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Champagne-Ardenne

Cécidomyies dans les blés : à surveiller en installant des cuvettes jaunes

Alors que le printemps a été très humide, soit favorable aux cécidomyies, les blés atteignent en majorité les stades sensibles (épiaison / floraison). La vigilance est donc de mise par un suivi de près des vols dans les parcelles avec des cuvettes jaunes.

Cécidomyie sur un épi de blé en Champagne-Ardenne

Stades sensibles / période d’attaque

La période sensible vis-à-vis des cécidomyies se situe entre épiaison et floraison des blés. L’humidité importante au sol est favorable à l’émergence des adultes. Le contexte pluvieux des dernières semaines écoulées est un facteur important de leur présence actuelle, en comparaison de ces dernières années moins favorables. Généralement en soirée, lorsque l’intensité lumineuse diminue, à la faveur de vents faibles (< 7 km/h) et de températures suffisantes (> 15°C), les adultes vont voler et les femelles vont pouvoir pondre dans les fleurs de blé. Les temps orageux sont très favorables aux vols.

Les dégâts sont par la suite provoqués par les larves de l’insecte qui se nourrissent des grains de blé en formation. Des essais dans la Marne avaient montré jusqu'à 5-10 q/ha de nuisibilité en cas de fortes attaques.

Cycle biologique et conditions propices

Pendant l’hiver, les cocons sont en « diapause » dans le sol. Les conditions de froid hivernal vont maximiser la reprise d’activité en sortie d’hiver : 70 à 110 jours avec des températures inférieures à 10°C. Si l’hiver est trop chaud, les larves restent en diapause pendant au moins un an, voire plus (attente de conditions hivernales favorables). Ce critère n’est donc pas limitant dans notre région en hiver (températures inférieures à 10°C). Ensuite, les conditions nécessaires à une sortie de diapause sont un cumul de 220 degrés-jours et des températures supérieures à 3°C.

La nymphose (passage des cocons aux stades de nymphe puis d’adulte) dure cinq semaines, si les niveaux de précipitations sont réunis pour humidifier les vingt-cinq premiers centimètres de sol, et d’autant plus favorables si la température de surface du sol s’élève rapidement (jusqu’à environ 13°C). Les averses et l’augmentation de la température de l’air permettent ensuite l’émergence des adultes. Ce critère dépend donc fortement des pluies du printemps, il est à noter que les dernières années ont été plutôt sèches en avril.

Les vols et fécondations des adultes, puis la ponte des femelles, vont avoir lieu pendant deux à six jours dans les conditions citées précédemment. Ensuite, l’éclosion des œufs va se produire (si les températures moyennes journalières sont supérieures à 15°C pendant au moins une semaine) et les larves vont se développer pendant deux à trois semaines.

Enfin, au moment de la récolte, les larves tombent des épis et retournent au sol, forment un cocon et entrent en diapause, en attente du prochain cycle de développement.

Le fait de ne pas avoir eu de fortes attaques de cécidomyies ces dernières années a tendance à faire baisser le niveau de risque.

Figure 1 : Cycle biologique de la cécidomyie orange
Figure 1 : Cycle biologique de la cécidomyie orange

Observations : la cuvette puis un passage en fin de journée pour décider

Figure 1 : Cycle biologique de la cécidomyie orangeL’observation est indispensable pour justifier d’une intervention. Placer une cuvette jaune de type "cuvette colza" de manière à ce que le bord supérieur de la cuvette soit positionné au niveau de la base des épis afin de ne pas attirer de trop loin les cécidomyies (photos). La cuvette est remplie d'eau additionnée de dix à vingt gouttes de détergent "type liquide vaisselle" ; ce dernier permet de mieux noyer les insectes.

La cuvette est installée à 10-15 m du bord de la parcelle, quelques jours avant l'épiaison. Des relevés de la cuvette sont effectués tous les deux jours jusqu'à la première capture de cécidomyies. Ensuite, ils se font tous les matins.

Si vous n’avez pas encore posé la cuvette jaune, n’hésitez pas à regarder les toiles d’araignées : des cécidomyies peuvent s’y trouver piégées, cela peut donc être aussi un indicateur de présence de l’insecte.

Le seuil de risque est atteint à partir de 10 captures par 24 heures (ou 20 captures par 48 heures).

Dans ce cas, il est nécessaire d’aller observer les parcelles en fin de journée pour décider ou non de l’intervention, si un vol de cécidomyies est en cours.

Positionner le traitement le soir au moment du vol

La résistance variétale est le levier le plus efficace pour lutter contre la cécidomyie orange en cas de forte infestation. Ces variétés ne nécessitent pas de surveillance, ni traitement (Tableau 1). Dans des parcelles et/ou zones touchées par le passé, l’utilisation de variétés résistantes est recommandée. La résistance est possible grâce à la production d’une toxine par la plante (antibiose), inhibant le développement des jeunes larves de cécidomyie orange. Une autre forme de résistance existe (antixénose), mais certes moins efficace : épis peu stimulants pour la ponte ou sécrétion de composés répulsifs.

Tableau 1 : Variétés résistantes aux cécidomyies orange
Tableau 1 : Variétés résistantes aux cécidomyies orange

La lutte chimique (tableau 2) est à réaliser lorsque le seuil d’intervention est dépassé. L'objectif du traitement est de lutter contre les femelles avant la ponte. L'adulte ne se nourrit pas de la plante et ne peut donc pas s'intoxiquer par ingestion du végétal traité, mais seulement par contact avec l'insecticide.

L'efficacité par contact est d'autant plus performante que l'insecte est présent au moment du traitement. Un insecticide appliqué avant le vol a une efficacité très partielle uniquement par contact tarsique (pattes). Le meilleur positionnement se situe sur insectes en activité de ponte sur les épis, souvent le soir. Il est donc très important en cas de traitement sur une variété sensible. Vu la petite taille de ces moucherons, il est nécessaire de maintenir un volume de bouille élevée.

Les insectes arrivant dans les trois jours après le traitement ne seront que partiellement éliminés. Passé ce délai, un renouvellement de l'insecticide est nécessaire en cas de nouveau vol important. A savoir que le produit n'atteint pas les œufs et les larves, protégés par les glumes.

Tableau 2 : Insecticides autorises sur cécidomyies des fleurs du blé en végétation
Tableau 2 : Insecticides autorises sur cécidomyies des fleurs du blé en végétation

(Source « Choisir & Décider 2022  - Céréales à paille - Interventions de printemps »)

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