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Pommes de terre - Trois points-clés de la conduite du stockage pour satisfaire les marchés et l’environnement

La pomme de terre passe plus de temps en bâtiment qu’en terre. Le stockage s’inscrit donc complétement dans son itinéraire technique et doit répondre aux enjeux réglementaires, environnementaux et technico-économiques. Trois éléments-clés de la conduite du stockage replacent la conservation des tubercules dans cette perspective : l’inhibition de la germination, les fluides réfrigérants et la gestion énergétique des bâtiments.

Conserver les tubercules récoltés dans de bonnes conditions

Un choix élargi de produits antigerminatifs

Pour inhiber le processus physiologique inéluctable de la germination, il existe aujourd’hui cinq substances antigerminatives qu’il est possible de combiner entre elles et avec l’effet température. La germination peut en effet être retardée par une conservation à basse température, mais celle-ci ne suffit généralement pas, notamment pour limiter le phénomène de «sucrage de basse température».

Pendant longtemps, le chlorprophame (CIPC) était le seul produit disponible, mais il est interdit depuis 2020. Avec l’homologation en 1992 de l’hydrazide maléique (applicable en végétation) et, plus récemment, de l’huile de menthe verte (2010), de l’éthylène (2011), du 1,4 DMN (2017) et de l'huile d'orange (2020), les producteurs disposent désormais d’un choix élargi de produits antigerminatifs. Il est ainsi possible d’adapter le produit aux contraintes de la mise en marché des tubercules, comme la teneur en résidus dans les pommes de terre. L'huile de menthe, l'huile d'orange et l'éthylène sont par exemple autorisés en agriculture biologique et et ne sont pas soumis à une limite maximale de résidus. Les différentes solutions sont combinables entre elles pour s'adapter au mieux à la situation observée en stockage mais aussi aux objectifs de commercialisation. Par exemple, il est possible de faire suivre des traitements à action préventive (hydrazide maléique, 1,4 DMN, éthylène) par des traitements curatifs (huiles de menthe et d'orange). Ces dernières solutions sont appliquées par thermonébulisation dans le bâtiment, à intervalles réguliers au fur et à mesure de la réapparition des germes.

La cadence des interventions en stockage peut être réduite si la culture a été traitée avec de l’hydrazide maléique. Quant à l’éthylène, en tant qu’hormone végétale, il ne détruit pas le germe mais limite son apparition puis son élongation. Il peut bien compléter l’action du froid en stockage réfrigéré.

Du nouveau pour les frigos

Depuis plus de 20 ans, les fluides frigorigènes, utilisés dans la production de froid artificiel, font l’objet de mesures réglementaires restrictives à l’échelle européenne, afin de limiter leurs effets sur l’environnement. Suite à la modification du règlement F-Gaz en 2014, la réduction progressive des gaz fluorés à fort pouvoir sur le réchauffement global (PRG), tels que le R-404a (PRG = 3900 kg Eq. CO2), est engagée. Depuis 2020, il n'est ainsi plus possible de recharger les équipements avec des fluides vierges à PRG supérieur à 2500 kg Eq. CO2. Les frigoristes proposent aussi désormais des groupes froids à fluide frigorigène à très bas PRG, inférieur à 150 kg Eq. CO2. La nature d’autres mesures est encore en attente comme la taxe payable par les producteurs de frigorigènes. Cette réforme impose d’être vigilant sur le choix du fluide frigorigène, tout particulièrement en détente directe, mais elle donne aussi un regain d’intérêt à la détente indirecte utilisant l’eau glycolée. La quantité de fluide mise en œuvre est en effet alors réduite car le circuit du réfrigérant est plus court. Cela tout en élargissant le choix de fluides car il est possible d’évaporer à plus basse température pour refroidir le fluide frigoporteur.

Autre axe d’action, le stockage est un des premiers postes de consommation d’énergie primaire avec l’irrigation : il peut représenter de 30 à 40 % de ces consommations, liées à 80 % à l’électricité consommée lorsque les tubercules sont stockés en chambre froide. Pour les réduire, plusieurs types d’action sont envisageables dès la récolte. Ainsi, pour des tubercules récoltés précocement en période estivale et destinés à une conservation réfrigérée en palox, l’agriculteur a intérêt à récolter aux températures les plus fraîches possibles : un gain de 4°C sur la température moyenne des tubercules récoltés peut se traduire par des économies jusqu'à… 20 % en électricité ! Pour cela, l’arrachage doit démarrer tôt à très tôt le matin et être suspendu l’après-midi lors des journées chaudes. Dans le même esprit, le refroidissement en stockage réfrigéré devra rester raisonnable et se limiter à 4,5°C pour les pommes de terre destinées au marché du frais afin de réduire l’ampleur du refroidissement à mettre en œuvre.

D’une manière générale, les équipements frigorifiques étant plus énergivores que la ventilation froide utilisant l’air extérieur, il y a intérêt à disposer d’une option de ce type.

De plus, pour ne pas gaspiller les frigories introduites dans le stockage, l’isolation du bâtiment constitue un autre levier d’action efficace. Enfin, pour optimiser les échanges thermiques entre les tubercules et l’air froid introduit dans le stockage, deux pistes sont possibles. La première consiste à optimiser le passage de l’air à l’intérieur des palox stockés en les installant avec des couloirs d’aspiration. La seconde repose sur l'utilisation des régulateurs de fréquence ou des ventilateurs à variateur électronique intégré pour limiter la vitesse d’air dans les stockages en vrac une fois le séchage achevé.

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