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Floraison des blés : des conditions météo peu propices aux fusarioses

La floraison des blés tendres va se dérouler dans les 2 prochaines semaines en région Centre, le sud de l’Île-de-France et l’Auvergne. La pluie à cette période est le principal facteur de risque de contamination des épis par les fusarioses. Hormis quelques orages possibles, pour les 10 jours à venir, les conditions météo annoncées sont plutôt sèches. Petit rappel des outils de diagnostic et de protection des épis dans les situations à risque.

épis de blé tendre en floraison

A l’approche de la floraison, il convient d’évaluer son risque parcellaire vis-à-vis des fusarioses : précédent, sensibilité variétale, précipitations locales. En cas de risque avéré, il faudra choisir une protection efficace pour lutter contre les fusarioses. Cette protection pourra également tenir compte des maladies du feuillage encore présentes (relais à la protection dernière feuille) ou arrivées tardivement sur les cultures : septoriose, rouille jaune et rouille brune.

Evaluer son risque parcellaire en Fusarium graminearum

Concernant le risque Fusarium graminearum, et donc celui d’accumuler des mycotoxines DON dans les grains, indépendamment de la quantité de pluies autour de la floraison, toutes les parcelles ne présentent pas le même risque agronomique. Il est donc nécessaire de l’évaluer en vue de décider d’une intervention.

Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)
Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (Fusarium graminearum)

La grille blé tendre estime le risque de 1 (risque DON le plus faible), à 7 (risque DON le plus fort). Une variété est dite sensible si sa note d’accumulation en DON est inférieure ou égale à 3.5 et elle est dite peu sensible si cette note est supérieure à 5,5. T = parcelles conseillées au traitement.

Figure 2 : Echelle 2023-2024 de sensibilité des variétés de blé tendre à l’accumulation de mycotoxines DON (produites par Fusarium graminearum)
Figure 2 : Echelle 2023-2024 de sensibilité des variétés de blé tendre à l’accumulation de mycotoxines DON (produites par Fusarium graminearum)

Microdochium et Fusarium : deux vecteurs de fusarioses aux effets différents

Si des facteurs agronomiques peuvent influer sur le risque Fusarium graminearum (précédent, travail du sol, sensibilité variétale), il n’en est rien pour les Michrodochium spp. Seules les conditions météo au moment de la floraison semblent déterminer le risque Michrodochium. Il n’existe pas de classement variétal.

Des températures élevées (19 à 29°C) au moment de la contamination favorisent Fusarium graminearum qui peut entraîner la production de mycotoxines (DON), alors que des températures basses (12 à 21°C) favorisent plutôt Microdochium spp. Ces deux champignons peuvent avoir un effet important sur le rendement. Fusarium graminearum peut également avoir un effet sur plusieurs paramètres de la qualité des grains.

Pour rappel, depuis le 1er juillet 2024, le taux maximal de DON autorisé sur blé a été abaissé à 1000 µg/kg de grains bruts.

A noter que cette année, les températures annoncées devraient permettre le développement d’une flore mixte, à la condition d’avoir des pluies significatives autour de la floraison.

Le T3, l’occasion d’un relai rouilles ?

En lien avec la présence de rosées matinales, la pression en rouille jaune est toujours présente sur certains secteurs sur variétés sensibles. En cas de risque rouille jaune et éventuellement de rouille brune, il conviendra de choisir un produit efficace sur la ou les cibles visées.

En cas de risque avéré, choisir un fongicide efficace, appliqué au bon stade et dans de bonnes conditions

Prosaro et Kestrel, qui associent le prothioconazole et le tébuconazole, sont les produits les plus efficaces pour contrôler à la fois Fusarium graminearum et Microdochium spp. Dans les situations à risque élevé, il faut viser plutôt des doses de 0,8 à 1 l/ha pour assurer à la fois un bon niveau de protection fusariose et une prise en compte efficace de la septoriose et des rouilles.

Quel que soit le produit, l’efficacité maximale sur fusariose (50 à 60 % pour les meilleurs produits) est atteinte quand les conditions suivantes sont respectées :

  • Stade : intervention à la sortie des premières étamines.
  • Volume d’eau : minimum de 150 l/ha quelles que soient les buses utilisées. Nos essais ont montré que le volume de bouillie est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants pour un bon recouvrement de l’épi.

En cas de rouilles uniquement et intervention nécessaire, il est possible de se limiter à une triazole et/ou une strobilurine en tenant compte des substances déjà appliquées (viser l’alternance).

Tableau 1 : Efficacité des spécialités autorisées sur blé contre les maladies d’épis et du feuillage
Tableau 1 : Efficacité des spécialités autorisées sur blé contre les maladies d’épis et du feuillage
En blé dur, le traitement à floraison est indispensable pour assurer une bonne qualité technologique et sanitaire

Le blé dur est plus sensible aux fusarioses que le blé tendre et le risque d’accumulation de mycotoxines y est plus élevé. Depuis le 1er juillet 2024, la teneur maximale en DON pour le blé dur est fixée à 1500 µg/kg de grains bruts. Pour cette espèce, il est donc important de limiter au maximum le cumul des facteurs aboutissant à des risques élevés (limiter les précédents maïs ou sorgho, gérer finement les résidus et choisir une variété moins sensible à l’accumulation de DON). Une fois la culture implantée, la protection fongicide à floraison pourra encore diminuer ce risque. Néanmoins, les meilleures protections fongicides ne dépassent pas 60 % d’efficacité.

Pour en savoir plus, consultez notre guide de préconisations régionales « Choisir & Décider – Blé tendre – Interventions de printemps ».

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