Articles et actus techniques
Nord

Désherbage du maïs : adapter sa stratégie à la flore visée

A la faveur des conditions globalement sèches observées en avril, les semis de maïs ont pu avancer rapidement, de nombreuses parcelles en grain comme en fourrage sont déjà emblavées. Toutefois, il n’a pas toujours été possible de désherber en prélevée. Par conséquent, quelle stratégie adopter pour maîtriser la flore adventice ?

Une plaque d'adventices dans une parcelle de maïs

Les stratégies de désherbage chimique

Pour déterminer la stratégie à mettre en œuvre, la première question à se poser est le type de flore attendu sur la parcelle.

Parcelles avec graminées (notamment ray-grass et vulpins)

Le ray-grass, habituellement inféodé aux cultures d’automne, n’épargne désormais plus les cultures de printemps, dont le maïs. La difficulté réside dans sa capacité à germer sur une large période de l’année. Le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs n’est globalement pas très performant vis-à-vis du ray-grass et repose (depuis le retrait du S-moc) sur le Dmta-p. Les programmes de désherbage sont conditionnés par l’utilisation de produits racinaires appliqués tôt. Ainsi, la prélevée nous semble indispensable (tableau 1).

Tableau 1 : Quelques exemples de solutions herbicides de prélevée sur maïs
Tableau 1 : Quelques exemples de solutions herbicides de prélevée sur maïs

1 SPe1 - Pour protéger les eaux souterraines, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant de l'isoxaflutole ou du cyprosulfamide plus d'une fois tous les deux ans.

Ensuite, il faudra surveiller attentivement les relevées et se mettre en mesure de réintervenir dès l’émergence de très jeunes graminées. En effet, il existe peu de possibilités de rattrapage en postlevée foliaire (tableau 2) et les produits disponibles reposent tous sur des modes d’action exposés à la sélection de ray-grass résistants (groupes HRAC 1 et 2).

Tableau 2 : Exemples de solutions de postlevée, 4 à 6 feuilles du maïs pour le 2e passage - produit, dose/ha - Privilégier une base de foramsulfuron
Tableau 2 : Exemples de solutions de postlevée, 4 à 6 feuilles du maïs pour le 2e passage – produit, dose/ha

Ne pas dépasser 75 g de foramsulfuron/ha/an (contrainte LMR).

Parcelles avec peu de graminées : stratégie avec prélevée sans chloroacétamide

Lorsque les densités de graminées sont faibles à modérées, inférieures à 20 plantes par m², il n’est pas nécessaire de recourir à un chloroacétamide (ex. : Isard, Successor 600, Dakota). D’autres produits racinaires, à base d’isoxaflutole (type Adengo Xtra ou Merlin Flexx) ou de pendiméthaline (Atic Aqua), constitueront une base de prélevée généralement suffisante.

Pour le rattrapage de postlevée, le choix se basera sur la flore dicotylédone présente et les relevées de graminées.

Parcelles avec peu de graminées : stratégie en postlevée

Pour plusieurs raisons : levée rapide, absence de pluviométrie, concurrence avec d’autres chantiers, les interventions chimiques de prélevée (du maïs) pourront se reporter sur de la postlevée. Néanmoins, il faut avoir en tête que plus les adventices seront jeunes et plus l’efficacité sera au rendez-vous. L’efficacité des herbicides foliaires est également très dépendante des conditions d‘application. Pour l’optimiser, il convient d’intervenir sur des adventices jeunes (moins de 3 F) avec une hygrométrie importante (supérieure à 65 %) pour assurer une bonne pénétration et des conditions poussantes.

Tableau 3 : Quelques propositions de programmes en postlevée du maïs

Liste non exhaustive, doses à adapter au stade des adventices et aux conditions climatiques le jour de l'intervention.
1 Mésotrione : si formulation WG, ajouter un adjuvant.
2 Calaris : à partir du stade 3 feuilles étalées - restriction 1 an sur 3.
3 Monsoon Active pas possible si Adengo Xtra appliqué l’année précédente (Spe 1 Adengo Xtra : « Pour protéger les eaux souterraines, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant de l'isoxaflutole ou du cyprosulfamide plus d'une fois tous les 2 ans. »)
4 Non fractionnable, 1 seule application par an.

Quid des stratégies mixtes (mécanique + chimique)

Celles-ci sont bien adaptées à un contexte de flore adventice modérée. Elles peuvent se décliner selon deux scénarios.

En moyenne, derrière un premier désherbage chimique, deux binages sont nécessaires pour maintenir une efficacité globale satisfaisante. Toutefois, un seul passage de bineuse peut suffire lorsque les conditions sont favorables : très bonne efficacité du binage, maïs poussant qui recouvre très rapidement l’inter-rang à la suite du dernier passage, limitant les relevées tardives. A contrario, les années défavorables peuvent nécessiter trois passages de bineuse (voire davantage) : temps pluvieux après binage, maïs peu poussant tardant à recouvrir l’inter-rang, relevées nombreuses.

Un passage de herse à l’aveugle en pré-semis ou en prélevée peut également être intéressant sur flore graminées modérée (ray-grass, voire panic sétaire digitaire (PSD) si le semis n’est pas trop précoce) : il exerce un premier faux-semis et permet de grouper les levées qui suivront et de renforcer ainsi l’efficacité des passages suivants. Ce passage de herse contribue également très avantageusement à maintenir la propreté sur le rang (ce qui n’est pas possible de faire avec le binage).

En termes de performance, ces stratégies mixtes ont un coût proche d’une stratégie de référence pré puis post chimique : elles permettent de réduire les quantités de produits herbicides utilisées mais augmentent le nombre de passages et demande une plus grande réactivité d’intervention.

Scénario 1 : Passage chimique précoce en plein rattrapé par des binages
Scénario 1 : Passage chimique précoce en plein rattrapé par des binages
Scénario 2 : Passage chimique précoce en localisé sur le rang rattrapé par des binages
Scénario 2 : Passage chimique précoce en localisé sur le rang rattrapé par des binages

Pour une efficacité optimale du désherbage mécanique, que ce soit par binage, herse étrille ou houe rotative, il est important de réaliser ces interventions pendant une période séchante avec 4 à 5 jours sans pluie minimum après l’intervention.

En cas de pression graminées (ray-grass, vulpins ou PSD), miser sur un premier passage en prélevée ou post très précoce (2-3F du maïs) avant la levée des adventices. Dans cette situation, l’usage de chloroacétamides est indispensable, avec une base dmta-p. En cas de conditions sèches, l’efficacité des produits racinaires peut-être diminuée.

Pour les parcelles présentant peu ou pas de graminées, d’autres solutions racinaires et/ou foliaires existent et permettent de diversifier les modes d’actions de manière à limiter le développement des adventices résistantes et de préserver les solutions mobilisant les chloroacétamides.

Eviter à tout prix le stade pointant du maïs pour les désherbages chimiques.

Pour consulter l’ensemble des programmes/situations de désherbage, consultez le guide régional Choisir et Décider maïs 2025.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.