Décaler la date de semis sur les parcelles à risque graminées : un levier indispensable

Détruire le maximum de graminées avant l’implantation de la culture 

Réaliser des faux-semis

Les conditions sèches et chaudes observées cette année en juin au moment de la maturation du vulpin sont a priori favorables à une faible dormance des graines.  Attention tout de même, cette non-dormance ne concerne que les graines produites cette année mais pas le stock semencier historique, très conséquent. Les observations dans les parcelles de colza ont d’ailleurs montré des levées précoces et conséquentes de graminées.

Le faux-semis demande une préparation fine, superficielle et retassée en surface, avec un matériel adapté, pour établir un bon contact sol-graine et pour garder l’humidité du sol. Il ne doit pas être confondu avec une action de préparation de sol ou de destruction des adventices levées. Il faut a minima une dizaine de jours entre la réalisation du faux-semis et le semis.

Tableau 1 : Faux-semis : quel outil choisir ? ARVALIS

Le premier objectif à viser est de semer sur un sol propre. L’itinéraire mis en œuvre durant l’interculture doit permettre d’épuiser le stock semencier, de détruire les adventices présentes et d’empêcher la production de graines, d’épuiser, voire de détruire, les vivaces, pas toujours faciles à gérer sur les cultures. Afin de valoriser les quelques mm de pluies qui tombent à cette saison, rappuyer le sol en surface pour favoriser la levée des adventices. L’orientation vers des implantations en semis direct visant à limiter les levées d’adventices peut également être une voie pour limiter la pression des graminées.

Pour plus d’informations, consultez la vidéo :

Retarder la date de semis

Des essais réalisés depuis de nombreuses années et reconduits récemment ne cessent de démontrer l’intérêt de retarder la date de semis du blé ou de l’orge pour limiter la levée des graminées adventices et des vulpins en particulier dans la culture à l’automne : décaler de 15 à 20 jours les semis par rapport à un semis le 1^er octobre réduit la population de vulpins d’environ 50 %. Les essais plus récents ont également permis de relativiser la possible perte de rendement liée à cette pratique. En effet, les automnes doux favorables au développement et les variétés plus souples en termes de dates de semis permettent de limiter ces potentielles pertes.

Dans la majorité des situations, un semis du 20 octobre reste dans la fourchette de recommandation des dates de semis. Dans tous les cas, l’idée n’est pas forcément de décaler les dates de semis sur toute l’exploitation mais de se focaliser sur les parcelles les plus infestées. Cette pratique présente de plus l’avantage de réduire la pression des ravageurs d’automne.

Voici une illustration, en photos, de cette pratique réalisée à l’occasion du Colloque Objectif Cultures Propres de Corcelles les Cîteaux (21) le 11 mai 2023 : en technique culturale simplifiée avec un semis de blé du 12 octobre contre un semis du 31 octobre.

Identifier le bon compromis date de semis / variétés

En blé tendre

Le décalage de la date de semis sera d’autant mieux valorisé que la variété de blé retenue n’est pas implantée au-delà de la fin de sa plage optimale. Les conditions d’implantation sont également importantes pour garantir une bonne qualité de semis.

Tableau 2 : Plages de dates de semis des variétés de blés les plus cultivées dans la région (non exhaustif)

( ) nouveautés 2023 à confirmer

En orges d’hiver

Du côté des orges d’hiver, espèce moins souple vis-à-vis de la date de semis, éviter de semer au-delà du 25 octobre. Néanmoins, le réchauffement climatique engendre des hivers moins froids en tendance, avec une diminution de trois à cinq jours de gel par décennie permettant une plus grande souplesse pour les dates de semis des orges.

En cas de parcelle fort infestée, mieux vaut semer de l’orge de printemps plutôt que de persister à vouloir faire de l’orge d’hiver sans pouvoir décaler les dates de semis.

Tableau 3 : Plages de dates de semis des variétés d’orges les plus cultivées dans la région

EN MAJUSCULES : 6 rangs, en minuscules : 2 rangs – Brassicoles en gras
*Variétés tolérantes à la jaunisse nanisante

Article rédigé par les partenaires de « Objectif Cultures Propres » (OCP) Bourgogne-Franche-Comté : CHAVASSIEUX Diane et Léa BOUNHOURE (ARVALIS), BAROT Jean-François (Soufflet Agriculture), BOUCHIE Jean Michel (Axereal), LACHMANN Alexandre (Bourgogne du Sud), CHOPARD Patrick (CA39), COURBET Emeric (CA70), DEHER Dimitri (CA21), DELATTRE Marc (Columa Vegephyl), DERELLE Damien (SeineYonne), FLAMAND Romain (SAS Bresson), GELOEN Michael (Terres Inovia), GUITTARD Jean Michel (Terre Comtoise), KOEHL Philippe (Interval), LACHAUD Dominique (SAS Ruzé), LOISEAU Marie-Agnès (CA89), MIMEAU Mickael (Alliance BFC), VILLARD Antoine (CA71) et ZAMBOTTO Cédric (CA58).