Protection fongicide en blé tendre : à positionner au bon stade avec la bonne dose

La Normandie toujours sous la pluie

Bien que les températures des derniers jours soient fraîches, les précipitations récurrentes sont favorables à la progression des contaminations de septoriose, notamment sur les dernières feuilles qui seront essentielles pour la fin de cycle. Les prévisions annoncent à nouveaux des épisodes de pluie la semaine prochaine.

Carte 1 : Cumul de pluviométrie (en mm) du 1^er au 20 avril 2024

Positionner l’application au bon stade : à dernière feuille étalée

S’adapter au stade de chacune des parcelles

Les semis étalés de cet automne, ainsi que des conditions de semis et de levée variables selon les dates de semis et les secteurs, ont conduit à une importante variabilité des stades. Il faut donc raisonner le pilotage de la protection fongicide au cas par cas !

Vérifier qu’il s’agit bien de la dernière feuille

Avec la conjoncture climatique (humide et nébuleuse), l’estimation « depuis le bord du champ » est plus que jamais biaisée par la hauteur du couvert cette année. Pour bien identifier le stade, il est donc nécessaire de décortiquer quelques tiges afin d’identifier formellement la sortie de la F1 définitive, et ainsi, piloter la protection fongicide. Cette observation est à réaliser sur le maître-brin, dans une zone représentative de la parcelle (éviter les bords de champs qui peuvent être plus en avance).

Schéma 1 : Rappels sur l’observation des stades

Attention aux passages au moment de la méiose !

Bien identifier le stade permet de mieux couvrir sa culture mais surtout de ne pas empirer la situation déjà existante ! La méiose, phase de formation du pollen, est un stade particulièrement sensible pour les céréales. Ce stade définit la fertilité de l’épi, soit une des composantes de rendement majeure. Pour le blé, la méiose pollinique a lieu autour du stade dernière feuille ligulée, quand le sommet de l’épi touche la ligule de l’avant-dernière feuille. Pour les orges, ce stade correspond à la sortie des extrémités des barbes.

Durant cette étape, très courte (1 à 2 jours), la culture est particulièrement sensible aux stress. N’oublions pas que les plantes sont déjà stressées avec un rayonnement particulièrement faible qui limite leur photosynthèse.

Donc attention aux mélanges !

Avec le retard dans les travaux, la tentation est grande de grouper les applications en un seul passage. Vigilance toutefois quant à la sélectivité des traitements : mélanger des produits de fonction différente accentue toujours le risque d’accident. Entre dernière feuille et épiaison, on évitera ces mélanges – notamment les associations herbicides-fongicides. En particulier, l’ajout de metsulfuron méthyl aux bouillies fongicides est très risqué à ce stade sensible.

Adapter le programme aux maladies

Septoriose : ajuster la dose à la pression élevée cette année

La pression septoriose est relativement élevée cette année, en particulier pour les semis précoces (parfois combinés à des variétés sensibles).  

Pour rappel, le T2 reste le traitement le plus important dans le contrôle de la septoriose, la protection des dernières feuilles étant essentielle dans l’élaboration du rendement : augmenter au besoin les doses appliquées pour gagner en rémanence, notamment pour les parcelles les plus précoces ou pour celles qui n’auraient pas reçu de première couverture fongicide.

Dans le cas des mélanges variétaux, il faut se référer à la variété la plus sensible du mélange pour piloter une application.

Les rouilles : où en est-on ?

La rouille brune fait une arrivée précoce cette année, et est à surveiller, en particulier pour les variétés sensibles. En cas de foyer sur la parcelle, appliquer un complément pour gérer cette maladie dès apparition des symptômes.

L’apparition de la rouille jaune reste à surveiller également, en particulier pour les variétés sensibles. Pour rappel, à partir de 2 nœuds, un déclenchement est nécessaire dès l’apparition de foyers actifs afin de contrôler le développement de la maladie.