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Champagne-Ardenne

Orges de printemps : retour sur la campagne 2023

La campagne des orges de printemps s’est achevée de manière satisfaisante, avec des rendements supérieurs à 75 q/ha en moyenne, malgré une certaine hétérogénéité au sein de la plaine. Les teneurs en protéines se sont révélées plutôt correctes, dans les critères du cahier des charges des orges brassicoles. Ces résultats s’expliquent principalement par de bonnes conditions d’implantation et une pluviométrie non limitante au printemps, maximisant la densité d’épis, composante essentielle au rendement de cette culture. Les poids de mille grains et calibrages, certes en retrait, n’ont pas renversé le potentiel de l’année.

Récolte d’orge de printemps en 2023 en Champagne-Ardenne

Des conditions de semis et de levées idéales

Les semis des orges de printemps se sont principalement échelonnés entre le début et la fin du mois de février, plage plus précoce qu’habituellement (figure 1), sur des sols humides mais correctement ressuyés. Les températures relativement douces ont ensuite favorisé des levées homogènes.

Figure 1 : Pluviométrie journalière – Station météo de Fagnières (51)
Figure 1 : Pluviométrie journalière – Station météo de Fagnières (51)

Les apports d’azote réalisés au semis ont pu être valorisés de façon idéale, grâce aux sols humectés et à l’abondance des pluies dès début mars. Les seconds apports ont quant à eux été valorisés de façon optimale, grâce aux conditions pluvieuses tout au long du mois. Au stade épi 1 cm, le tallage et la biomasse végétale étaient élevés par rapport à ce qui est habituellement observé : 2,6 tiges à plus de 3 feuilles par plante (figure 2), ce qui est supérieur de 50 % à la moyenne sur dix ans, et 2,2 t MS/ha ont été mesurés dans les essais ARVALIS (en Craie et en sols profonds au sud de Dijon).

Figure 2 : Tallage des orges de printemps sur le réseau régional ARVALIS
Figure n°2 : Tallage des orges de printemps sur le réseau régional ARVALIS

Des conditions printanières pluvieuses

Le printemps a été caractérisé par une pluviométrie très marquée, avec des cumuls de pluie allant de 150 voire plus de 200 mm entre le 1er mars et mi-mai (figures 3 et 4). Le stade épi 1 cm moyen a été atteint vers le 26 avril, tandis que le stade épiaison est arrivé autour du 27 mai : la montaison des orges de printemps a donc duré 32 jours, chiffre dans la moyenne des dix dernières années.

Figure 3 : Pluviométrie de mars à mi-mai 2023
Figures n°3a et 3b : Pluviométrie de mars à mi-mai 2023

Figure 4 : Pluviométrie et positionnement des stades épi 1 cm (E1C) et épiaison – Réseau régional ARVALIS
Figure n°4 : Pluviométrie et positionnement des stades épi 1 cm (E1C) et épiaison – Réseau régional ARVALIS

Cette pluviométrie marquée, associée à la bonne valorisation des apports d’azote précédemment citée, ainsi qu’une durée de montaison dans la moyenne, ont été très favorables à la bonne montée à épi. La densité épis est une composante qui compte pour 40 % dans l’élaboration du rendement des orges de printemps : avec une moyenne de 990 épis/m² en Craie dans les essais ARVALIS (+10 % par rapport à la moyenne sur dix ans), elle a donc permis d’assurer un bon potentiel de rendement (figure 5).  A noter : la densité épis centrée sur la moyenne dans un essai dans la Somme, expliquée par une date de semis plus tardive (début mars) et une densité de semis sans doute limitante.

Figure 5 : Densité épis des orges de printemps sur le réseau régional ARVALIS
Figure n°5 : Densité épis des orges de printemps sur le réseau régional ARVALIS

La fertilité des épis, caractérisée par 20 grains/épi en moyenne en Craie, a été relativement bonne, grâce à un rayonnement favorable dès mi-mai. Associée au nombre d’épis/m² élevé précédemment cité, la fertilité globale du nombre de grains/m² a été très bonne sur la campagne, en hausse de 22 % par rapport à la moyenne sur dix ans.

Les conditions pluvieuses ont cependant favorisé le développement des maladies, en particulier la rhynchosporiose. A noter que l’année 2023 a présenté une pression maladies davantage marquée par rapport aux dix dernières années.

Une fin de cycle chaude sur la durée

La première phase de remplissage des orges de printemps s’est déroulée sous des températures relativement chaudes et échaudantes (+ de 10 jours avec T°C max > 25°C, voire 30°C) : au-delà des valeurs de températures, c’est principalement leur étalement durant toute cette phase de remplissage qui s’est révélée impactante (figure 6). Les évapotranspirations (ETP), également élevées sur cette durée, en lien avec des réserves hydriques déficitaires dès fin mai-début juin, ont contribué à la mauvaise dynamique de début de remplissage.

Figure 6 : Températures journalières maximales et ETP entre le 20 mai et le 7 juillet 2023 – Station météo Fagnières (51)
Figure n°6 : Températures journalières maximales et ETP entre le 20 mai et le 7 juillet 2023 – Station météo Fagnières [51]

Malgré une accalmie en début de seconde phase de remplissage, pour laquelle les températures et les ETP étaient moins élevées, les derniers jours de remplissage ont eu lieu dans des conditions similaires à la première phase (figure 6). Les PMG (poids de mille grains) finaux mesurés sur notre réseau sont entre 40 et 45 g, en retrait d’environ 10 % par rapport à la moyenne sur dix ans (figure 7). Les calibrages sont donc globalement en retrait également (-15 % par rapport à la moyenne sur dix ans), tout en présentant une certaine variabilité, entre 80 et 90 %. La taille et poids de ces grains sont également à mettre en lien avec le nombre de grains/m² exceptionnel de l’année.

Figure 7 : Cinétique de remplissage des orges de printemps – Réseau régional ARVALIS
Figure n°7 : Cinétique de remplissage des orges de printemps – Réseau régional ARVALIS

Bilan des composantes et qualité des orges de printemps

Les cumuls de pluie enregistrés au printemps ont permis d’assurer une très bonne densité épis, maximisant également le nombre de grains/m². Le potentiel de rendement a donc été maximisé dès le début du cycle, bien que les conditions climatiques de fin de cycle n’aient pas optimisé le remplissage des grains. La campagne s’est donc caractérisée par de bons rendements mais des grains relativement petits, pouvant expliquer ces hétérogénéités dans la plaine. Les teneurs en protéines, autour de 10 et 10,5 %, sont correctes et répondent aux exigences du cahier des charges brassicoles. Les rendements relativement élevés ont permis une dilution de la protéine dans les grains (concentration de l’azote dans les grains moins élevée, compte tenu des niveaux de rendements). 

Tableau 1 : Impacts des conditions climatiques sur différentes composantes, avec comparaison par rapport au pluriannuel
Tableau 1 : Impacts des conditions climatiques sur différentes composantes, avec comparaison par rapport au pluriannuel

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