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Centre-Val de Loire

Pommes de terre : comment reconnaître les différentes causes des nécroses en végétation ?

Mildiou, brûlures d’azote, alternaria, carences… de nombreuses remontées de nécroses et symptômes sur feuille et tiges sont visibles dans la plaine. Essayons de voir les principales sources et les risques de confusion.

Parcelle de pomme de terre en végétation

Le mildiou de la pomme de terre, causé par l’oomycète Phytophthora infestans, est sûrement la maladie la plus connue et la plus crainte en culture de pomme de terre. Elle attaque toutes les parties de la plante et les tubercules. Elle se développe par temps humide et tempéré, avec un optimum de températures de 15-20°C et une humidité de 100 % dans le feuillage (soit 87 % enregistré par une station météo). Les attaques aériennes sont possibles dès qu’il y a du feuillage (de la levée jusqu’à la destruction totale des fanes).

Mildiou : un feutrage blanc par temps humide confirme sa présence

Sur feuilles, le mildiou apparaît sous la forme d’une tache huileuse brun-marron, auréolée d’une décoloration vert clair (photo 1). Ce liseré vert clair est un bon moyen de discriminer le mildiou. Le feutrage blanc qui apparaît par temps humide sous la feuille peut venir confirmer le diagnostic. Ce feutrage correspond aux spores de mildiou en formation avant d’être disséminées.

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Photo 1 : sur feuilles, le mildiou apparaît sous la forme d’une tache huileuse brun-marron, entourée d’un liseré vert clair. Un feutrage blanc peut apparaître sous la feuille par temps humide.

Sur les tiges et les bouquets terminaux, l’observation de dessèchement, de brunissement avec la possibilité de casser facilement ces organes, révèlent la présence de mildiou (photo 2). Là aussi, un feutrage blanc sera présent par temps humide.

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Photo 2 : des tiges qui se dessèchent, brunissent ou cassent facilement, avec un feutrage blanc par temps humide, sont caractéristiques du mildiou.

Alternaria : une maladie difficile à diagnostiquer au champ

La première chose à retenir sur l’alternaria, pas forcément encourageante, est que cette maladie est difficile à diagnostiquer au champ. De nombreuses confusions sont possibles. La seconde est qu’il s’agit d’une maladie dite de « faiblesse » qui s’attaque à des plantes stressées ou en fin de cycle. Pour améliorer son diagnostic, il convient déjà d’avoir en tête ses principaux facteurs de développement :

  • L’alternaria est liée à la sénescence, les tissus jeunes ne sont pas touchés.
  • Le risque d’infection est fort dès lors que les températures sont élevées (25-30°C) en présence de rosée.
  • La sporulation intervient lors d’alternance d’une période sèche, chaude et ensoleillée avec une période humide sur 36 heures.
  • C’est une maladie de climat chaud (continental) et surtout de culture irriguée.
  • La dissémination des spores est aérienne.
  • Des sensibilités variétales existent.

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Photo 3 : différents symptômes d’alternariose avérés sur feuille.

Cependant, même en présence de symptômes suspicieux (photo 3), il convient de réaliser un prélèvement et une analyse en laboratoire. Très souvent, le cas d’alternariose supposé n’est pas confirmé par le laboratoire.

On peut très facilement confondre ces symptômes avec ceux de carences (photos 4 et 5) ou des dégâts d’ozone (photo 6).

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Photo 4 : carence en magnésium.

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Photo 5 : carence en bore.

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Photo 6 : dégâts d’ozone sur feuille de pomme de terre.

D’autres nécroses, d’autres origines

Le mois dernier, lors de la longue période sèche, des blessures liées au vent ont été observées dans la plaine sur feuille. Il s’agit le plus souvent de frottement des feuilles effectué mécaniquement par le vent (photo 7).

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Photo 7 : le frottement mécanique des feuilles effectué par le vent peut engendrer des nécroses et des brûlures superficielles sur les feuilles
(© M. Legendre).

Depuis trois semaines, des apports d’azote ont été effectués dans de nombreuses parcelles, dans le cadre du fractionnement de la dose totale. Lors de ces apports, il est possible de voir des nécroses dues à la dégradation de granules d’ammonitrate qui sont restées coincées sur des feuilles ou entre les tiges (photo 8).

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Photo 8 : symptômes de brûlures d’azote observés cette année en parcelle de pomme de terre. Notez le résidu du granulé sur la droite de la feuille sur la photo de face
(© M. Legendre).

photo 9
Photo 9 : décolorations liées à des phytotoxicité d’herbicides. 

Les questions à se poser

En présence de symptômes de nécrose, il est important de prendre le temps de bien analyser la situation et de se poser un maximum de questions : les nécroses sont-elles présentes sur une feuille, une tige, une plante, plusieurs plantes ? Sont-elles apparues en foyer ou sur une plante isolée ? Retrouve-t-on des symptômes dans toutes la parcelle ? Le temps a-t-il été favorable aux maladies ces derniers jours ? Y a-t-il eu un coup de chaud, un stress hydrique… ?

Ensuite, il convient de bien reprendre son itinéraire technique en faisant attention à la fertilisation, aux périodes de protection contre le mildiou, etc.

Enfin, n’hésitez pas à communiquer des photos et un maximum d’informations à votre technicien de proximité.

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