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Bretagne

Carence en soufre sur céréales : privilégier des apports avant 2 nœuds

Les parcelles de céréales les plus à risque sont actuellement sujettes à des carences en soufre. En cas de diagnostic avéré, il est possible de réaliser un apport correctif pour limiter les pertes de rendement. A positionner idéalement avant le stade 2 nœuds. Au-delà, l’efficacité est plus incertaine.

Carence en soufre sur blé en Bretagne

Une campagne 2024 douce et pluvieuse à risque

La campagne 2023/2024 est atypique en raison de son extrême douceur, ce qui a pu potentiellement augmenter la minéralisation du soufre des matières organiques. Néanmoins, les cumuls de pluviométrie importants et continus depuis l’automne, et tout particulièrement sur les deux derniers mois, février et mars, ont favorisé la percolation de l’eau et des éléments mobiles dans l’eau comme l’azote ou encore le soufre. D’autant plus si le sol est caillouteux, filtrant, superficiel et/ou sans apports fréquents d’effluents d’élevage.

Ce début de campagne est également pluvieux, sauf en février, mois très sec qui a permis de freiner partiellement la percolation de l’eau, de ressuyer le sol et l’hydromorphie des parcelles. Cette année se rapproche davantage de 2001 (record de pluviométrie) sur cette même période, avec des pluies récurrentes.

Figure 1 : Cinétique de la percolation de l’eau depuis l’automne à Coray (29) dans un sol de limon sur schiste tendre (modéliser par le modèle CHN)

Figure 1 : Cinétique de la percolation de l’eau depuis l’automne à Coray (29) dans un sol de limon sur schiste tendre (modéliser par le modèle CHN)

La campagne 2024 n’est pas l’année record, mais se positionne en 3e place derrière 2001 et 2014.

Les enjeux sur le rendement

La gravité de la carence en terme d’impact sur le rendement dépend de la précocité des symptômes. Les pertes vont de 2 à 5 q/ha dans la plupart des cas, voire 10 q/ha à plus de 20 q/ha dans les cas très graves.

Sur 13 essais menés en Bretagne depuis 1989, 3 essais ont montré un gain de 4-5 q/ha avec un apport de soufre à épi 1 cm. Le reste des essais présentaient un gain autour de 1 à 2 q/ha, la moyenne était à + 1,5 q/ha.

Des symptômes apparus à 1-2 nœuds avec peu de régression de tiges sera moins impactantes qu’une carence présente depuis épi 1 cm, avec une réduction du nombre de tiges visibles et de la fertilité d’épis (exemple : à Rots (14) en 2014, avec une carence précoce engendrant 8 à 19 q/ha de perte).

Identifier les carences au champ

Actuellement, les parcelles bretonnes sont en pleine montaison, en moyenne autour de 2 nœuds, avec des conditions poussantes en lien avec les excès thermiques et des biomasses importantes (hors cas de parcelles hydromorphes), amenant à des besoins importants de la plante en soufre. Les bonnes valorisations des apports d’azote avec une nutrition azotée correcte des cultures (valorisation des apports par les pluies récurrentes de mars) ont tendance à exacerber les symptômes de carence en soufre.

Les carences en soufre se manifestent généralement en foyers, (comme beaucoup de carences) de plus ou moins grandes tailles en début-courant de montaison. A ne pas confondre avec des effets par exemple variétaux (variété avec des stries plus marquées sur les dernières feuilles) qui sont homogènes sur la parcelle. 

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Foyers de carence en soufre

Au niveau de la plante, le nombre de tiges qui montent à épi est réduit, la plante est également plus petite (photo de droite ci-dessous).

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Les jeunes feuilles (les dernières feuilles sorties en haut de la plante) ont un aspect vert pâle avec des symptômes de stries vert clair à jaune (photo de gauche ci-dessus). Pour les carences en azote, ce sont les vieilles feuilles (celles du bas) qui jaunissent en première.

Corriger avant 2 nœuds, passé 2 nœuds, le résultat est plus incertain…

Jusqu’à quand corriger ?

Idéalement, dans les situations à risque, des apports préventifs permettent d’éviter les carences en soufre. Dans les cas d’apports correctifs liés à l’apparition de symptômes, les corrections avant 2 nœuds permettent de limiter les pertes de rendement.

Après 2 nœuds, le résultat est plus incertain. En cas de carences graves, des apports jusqu’à 2 nœuds – dernière feuille sont possibles, mais la correction sera partielle.

Quelles doses apporter ?

Cibler un apport de 40 kg de SO3/ha avant 2 nœuds soit au sol ou en pulvérisation foliaire (solution de sulfate d’ammoniaque ou soufre élémentaire micronisé).

Quelles formes d’engrais ?

Avant 2 nœuds, la forme d’engrais n’influence pas l’efficacité. Le choix doit donc se porter sur la forme la moins onéreuse (généralement les engrais apportés au sol).

Vigilance sur le calcul de la dose : certaines formes (foliaires notamment) sont exprimées en soufre élémentaire et non en SO3. Pour convertir S en SO3, il faut multiplier par 2,5 : teneur SO3 = teneur S x 2,5.

A retenir 

Une année douce et pluvieuse à risque 

- Malgré une minéralisation du soufre liée aux températures excédentaires, les excès de pluies favorisent la lixiviation du soufre.
- Les parcelles filtrantes, caillouteuses, sans apports réguliers de PRO sont davantage à risque.

Bien identifier les symptômes pour confirmer la carence en soufre 
- Foyers dans la parcelle.
- Jeunes feuilles en haut de la plante vert pâle avec des stries jaune-vert clair.
- Plantes plus courtes et réduction de tiges dans les cas graves.

Corriger idéalement avant 2 nœuds avec 40 kg SO3/ha
- Après 2 nœuds, la correction est possible, mais le résultat incertain.
- Les formes d’engrais en pulvérisation foliaire ou au sol sont équivalentes.
- Vigilance sur le calcul de la dose pour les produits exprimés en S et non en SO3 (1 kg SO3 = 0,4 kg S).

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