérative au risque de se trouver dans des impasses.
Par ailleurs, la question des levées tardives de ray-grass en sortie d’hiver est pertinente. Un suivi réalisé sur la station de Pusignan (69) durant l’hiver a mis en évidence que, si l’automne reste la période de levée principale du ray-grass, quelques individus ont bien germé sur la partie printanière. Un réseau de suivi a été mis en place à l’échelle nationale et permettra d’apporter des réponses une fois les résultats consolidés dans l’été.
L’écimage : intervenir ni trop tôt, ni trop tard !
L’écimage est une technique qui consiste à intervenir juste avant que les adventices ne produisent des graines. Elle ne s’applique donc qu’aux espèces dont l’inflorescence dépasse la hauteur de la culture. La compétition s’étant déjà exercée sur la culture (on parle de nuisibilité primaire directe), l’écimage permet de limiter, d’une part, les risques de gènes à la récolte (nuisibilité primaire indirecte) et surtout le réensemencement de la parcelle (nuisibilité secondaire).
Se pose dès lors la question du stade d’intervention et du devenir des inflorescences une fois tombées au sol. Intervenir trop tôt, c’est risquer de ne faucher que les premières tiges qui émergent
Pour répondre à cette question, des échantillons de folles avoines et de ray-grass ont été prélevés sur quatre campagnes et triés par couleur (photo).

Une fois triées, les graines ont été mises en pot pour germination. Il en ressort que même les graines vertes germent à hauteur de 30

Des résultats à confirmer en ray-grass
Le même type de suivi à été réalisé sur ray-grass avec des tendances qui semblent similaires (figure 2). Néanmoins, le pourcentage d’épis atteints et atteignables semble plus limité que sur folle avoine car le ray-grass est moins haut et sont port plus souple (les épis se couchent devant la machine).

Des essais sont reconduits sur la campagne 2025 à travers l’ensemble de l’Hexagone pour évaluer l’intérêt de l’écimage sur les différentes graminées en fonction de l’époque mais aussi de l’agressivité de l’écimage (hauteur de coupe).
Les résultats seront présentés à l’automne.
Anticiper la suite pour ne pas se faire dépasser
En conclusion, l’écimage doit rester une mesure pompier et n’empêchera qu’en partie le salissement de la parcelle. Une gestion adaptée des parcelles sale devra être mise en place dès la récolte pour limiter une dégradation générale de la situation sur la région (labour, rotation avec culture de printemps, désherbage d’automne en un voire deux passages, etc.).
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