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Poitou-Charentes

Céréales à paille : décider d'un dernier tour d'eau au cas par cas

Stades hétérogènes, pluies variables depuis début mai, irrigations ayant parfois démarré relativement tôt, un à deux tours déjà réalisés, ou aucun,...Les situations hydriques sont très multiples dans notre région. Peut se poser la question de la rentabilité d'un ultime tour d'eau. Son déclenchement va dépendre de la situation à la parcelle. Voici quelques clés de raisonnement.

Canon d'irrigation dans du blé dur, en 2025, en Poitou-Charentes

Selon les espèces et le type de sol, une dernière irrigation peut être réalisée jusqu’à 15 à 25 jours après l’épiaison. Le tableau 1 rappelle les règles générales retenues pour savoir si un dernier tour d’eau peut être intéressant. La valorisation de celui-ci sera d’autant meilleure que le potentiel en place est élevé (ce qui est souvent le cas cette année) et que les feuilles sont en bon état pour accompagner le remplissage du grain.

Il est également important que la fertilisation azotée ait été ajustée pour accompagner le gain de rendement sans dégrader la teneur en protéines du grain à la récolte. Bien évidemment, ces décisions seront prises en tenant compte des volumes d’eau disponibles.

Tableau 1 : Arrêt des irrigations - Méthode du nombre de jours après épiaison
Tableau 1 : Arrêt des irrigations - Méthode du nombre de jours après épiaison
Voici des exemples de situations observables dans la région.
Figure 1 : Bilan hydrique d’un blé dur (Anvergur) semé au 24/10/24 en groie moyenne (Chaillé 17)
Figure 1 : Bilan hydrique d’un blé dur (Anvergur) semé au 24/10/24 en groie moyenne (Chaillé 17)
Aucune irrigation jusqu’à présent : malgré le déficit, le potentiel reste bon, un tour d’eau peut être envisagé si aucune pluie significative n’intervient cette fin de semaine.
Figure 2 : Bilan hydrique d’un blé dur (Anvergur) semé au 24/10/24 en groies moyenne - situation irriguée (Chaillé 17)
Figure 2 : Bilan hydrique d’un blé dur (Anvergur) semé au 24/10/24 en groies moyenne - situation irriguée (Chaillé 17)
Les deux irrigations réalisées (07/04/25 et 06/05/25) ont préservé un potentiel élevé. Si aucune pluie n’intervient en fin de semaine, un ultime tour d’eau peut se justifier.
Figure 3 : Bilan hydrique d’une orge de printemps (RGT Planet) semée au 21/01/24 en groie profonde (Magneraud 17)
Figure 3 : Bilan hydrique d’une orge de printemps (RGT Planet) semée au 21/01/24 en groie profonde (Magneraud 17)
Malgré une irrigation et un sol profond, une dernier tour d’eau peut être envisagé si aucune pluie n’intervient en fin de semaine.
Figure 4 : Bilan hydrique d’une orge de printemps (RGT Planet) semée au 20/11/24 en groie profonde (Magneraud 17)
Figure 4 : Bilan hydrique d’une orge de printemps (RGT Planet) semée au 20/11/24 en groie profonde (Magneraud 17)
Les deux irrigations réalisées ont permis de couvrir la consommation de la culture. La période d’irrigation sur cette orge de printemps semée à l’automne est terminée. Un tour d’eau supplémentaire ne serait pas rentabilisé.
Légende :
légende bilan hydrique

Stopper l’irrigation pendant la période de floraison

Dans les parcelles qui sont encore en période de floraison, il est fortement déconseillé d’irriguer afin d’éviter l’impact des maladies des épis, notamment pour les blés durs. Un dernier passage d’irrigation peut être envisagé lorsque les étamines ont chuté si la situation le justifie.

Pour limiter le risque de verse, la dose du dernier passage d’irrigation peut être un peu réduite et la buse du canon réduite pour limiter la puissance du jet en sortie de canon.

Carte 1 : Somme de pluie entre le 1er et le 18 mai 2025
Carte 1 : Somme de pluie entre le 1er et le 18 mai 2025
Avant même les orages de début de semaine, les cumuls depuis début mai varient selon les secteurs de 5 à plus de 60 mm, induisant des situations hydriques très hétérogènes.
Des stades très divers
Au-delà des espèces et des variétés, les dates de semis étalées se traduisent par une variabilité très importantes des stades. Si la majorité des blés sont aujourd’hui entre floraison et grain laiteux, certaines parcelles plus tardives sont en début floraison voire épiaison pour les blés durs semés tardivement. Côté orge d’hiver, toutes les situations ont aujourd’hui dépassé le stade grain laiteux. Pour les orges de printemps, les semis précoces ont dépassé le stade grain laiteux ; les plus tardifs atteignent la floraison.

Le tableau 2 illustrent cette variabilité pour des variétés représentatives des précocités moyennes de chaque espèce. Les variétés plus précoces ou à l’inverse plus tardives peuvent accentuer la variabilité de +/- 4 ou 5 jours.

Tableau 2 : Date d'apparition du stade grain laiteux en 2025 en fonction des localités et des dates de semis

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