Les teneurs en phosphore sont a priori plus faibles dans les sols bio
Mis en place en 2021 par ARVALIS et ses partenaires, l’observatoire PhosphoBio a permis de dresser un état des lieux des teneurs en phosphore dans les parcelles cultivées en agriculture biologique (AB).

Fort de 201
Une campagne de prélèvement et d’analyses de terre a été réalisée au cours de l’hiver 2021-2022 par le laboratoire Auréa AgroSciences sur l’ensemble de ces parcelles, afin d’en caractériser la disponibilité du phosphore par la mesure du P
Des disparités selon la localisation géographique et la présence de calcaire
Les teneurs en P
Ces teneurs n’apparaissent impactées ni par l’ancienneté de conversion en AB, ni par la présence d’élevage sur l’exploitation, ni par l’occupation du sol (grandes cultures ou prairies permanentes). Une légère corrélation avec la présence de couverts végétaux a été relevée, mais elle s’expliquerait davantage par les pratiques des agriculteurs qui semblent apporter plus de fertilisants lorsqu’il y a des couverts, qu’à l’effet des couverts directement. Les teneurs en P
En revanche, on constate une disparité géographique avec des teneurs en P

¹BBDAT = base de données des analyses de terre
La distribution des teneurs en P
Les teneurs en P
Dans les quatre territoires étudiés, la distribution des teneurs en P
Des facteurs aggravants
L’écart pourrait s’expliquer par une difficulté en AB à compenser les quantités de phosphore exportées dans les produits récoltés par des apports de fertilisants. Ce phénomène est plus marqué qu’en conventionnel, en raison notamment du coût élevé des fertilisants utilisables en AB, qui contraint sans doute les agriculteurs bio à rationnaliser davantage les apports qu’en conventionnel. En effet, les données de l’observatoire PhosphoBio révèlent que les teneurs en P Olsen des sols sont significativement plus faibles dans les parcelles où les doses et la fréquence d’apport de fertilisants contenant du phosphore sont les plus basses.
Un déstockage de phosphore dans les situations peu ou pas fertilisées
Sur le bilan phosphore, les pratiques de l’observatoire se traduisent à la parcelle par un déstockage moyen de 15 kg de P2O5/ha/an dans les situations non fertilisées ou recevant seulement un apport en cinq ans. À l’inverse, le bilan moyen est de +24 kg de P2O5/ha/an dans les situations avec apports tous les ans ou quatre années sur cinq. Les situations intermédiaires sont proches de l’équilibre.
La nature des fertilisants influe également sur les bilans de phosphore. Les parcelles qui reçoivent des fientes de volailles ou différents fertilisants phosphatés (le plus souvent des fientes de volailles combinées en alternance soit avec du fumier, soit avec des Protéines Animales Transformées - PAT) présentent, en moyenne, des bilans positifs. À doses d’azote comparables, les parcelles recevant exclusivement du fumier ou des PAT présentent des bilans légèrement négatifs, mais significativement supérieurs aux parcelles n’ayant pas reçu d’apport de fertilisants au cours des cinq dernières années.
Vigilance dans les rotations avec légumineuses
Enfin, l’observatoire PhosphoBio met en évidence un risque de carence en phosphore plus marqué dans les rotations qui intègrent une proportion importante de légumineuses (figure 2). En effet, dans ces systèmes où la fourniture d’azote aux cultures repose principalement sur la fixation symbiotique par les légumineuses, les agriculteurs gèrent la nutrition azotée des cultures sans apport de fertilisants, ou avec des quantités limitées. Or, si les légumineuses peuvent se substituer à l’azote des fertilisants organiques utilisés en AB, elles ne remplacent pas le phosphore qu’ils contiennent aussi. Le risque de carence en phosphore est alors accentué, ce qui, potentiellement, peut entraîner une limitation de la croissance des légumineuses et à terme, remettre en cause l’autonomie en azote du système.

Cet état des lieux et la mise en place de l’observatoire ont été réalisés dans le cadre du projet PhosphoBio2, financé par le CASDAR.
2 ARVALIS, Auréa Agrosciences, Bordeaux Sciences Agro, les chambres d’Agriculture des Pays-de-la-Loire et de région Ile-de-France, CREABio et Inrae sont les partenaires techniques du projet PhosphoBio.
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