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Bourgogne-Franche-Comté

Blé tendre : quelles sont les prévisions des modèles maladies ?

En blé tendre, les stades épi 1 cm sont en avance, impliquant de démarrer plus tôt la surveillance des maladies. Voici le point sur le niveau de risque en sortie d’hiver 2024 pour le piétin-verse, la rouille jaune et la septoriose.

Une femme observe une plante de blé au stade épi 1 cm

Un climat chaud et humide

Depuis les semis, la température moyenne sur la station de Dijon (21) est excédentaire de 2°C par rapport à la moyenne des vingt dernières années. En cumul, on est au niveau du maximum, soit 250°C de plus que la médiane. Du côté des pluies, on est aussi au niveau des années les plus humides (entre le décile 8 et le maximum des vingt dernières années), avec 375 mm de cumul entre le 5 octobre 2023 et le 18 mars 2024.

Figure 1 : Positionnement de l’année 2024 en termes de cumuls de pluie et de températures sur la période 10 octobre - 10 mars –  station de Dijon (21) – Analyse fréquentielle 2004-2023

Figure 1 : Positionnement de l’année 2024 en termes de cumuls de pluie et de températures sur la période 10 octobre - 10 mars –  station de Dijon (21) – Analyse fréquentielle 2004-2023

Source : Météo France

Ce climat, en moyenne chaud et humide depuis le semis, a provoqué une avancée du stade épi 1 cm, de l’ordre de dix jours par rapport à la médiane des vingt dernières années, classant la campagne 2024 comme parmi l’une des plus précoces pour l’instant.

Piétin-verse : un risque climatique fort à relativiser

En cette fin d’hiver, le potentiel de risque climatique pour les parcelles semées à des dates classiques est fort vis-à-vis du piétin-verse, et assez semblable à l’année haute 2001 (tableau 1 et figures 2 et 3). Cela s’explique par la douceur exceptionnelle des mois d’octobre, novembre et décembre 2023, suivis d’un mois de février 2024 humide et doux, avec de nombreuses contaminations. Par ailleurs, pour les semis tardifs, le potentiel estimé est faible à moyen.

Cependant, ce modèle n’indique qu’une potentialité climatique de développement du piétin-verse. Il est calibré en considérant que l’inoculum n’est pas limitant. Cette maladie fréquente du blé s’est faite plutôt discrète ces dernières années, ne laissant que peu d’inoculum dans les parcelles. Alors que le risque est largement déterminé par les critères agronomiques de la parcelle. En 2023, on a pu observer un développement tardif de la maladie, peu fréquent et avec une nuisibilité faible à moyenne.

Le risque climatique TOP doit donc être complété sur le plan agronomique par la prise en compte du potentiel infectieux de la parcelle (culture précédente et travail du sol) et du niveau de résistance variétale au piétin-verse (figure 2).

Figure 2 : Grille nationale d'évaluation du risque piétin-verse – ARVALIS

Figure 2 : Grille nationale d'évaluation du risque piétin-verse – ARVALIS

Tableau 1 : Note de risque climatique du piétin-verse, d’après l’indice du modèle TOP, pour un semis au 15 octobre 2023 et pour différentes stations de Bourgogne-Franche-Comté

Tableau 1 : Note de risque climatique du piétin-verse, d’après l’indice du modèle TOP, pour un semis au 15/10/2023 et pour différentes stations en Bourgogne-Franche-Comté

Figure 3 : Exemple d’indice de risque climatique pour un semis au 15 octobre à Dijon, d’après le modèle TOP
Figure 3 : Exemple d’indice de risque climatique pour un semis au 15/10 à Dijon, d’après le modèle TOP

Contre le piétin-verse, la résistance variétale est un levier agronomique incontournable ! En plus d’être le plus efficace, c’est le moyen de lutte le plus économique à potentiel de rendement équivalent. Si la note CTPS de la variété est supérieure ou égale à 5, aucune intervention sur cette maladie n’est nécessaire (ex. : LG Absalon, KWS Ultim, RGT Montecarlo…). Certaines de ces variétés sont porteuses du gène de résistance PCH1.

Figure 4 : Echelle de résistance des variétés de blé tendre au piétin-verse

Figure 4 : Echelle de résistance au piétin-verse

Rouille jaune : un risque faible sur variétés sensibles

La sensibilité variétale est un élément prépondérant dans l’estimation du risque rouille jaune. Or, une grande majorité de variétés cultivées sont peu sensibles (note de 7 et plus : Chevignon, Fructidor, KWS Extase, KWS Ultim, Rubisko, Winner…). Elles ne présentent donc aucun risque avant le stade 2 nœuds.

Pour les variétés sensibles (note inférieure ou égale à 6 : LG Absalon, Celebrity, Complice, Prestance...), l’analyse de risque débute à partir du stade épi 1 cm. A ce stade, un traitement est possible uniquement si des pustules pulvérulentes sont observées.

Figure 5 : Classement de résistance à la rouille jaune des différentes variétés de blé tendre

Figure 5 : Classement de résistance à la rouille jaune des différentes variétés de blé tendre

Le modèle CRUSTY d’ARVALIS prend en compte la date de semis, la sensibilité variétale et de nombreuses variables climatiques pour estimer la probabilité d’apparition de la rouille jaune. A ce jour, sur la région, le risque est relativement faible sur variétés sensibles. Il est bien plus faible en 2024 que l’année de référence haute, 2014, et comparable à 2023. En effet, même si les conditions douces et humides de cet hiver sont favorables au développement de la maladie, la période estivale avec des températures très élevées a limité la survie de l’inoculum. De plus, les périodes de gel en janvier ont freiné le niveau de risque.

Cependant, la vigilance reste de mise et les conditions climatiques dans le mois à venir seront déterminantes : il ne faut pas hésiter à aller observer dans les parcelles avec la remontée des températures, sur les variétés les plus sensibles.

Septoriose : un inoculum de sortie d’hiver non limitant

Le niveau d’inoculum de septoriose estimé par le modèle Septo-LIS® est, à ce jour, plus important que les deux dernières campagnes, surtout dans le nord de l’Yonne. Cela provient de contaminations hivernales en lien avec une pluviométrie et une douceur marquée en novembre et décembre. Le retour des précipitations depuis début février est également favorable.

Pour les semis retardés au 20 novembre, le niveau d’inoculum septoriose estimé par le modèle Septo-LIS® est logiquement plus faible.

Pour autant, ce sont les conditions climatiques rencontrées à partir de maintenant pour les régions les plus avancées en stade qui aboutiront à un scénario d’attaque précoce ou non, l’inoculum septoriose étant rarement limitant. Les conditions climatiques entre le stade 2 nœuds (au moment où la F2 définitive pointe) et la floraison sont déterminantes sur la nuisibilité finale de cette maladie.

Figure 6 : Classement de résistance à la septoriose des différentes variétés de blé tendre

Figure 6 : Classement de résistance à la septoriose des différentes variétés de blé tendre

Actuellement, les symptômes de septoriose restent cantonnés aux feuilles du bas (Photo).

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KWS Ultim, Brazey-en-Plaine (21), plateforme variétés blé tendre d'hiver, le 8/03/2024

Pour rappel, sur septoriose, l’impasse du premier traitement à 2 nœuds devient la règle sur les variétés avec une note septoriose supérieure ou égale à 6,5 (tableau 2), comme sur LG Absalon, Chevignon, Intensity, Junior, KWS Sphère, KWS Extase, Winner ou Prestance. En situation à risque de développement précoce de septoriose, on préfèrera recourir à ces variétés pour éviter un traitement.

Tableau 2 : Stratégie de lutte contre la septoriose selon la présence de rouille jaune

Tableau 2 : Stratégie de lutte contre la septoriose selon la présence de rouille jaune

Seules certaines situations nécessitent un premier traitement : celles où Septo-LIS® indique un développement précoce de septoriose sur des variétés sensibles avec une note inférieure à 6,5 comme Complice, KWS Ultim, Providence, Talendor, Unik ou SY Admiration. Dans ce cas, les triazoles sont proposées, de préférence associées à un produit de contact (ex. : soufre ou folpel) pour renforcer leur efficacité sur septoriose et limiter le risque de résistance.

Le Bulletin de Santé du Végétal : une information hebdomadaire pour déclencher une intervention 

Chaque semaine, le BSV est édité sous la responsabilité de la Chambre d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté.

Pour les céréales à paille, il est rédigé par ARVALIS  et les Chambres d’agriculture de Bourgogne Franche-Comté à partir des observations réalisées par : 110 BOURGOGNE - SAS BRESSON - AMDIS - AXEREAL - BOURGOGNE DU SUD - CA21 - CIA 25 90 - CA39 - CA58 - CA70 - CA71 - CA 89 - DIJON CEREALES - EPLEFPA Vesoul - Ets LEGUY - Ets RUZE - FAIVRE SAS - FREDON BFC - GIROUX SAS - ALTERNATIVE - LYCEE AGRICOLE QUETIGNY - MOULIN JACQUOT - MINOTERIE GAY - GIROUX SAS - INTERVAL - KRYSOP - SEINE YONNE - SEPAC CAMPAGRI - SOUFFLET AGRICULTURE - TEOL - TERRE COMTOISE - YNOVAE. Toutes les semaines, les observateurs évaluent sur une parcelle la présence des ravageurs ou des maladies sur les principales cultures de la région. Il synthétise les stades des cultures, les maladies et parasites.

Ce dispositif vous permet d’être informé en temps réel et de conforter vos observations dans les parcelles pour mieux adapter votre calendrier de traitement.

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