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Bretagne

Quels  impacts du stress hydrique sur les maïs ?

La Bretagne, à l’instar de beaucoup de régions françaises, a connu plusieurs vagues de chaleur qui n’ont pas toujours été associées à des pluies significatives. L’impact sur le maïs dépend du stade et de l’intensité du stress.

maïs en stress hydrique autour de la floraison

En Bretagne, les fortes chaleurs de fin juin ont augmenté l’évapotranspiration des maïs, sans être compensées par les pluies. De fait, le déficit hydrique est bien installé, mais d’intensité variable dans le territoire. L’Ille-et-Vilaine et l’est du Morbihan sont les secteurs les plus impactés avec des stress plus importants que 2022 pour le moment. Des orages autour du 20 juin en 2022 avaient en effet permis de remplir le sol en eau, ce qui n’est pas le cas en 2025. Résultat, le déficit hydrique s’accumule depuis la mi-juin 2025 alors qu’en 2022, il avait débuté début juillet (figure 1).

Figure 1 : Etat de la réserve en eau du sol en 2025 et 2022 par rapport à la médiane 20 ans - limon sur schiste tendre à 125 mm de réservoir utilisable à Billy (35)

Figure 1 : Etat de la réserve en eau du sol en 2025 et 2022 par rapport à la médiane 20 ans - limon sur schiste tendre à 125 mm de réservoir utilisable à Billy (35)
Lorsque la courbe descend en dessous du RFU (réservoir facilement utilisable), le déficit hydrique commence à s’accumuler.

Carte 1 : Cumul de précipitations entre le 1er mai et le 6 juillet pour 2025 (à gauche) et 2022 (à droite)

Carte 2 : Cumul de P-ETP (pluies moins évapotranspiration) entre le 1er mai et le 6 juillet pour 2025 (à gauche) et 2022 (à droite)

Carte 2 : Cumul de P-ETP (pluies moins évapotranspiration) entre le 1er mai et le 6 juillet pour 2025 (à gauche) et 2022 (à droite)
L’écart de cumul P-ETP traduit de manière simplifiée l’état de confort hydrique des maïs. Le déficit hydrique dépend également du stade de la culture et de la profondeur de sol (Réservoir utilisable), ce qui n’est pas pris en compte dans ces cartes.

Stress hydrique avant 10 feuilles : impact réversible

Sur le terrain, les symptômes de stress hydrique sont fortement variables en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan selon le potentiel de sol (voire les dates de semis) : sol superficiel-caillouteux avec des symptômes de stress depuis plusieurs jours vs sol profond qui ne montre pas encore de stress marqué.

Le premier symptôme visible est l’enroulement des feuilles, accompagné d’un dessèchement précoce et progressif des feuilles du bas de la plante. C’est un mécanisme de protection de la plante qui ferme ses stomates pour limiter sa transpiration. La photosynthèse est alors réduite avec un ralentissement du développement (l’émission de nouvelles feuilles) et de la croissance (indice foliaire et appareil racinaire). Cela explique cette année le petit gabarit des maïs qui avancent en stade mais restent peu couvrants. La surface verte reste toutefois fonctionnelle pour assurer la croissance au retour de la pluie.

Si le stress ne perdure pas au-delà de 10 feuilles, à condition que la levée soit homogène et régulière, l’impact est généralement réversible et sera sans conséquence sur le rendement. Néanmoins, dans plusieurs secteurs bretons, le stade 10F est passé avec un déficit hydrique toujours présent.

Stress hydrique entre 10F et floraison : le nombre de grains potentiel impacté

À partir de la transition florale (10-12 feuilles), les premières couronnes de l’épi se mettent en place et vont s’empiler jusqu’à la floraison. À ce stade, le stress hydrique impacte le nombre de rangs et le nombre d’ovules par rang.

Lire aussi : « Maïs en avance : bien repérer la date de floraison »

Stress hydrique à floraison et après : fort impact sur la fécondation et l’avortement des grains

C’est à la floraison que l’impact du stress hydrique est le plus élevé : ralentissement de la sortie des soies, période et quantité d’émission du pollen réduites avec des pénalités sur le nombre de grains fécondés.

En l’absence d’irrigation, avec la sécheresse de mai-juin, le nombre de grains sera pénalisé. Un retour des pluies et de bonnes conditions de remplissage pourront atténuer l’impact du climat actuel et compenser au moins en partie les conséquences sur le rendement.

En situations d’irrigation possible : irriguer en priorité entre 13-15 feuilles et le SLAG (stade limite d’avortement des grains). Pour le peu de parcelles bretonnes disposant de l’irrigation, il est conseillé, dans la mesure du possible, de faire des tours d’eau plus fréquents et moins importants : mieux vaut quatre tours d’eau à 30 mm que trois tours d’eau à 40 mm.

Il faudra être attentif à l’état des maïs trois semaines après la floraison femelle pour adapter la conduite et optimiser la date d’ensilage (à 32 % MS et surtout pas au-delà de 35 % MS).

Les fortes températures de juin n’ont pas d’impact direct, mais creuse le déficit hydrique

Avant la floraison, le maïs peut supporter des températures allant jusqu’à 38 degrés sans conséquence irréversible, même si des brulures en bout de feuilles peuvent apparaitre. Mais dès 36°C, la température devient excédentaire pour la plante et, comme le manque d’eau, cause un ralentissement de la croissance. En Bretagne, les températures excédentaires de juin ont eu lieu sur des maïs autour de 10F sans impact direct, mais cela augmente l’ETP et creuse le déficit hydrique.

A partir du début floraison, la sensibilité aux températures élevées s’accroit. Au-delà de 36°C, la quantité et la qualité du pollen sont affectées, et la période de floraison de la panicule est réduite. Les conséquences possibles dépendent aussi de l’alimentation en eau car la transpiration permet à la plante de réguler sa température. Les hybrides ont des quantités de pollen élevées qui limitent généralement l’impact des stress thermiques en dehors de tout stress hydrique concomitant. En revanche, les maïs spéciaux comme le maïs semences y sont plus sensibles.

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