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Accidents des cultures - Reconnaître les carences et intoxications sur maïs

A partir du stade 3-4 feuilles, la plante de maïs ne dépend plus des réserves du grain, c’est donc le moment où des troubles liés à des carences peuvent se manifester. Identifier ces carences permet d’entreprendre de possibles apports correctifs pour minimiser leur impact sur le rendement. Encore faut-il faire le bon diagnostic ! La cause principale d’une carence peut en effet être masquée par des troubles liés au climat, l’agronomie, ou des déséquilibres alimentaires. Les symptômes peuvent aussi être variables selon les variétés.

Accidents physico-chimiques du maïs : les clés pour les reconnaître

Les besoins du maïs pour chacun des éléments majeurs, que sont l'azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K), varient au cours de son cycle de manière spécifique. Pour exemple, l’azote est essentiel pour la production de biomasse. Son absorption est importante entre le stade 8-10 feuilles et le stade brunissement des soies, elle est maximale à la floraison. L’absorption du potassium suit la construction de l’appareil végétatif, et celle de phosphore est régulière tout au long du cycle mais les besoins instantanés sont beaucoup plus faibles.

Les oligoéléments ont aussi un rôle important dans le développement du maïs, mais sont absorbés à des quantités très faibles : de l’ordre de 1 kg/ha de manganèse par exemple (tableau 1). Cependant, s’ils viennent à manquer, cela devient alors un facteur limitant pour la croissance et la production de la culture.

Tableau 1 : Prélèvements du maïs grain des éléments auxquels il est le plus sensible

Plusieurs causes possibles des carences

Les plantes carencées en un ou plusieurs oligoéléments présentent des symptômes souvent caractéristiques tels qu’une décoloration des feuilles, un blanchissement du cornet, des anomalies de croissance (plante rabougrie ou déformée, mort des points de croissance…).

Les analyses de sol donnent la teneur des éléments nutritifs facilement assimilables, donc potentiellement disponibles pour la plante via la solution du sol. Il est souvent intéressant d’y avoir recours pour bien comprendre l’origine de la carence et ainsi différencier une carence vraie (présence insuffisante de l’oligoélément dans le milieu) d’une carence induite. Cette dernière se traduit par une assimilation insuffisante de l’élément par la plante due aux caractéristiques physico-chimiques du sol (pH, texture, humidité, taux de matière organique…) ou du climat (excès d’eau…). Les carences les plus fréquemment observées (zinc, manganèse) sont souvent induites.

Les pratiques agricoles influencent également la disponibilité des éléments mineurs, les deux pratiques ayant les plus forts impacts sont le drainage et le chaulage. En augmentant le pH par le chaulage par exemple, la disponibilité du molybdène (Mo) augmente. Au contraire, la disponibilité de plusieurs autres éléments mineurs (zinc, cuivre, manganèse, bore et fer) diminuent, surtout à des pH supérieurs à 6,8. Ainsi, le pH peut être un indicateur de risque potentiel de carence.

L’objectif de la fertilisation est de satisfaire les besoins nutritionnels de la plante en complétant l’offre du sol en éléments minéraux. L’entretien et la correction passent par des apports au sol plutôt qu’en végétation, sauf pour le manganèse pour lequel l’apport foliaire est le seul efficace.

Comment reconnaître les accidents du maïs ?

La reconnaissance des accidents du maïs reposent sur un bon diagnostic. Ce dernier se base sur trois étapes :

  • connaître l’itinéraire technique et le passé cultural de la parcelle,
  • observer le stade de développement de la culture et la répartition des symptômes,
  • réaliser le diagnostic par la description des symptômes.

Les différents accidents nutritionnels observables sur le maïs sont : 

La carence en azote

L’azote est, avec l’eau, l’un des principaux facteurs de production du maïs. Les carences en azote sont rares en culture conventionnelle. Elles peuvent être le fait d’une difficulté temporaire d’alimentation en eau, qui permet le transfert de l’azote à la plante, ou bien, de la concurrence des adventices mobilisant l’azote disponible au détriment de la culture. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en azote (N).

La carence en manganèse

Cette carence est observée sur des sols originellement acides, sableux ou limoneux, dont le pH a été exagérément relevé. On la rencontre aussi dans des sols meubles riches en Matières Organiques et/ou riches en calcaire actif, de pH > 8, avec une structure soufflée de la couche travaillée.

Le manganèse devient très soluble lorsque le pH eau est inférieur à 5,5 et que les conditions de sol sont réductrices. Or cet élément devient toxique lorsque sa concentration dans la solution du sol dépasse 4 ppm (µg/kg). Ainsi, cette toxicité a plus de chance de se produire dans les sols acides mal drainés. A l’inverse, la solubilité du manganèse est plus faible dans les sols au drainage excessif comme les sols sableux grossiers. Cette carence peut aussi être induite en présence de nématodes. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en manganèse (Mn).

La carence en magnésium

Cette carence peu répandue, aggravée par l’acidité (pH inférieur à 5,5), provoque des baisses de rendement variables, très exceptionnellement importantes. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en magnésium (Mg).

La carence en phosphore

La carence vraie en phosphore est très rare. Elle ne doit pas être confondue avec la pseudo-carence ou carence induite. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en phosphore (P).

La carence induite en phosphore

Cette carence, à ne pas confondre avec la carence vraie, est fréquente. Elle résulte d’une difficulté des plantes à s’alimenter en phosphore pourtant présent dans le sol. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Pseudo carence en phosphore.

La carence en potassium

Cette carence apparaît dans les sols à faible disponibilité du potassium, non ou peu fertilisés. Par ailleurs, les rotations avec des cultures dont la totalité des parties aériennes est exportée (maïs fourrage, prairie fauchée, céréale à pailles enlevées) ou des retournements de très vieilles prairies non entretenues sont un facteur de risque supplémentaire. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en potassium (K).

La carence en soufre

Cette carence est inféodée aux sols sableux. Elle est reconnaissable par un aspect jaunâtre du maïs concernant plus particulièrement les feuilles les plus jeunes. Ce jaunissement se caractérise par une décoloration internervaire plus prononcée à la base du limbe. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en soufre (S).

La carence en zinc

Le zinc intervient dans la régulation du métabolisme de la plante. Les carences vraies sont rares. Par contre, les pseudo-carences sont fréquentes en sols sableux ou en limons battants, les années à printemps frais et humides. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en zinc (Zn).

Tableau 2 : Ne pas confondre la carence en zinc avec des problèmes de phytotoxicité

L’intoxication ammoniacale

Cette intoxication est la conséquence d’une absorption intense d’azote ammoniacale par les plantules de maïs. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Intoxication ammoniacale.

La carence en bore

Une carence en bore peut avoir de graves conséquences sur la production, mais elle est très rarement observée. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Carence en bore (B).

Tableau 3 : Ne pas confondre la carence en bore avec des attaques de ravageurs

L’excès de bore

Problème rare, observé lors de la localisation d’engrais starter (microgranulé) contenant du bore dans la ligne de semis. Pour en savoir plus, retrouvez la fiche ARVALIS Excès de bore (B).

Tableau 4 : Récapitulatif des symptômes observés pour les différents accidents physico-chimiques du maïs

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