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Fertilisation : évaluer le risque de carence en soufre

Diagnostiquer un risque de carence en soufre c’est possible. La quantité de sulfate disponible pour la culture en place dépend du type de sol, du passé de fertilisation organique, de la pluviosité hivernale, et de l’apport de soufre sur le précédent.

Carence en soufre : quel niveau de risque sur ma parcelle ?

Le soufre a un comportement similaire à celui de l’azote dans le sol. La forme minérale (forme sulfate) est sensible au lessivage, et les fournitures du sol sont étroitement liées au climat de l’automne et de l’hiver, et à la minéralisation des matières organiques au printemps.

Les symptômes d’une carence en soufre apparaissent généralement à partir de fin tallage/début montaison et se caractérisent par la présence de foyers vert pâle au sein de la parcelle. Les dernières feuilles sont vert pâles avec la présence de stries jaunes ou vert clair le long des nervures. Attention cependant, les symptômes visuels ne s’extériorisent pas toujours en cas de déficience.

Une carence en soufre a pour effet de diminuer le nombre d’épis au mètre carré et la fertilité des épis. Les pertes vont de 2 à plus de 10 q/ha dans la plupart des cas, jusqu’à 20 q/ha pour les carences sévères. La nuisibilité d’une carence en soufre est assez faible si elle est corrigée dès l’apparition des symptômes ou avant le stade 2 noeuds par un apport de 20 à 40 kg/ha de SO3.

La disponibilité en soufre dépend de quatre critères

Une solution pour prévenir tout risque de carence consiste à apporter 30 à 50 kg/ha de SO3 au plus proche du stade épi 1 cm. Cependant, l’apport systématique de soufre sur céréales n’est pas rentable dans les situations où le risque de déficience est faible. Afin d’éviter des apports inutiles, une grille de décision est disponible (Tableau 1). Elle permet de déterminer l’opportunité d’un apport de soufre et, lorsque celui-ci est nécessaire, d’en moduler la dose entre 20 et 50 kg SO3/ha.

Les règles de décision se fondent sur quatre critères : le type de sol, le passé de fertilisation organique, la pluviosité hivernale et l’apport de soufre sur le précédent. Ces quatre critères permettent d’évaluer la quantité de soufre minéral présent dans le sol sous forme de sulfate disponible pour la culture. Celui-ci provient, d’une part, du reliquat de soufre sulfate en sortie d’hiver et, d’autre part, de la minéralisation du soufre organique au cours du printemps.

Comme pour l’azote, le reliquat de soufre sulfate représente la part non lessivée issue de la minéralisation au cours de l’automne précédent, ainsi que le soufre minéral présent dans le sol à la récolte de la culture précédente. L’apport de soufre est inutile dans les parcelles recevant des apports réguliers de fumier depuis plus de 20 ans, sauf en cas d’hiver très pluvieux dans les sols à risque élevé.

Tableau 1 : Grilles de décision d’un apport de soufre sur céréales et de printemps pour les situations sans apports réguliers de fumier depuis 20 ans


Sur céréales de printemps, réduire la dose de 20 kg SO3/ha compte tenu des besoins moins importants.

Des risques élevés de carence dans des sols superficiels filtrants

Le type de sol intervient à la fois par sa sensibilité aux pertes par lessivage et par la vitesse de minéralisation du soufre qui lui est propre. Les sols superficiels filtrants à faible réserve eau, et/ou à minéralisation faible (sables, argilo-calcaires superficiels, craie) présentent le risque de carence le plus élevé et l’apport systématique y est préconisé en toutes régions. À l’opposé, dans les sols à risque faible (sols profonds limono-argileux ou argileux), les apports ne sont préconisés qu’après un hiver très pluvieux.

Plus de sulfate lessivé en cas de forte pluviosité hivernale

En effet, une pluviosité importante durant l’hiver augmente sensiblement les pertes de sulfate par lessivage. 20 ans de suivi réalisé sur des terres de groies moyennes (120 mm de réserve utile) en Charente-Maritime, l’ont clairement démontré. Pour une pluviosité inférieure à 300 mm du 1er octobre au 1er mars, le lessivage a été quasiment nul alors que la totalité du stock de sulfate, de l’ordre de 60 kg SO3/ha, était lessivée pour des pluviosités supérieures à 550 mm.

Des outils pour confirmer le diagnostic

Le reliquat de soufre minéral peut être mesuré en sortie d’hiver sur le même prélèvement de terre que celui destiné à la mesure du reliquat d’azote. Mais en l’absence de méthode du bilan pour le soufre, l’utilisation de ce reliquat pour calculer une dose d’apport de soufre reste difficile. Toutefois un reliquat sulfate très faible peut constituer un indice supplémentaire d’estimation d’un risque élevé suite à un hiver pluvieux. 

Des indicateurs plantes sont aujourd’hui disponibles pour diagnostiquer une carence en soufre, à l’instar de la méthode NUTRICHEK®. Cette méthode se fonde sur le dosage du sulfate dans le jus de la base de tige au stade 2 noeuds pour décider d’un éventuel apport. L’inconvénient est que ce diagnostic est un peu tardif pour corriger suffisamment tôt une carence en soufre.

Le test malate-sulfate largement développé en Angleterre est basé sur la relation étroite entre l’anion organique malate et le sulfate, qui sont présents dans les tissus foliaires. Le test peut être interprété sur la même valeur-seuil du tallage à la fin de la montaison. C’est le seul indicateur sur plante permettant un diagnostic à un stade suffisamment précoce pour intervenir le cas échéant.

Il est également possible de réaliser un diagnostic foliaire à la floraison pour évaluer l’état de nutrition soufrée des céréales. Bien que cet indicateur soit le plus ancien référencé dans les essais, il ne peut être utilisé pour corriger une carence en soufre sur la culture en cours car le diagnostic est trop tardif.

Consultez les Fiches Accidents céréales à paille pour tout savoir sur les principales carences rencontrées dans les parcelles.

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