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Poitou-Charentes

Blés : c'est le moment d'estimer le risque fusarioses des épis

Avec un inoculum initial élevé suite aux conditions humides rencontrées courant montaison, deux facteurs se cumulent actuellement en faveur de la fusariose : un stade floraison atteint en majorité cette semaine et des prévisions de pluie. Il devient impératif d’estimer au préalable le risque à la parcelle pour décider si un traitement spécifique anti-fusarioses est nécessaire ou non.

Fusariose sur épi de blé en Poitou-Charentes

Identifier le stade floraison

L’apparition de la floraison survient, aussi bien pour les blés durs que pour les blés tendres quatre à huit jours après épiaison. Le délai entre les deux stades est très court quand les températures sont élevées, plus long en cas de températures fraîches. Les prévisions pour les dix prochains jours indiquent des températures modérées qui devraient se traduire par un écart épiaison/floraison de six à sept jours environ.

Tableau 1 : Prévisions du stade floraison selon la date de semis, la variété et l’observation de l’épiaison

Tableau 1 : Prévisions du stade floraison selon la date de semis, la variété et l’observation de l’épiaison

Evaluer le risque a priori 

L’observation a posteriori est inutile : en effet, en présence de symptômes, les traitements (trop tardifs) sont inefficaces. Les grilles de risque (figures 1 à 4) permettent d’évaluer la situation. Celle-ci est dépendante de la pluviométrie autour de la floraison, du potentiel infectieux du sol (précédent cultural et enfouissement ou non des résidus de récolte) et de la sensibilité variétale.

La pluviométrie attendue autour de la floraison dépasse les 10 mm dans la majorité des situations et dans certains cas, de beaucoup plus.

Carte 1 : Somme de pluies entre le 1er avril et le 3 mai 2023

Carte 1 : Somme de pluies entre le 1er avril et le 3 mai 2023

 

Les recommandations suivantes peuvent donc être appliquées pour affiner le risque.

En blé tendre

  • Les parcelles concernées par un précédent maïs ou sorgho implanté sans labour ou avec résidus en surface, devront s’acquitter d’un traitement à floraison, quelle que soit la sensibilité variétale.
  • Les parcelles ayant ce même précédent mais avec labour ou résidus enfouis s’acquitteront d’un traitement uniquement sur variétés sensible (note < 3,5).
  • Les parcelles concernées par un précédent différent d’un maïs ou sorgho seront ciblées par un traitement uniquement sur variétés sensibles (note < 3,5) et en cas de pluviométrie supérieure à 40 mm autour de la floraison (+/- 7 jours).

En blé dur

Les parcelles ont souvent été peu touchées par les maladies foliaires, induisant peu de protection (peu de rouille brune jusqu’à maintenant observée). Les conditions pluvieuses décrites plus haut imposent un traitement dans les prochains jours.

Voici quelques propositions de traitement possible :

  • Kestrel 0,5 – 0,75 l/ha
  • Prosaro 0,6 – 0,8 l/ha
  • Prothioconazole 100 g + metconazole 40 g

Figure 1 :  Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain lié aux fusarioses des épis sur blé tendre

Figure 1 :  Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain lié aux fusarioses sur épi sur blé tendre


1 et 2 : Le risque fusariose est minimum et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON. Pas de traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses quelles que soient les conditions climatiques.
3 : Le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible. Traiter spécifiquement vis-à-vis des fusarioses en cas de climat humide (cumul de pluie > 40 mm pendant la période entourant la floraison).
4 et 5 : Il est préférable d’implanter une variété moins sensible ou de réaliser un labour pour revenir à un niveau de risque inférieur. A défaut, effectuer un broyage le plus fin possible et une incorporation des résidus rapidement après la récolte. Pour ces deux niveaux de risque, envisager un traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, sauf si le climat est très sec pendant la période de floraison (cumul de pluie < 10 mm pendant les +/- 7 jours entourant la floraison).
6 et 7 : Modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Labourer ou réaliser un broyage le plus fin possible des résidus de culture avec une incorporation rapidement après la récolte sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre solution. Choisir une variété peu sensible aux fusarioses. Traiter systématiquement avec un traitement* anti-fusarium efficace.

 

Figure 2 : Sensibilité des variétés de blé tendre au risque DON* (F.graminearum) - échelle 2022/2023

Figure 2 : Sensibilité des variétés de blé tendre au risque DON* (fusariose graminearum) - échelle 2022/2023

 

Figure 3 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain lié aux fusarioses des épis en blé dur

Figure 3 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain lié aux fusarioses sur épi en blé dur

 

Risque a : l’impasse de traitement floraison est envisageable en année à risque climatique très faible (sécheresse prolongée autour de la floraison). Le risque est minimum et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON.
Risques b et c : le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible ou en améliorant la finesse de broyage des résidus du précédent. Il est indispensable de mettre en œuvre une protection robuste en situation à risque moyen à élevé et d’envisager son renforcement si l’année est pluvieuse durant la floraison.
Risques d, e et f : nous vous conseillons de modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Modifier votre rotation ou labourer sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre. À défaut, réaliser un broyage complémentaire du broyage sous bec et une incorporation rapide des éléments fins après récolte.

 

Figure 4 : Classement des variétés de blé dur par rapport aux mycotoxines DON
Synthèse pluriannuelle nationale (2005-2021)

Figure 4 : Classement des variétés de blé dur par rapport aux mycotoxines DON  Synthèse pluriannuelle nationale (2005-2021)

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