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Poitou-Charentes

Perturbation climatique : comment optimiser le désherbage des céréales par la suite ?

Ces deux dernières semaines ont été marquées par une pluviométrie importante, perturbation qui devrait encore perdurer dans les prochains jours. Ces conditions rendent difficiles les applications herbicides et sont propices au transfert des substances actives vers les semences et les racines, et donc aux risques de phytotoxicité. Lors de la reprise des interventions, il faudra prendre certaines précautions.

désherbage en prélevée

Des conditions actuellement défavorables

Pour les parcelles déjà semées et non désherbées, vent et pluies rendent impossibles toute intervention. Une intervention de postlevée précoce sera à prévoir après ressuyage en privilégiant des stades jeunes des adventices.

Figure 1 : Offre climatique en octobre 2023 – Le Magneraud (17)
Figure 1 : Offre climatique en octobre 2023 – Le Magneraud (17)

Pour les parcelles précoces ayant été désherbées au semis, les conditions sont favorables à la phytotoxicité : en effet, en présence de substances actives à sélectivité de position (pendiméthaline, flufénacet, prosulfocarbe), les fortes pluies et/ou la présence de graines en surface vont favoriser le contact rapide entre l’herbicide et la semence, conduisant à une perte de sélectivité. Concernant les substances actives d’automne à sélectivité par détoxification (chlortoluron, prosulfocarbe, flufénacet), c’est l’état végétatif de la plante (mauvaise implantation, températures basses…) qui conditionne la sélectivité.

Rappel des conditions d’application des produits racinaires

Le facteur prédominant de la réussite, c’est l’humidité du sol ! En second, les amplitudes thermiques réduites et l’absence de précipitations très importantes dans les deux jours après le traitement sont favorables à une meilleure sélectivité des applications. On sera également attentif à l’absence de gel dans les jours suivant l’application.

C’est bien l’eau présente dans le sol qui permet de transporter les produits jusqu’aux racines ou graines en germination. Un sol humide est donc indispensable pour une efficacité optimale. C’est le cas de substances actives comme le chlortoluron ou le prosulfocarbe. En cas d’utilisation de chlortoluron, bien vérifier que les variétés de blé sont tolérantes.

Prosulfocarbe, de nouvelles règles à appliquer 
A partir du 1er novembre 2023, une Distance de Sécurité vis-à-vis des Riverains et des personnes présentes de 20 mètres doit être respectée pour des applications de prosulfocarbe. Cette distance est réductible à 10 m à condition d’utiliser des buses homologuées antidérive à 90 % (résultats d’efficacité ci-dessous).
Par ailleurs, le stade d’application limite et la dose ont été revus à la baisse (plus possible de traiter au-delà de 3 feuilles de la culture) et la dose est revue à 3 l/ha pour toutes les céréales à paille. En plus des buses antidérive homologuées, des distances de sécurité sont toujours à respecter avec les plantes non-cibles à proximité des parcelles à désherber.

Globalement, les mêmes constats pour les produits foliaires racinaires

Avec ce type de produit, il faut chercher les conditions favorables à une pénétration rapide à travers la cuticule des plantes : forte hygrométrie (> 60-70 %), températures clémentes (5 à 25°C), absence de vent et un sol humide.

Attention aux mélanges de produits
Utilisez  l’outil ARVALIS pour savoir si votre mélange est autorisé.

Vent trop important, j’y vais ou je n’y vais pas ?

La réglementation interdit de traiter avec un vent supérieur à 19 km/h. Cependant, dès 10 km/h, une dérive importante de produit existe. Dans ce cas, les conditions d’application ne sont plus optimales en l’état et il convient de reporter son traitement si possible. Si, malgré un vent de 10 km/h, il n’est pas possible de décaler son intervention, alors l'utilisation des buses à injection d'air est primordiale !

Les produits racinaires sont peu sensibles à la qualité de pulvérisation : il est donc tout à fait possible d’utiliser des buses à injection d’air sans affecter l’efficacité même avec un volume de bouillie modéré.

Pour les produits foliaires, deux cas sont possibles :

  • En cas d’utilisation de produit systémique, il est possible d’utiliser des buses peu sensibles à la dérive (injection d’air) et de réduire le volume de bouillie sans affecter l’efficacité des traitements (jusqu’à 80 l/ha pour des cibles étroites correspondant par exemple à des stades très jeunes d’adventices).
  • En revanche, avec les produits de contact, l’utilisation de buses à injection d’air est possible à condition qu'elle ne soit pas accompagnée d’une application à des volumes trop faibles (150 l/ha minimum). C’est notamment le cas pour les insecticides pour lutter contre les ravageurs aériens d’automne (pucerons, cicadelles).

Figure 2 : Effet du type de buse et du volume de bouillie sur l’efficacité du désherbage (mesuré en % de biovolume de ray-grass en moins pour une application de prosulfocarbe) - note du 1er juin 2021 - test Anova à 5 % non significative
Figure 2 : Effet du type de buse et du volume de bouillie sur l’efficacité du désherbage (mesuré en % de biovolume de ray-grass en moins pour une application de prosulfocarbe) - note du 1er juin 2021 - test Anova à 5 % non significative

XR : Buse de référence (fente classique basse pression) - Buses à injection d’air CVI, ID et TTI, respectivement homologuées à 66 %, 75 % et 90 %

On peut voir que l’utilisation de buses à forte anti-dérive, à 90 %, ne diminue en rien l’efficacité du désherbage d’automne racinaire, quel que soit le volume de bouillie appliqué, et restent efficaces.

Retrouvez les préconisations plus complètes au sujet du désherbage en région Ouest dans le guide régional Choisir & Décider - Désherbage des céréales à paille.

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