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Pucerons d'automne sur céréales à paille : quand et comment les gérer ?

Différentes espèces de pucerons sont capables de transmettre les virus de la jaunisse nanisante de l'orge (JNO) aux céréales à paille. Aucune lutte ne peut être engagée contre ces virus quand la plante est infectée. La lutte repose donc sur des techniques culturales préventives et sur la lutte insecticide en végétation.

Pucerons : vigilance dans les parcelles !

En piquant les plantules de céréales pour se nourrir de leur sève, les pucerons peuvent transmettre des virus du complexe B/CYDV responsables de la JNO. Ces virus entraînent des pertes de rendement significatives, de 20 à 30 q/ha, mais pouvant aller bien au-delà dans certaines conditions. La gravité dépend de nombreux facteurs : de la quantité d’insectes vecteurs de virus, de leur activité et de leur durée de présence sur la parcelle, des caractéristiques des virus (virulence et agressivité potentiellement variables selon l’espèce virale) et bien sûr de la culture elle-même (sensibilité, stade au moment de l’inoculation). L’infection est plus préjudiciable quand l’inoculation des virus a lieu sur des plantes en période de forte croissance, lors des tous premiers stades. Une inoculation plus tardive limite l’incidence de l’infection, la résistance de maturité à ces maladies virales se développant début montaison.

Lire aussi : « JNO et pieds chétifs sur céréales : retour sur le scénario de la dernière campagne »

Des pratiques culturales pour réduire le risque 

Pour éviter les pertes de rendement et la dégradation de la qualité des grains (calibrage, PMG) dues à ces viroses, le premier levier consiste à réduire le risque d’exposition aux insectes vecteurs. La lutte préventive s’appuie notamment sur la destruction, bien avant les semis, des repousses et des graminées sauvages. La présence de ces plantes, réservoirs à virus et hébergeant des pucerons à proximité des futures parcelles de céréales à paille, vient accroître le risque d’infestation et donc d’infection virale.

Semer sans se presser !

Ensuite, il est recommandé d’éviter les semis précoces : l’exposition au risque JNO est bien plus élevée en cas de concomitance entre la période de forte sensibilité de la céréale et d’activité des pucerons. Cependant, si respecter les dates de semis recommandées en région réduit nettement la fréquence de parcelles concernées, cela ne permet en aucun cas d’éliminer complètement le risque chaque année ! La gestion de cette problématique nécessite donc une approche intégrée combinant différents leviers.

Le choix de la variété peut changer la donne

La lutte génétique se développe sur orge d’hiver comme sur blé tendre, à l’aide de variétés tolérantes à la JNO. L’offre variétale continue à s'enrichir régulièrement. Le recours à ces variétés est un levier très précieux. Il est recommandé de respecter les dates de semis préconisées en région pour bénéficier pleinement de cette protection génétique, d’autant plus que ces variétés n’offrent, pour la plupart, aucune protection contre la maladie des pieds chétifs transmise par la cicadelle Psammotettix alienus.

Surveiller les pucerons dès la levée des céréales

La protection insecticide des céréales contre la JNO vise les pucerons vecteurs de virus. Les traitements en végétation agissent par contact et s’appliquent uniquement sur les variétés sensibles, en fonction de l’intensité et de la durée de présence des insectes sur les plantes. La surveillance des céréales à paille à l’automne est alors indispensable pour décider d’une intervention.

  • Observer - dès la levée - des séries de 10 plantes réparties sur plusieurs lignes de semis (≥ 5) et compter les plantes abritant un ou plusieurs pucerons (quelle que soit l’espèce) pour déterminer le pourcentage de plantes habitées.
  • Privilégier les zones à risque (proche de haies ou de réservoirs potentiels tels que des bandes enherbées, jachères, maïs…).
  • Réaliser les observations par beau temps, durant les heures les plus chaudes du début d’après-midi. En conditions d’observations non optimales, l’absence de puceron ne permet pas de conclure sur l’absence de risque. Il est alors préférable de renouveler l’observation lorsque les conditions sont à nouveau favorables.

Intervenir en végétation au bon moment

La date de traitement ne doit pas être définie en fonction du stade de développement de la culture ou d’une date calendaire. Seules les observations réalisées dans la culture permettent de déclencher le traitement au bon moment 

  • intervenir si la fréquence de plantes habitées par au moins un puceron est supérieure à 10 %,
    ou
  • intervenir si des pucerons sont observés plus de 10 jours sur la culture, quelle que soit la fréquence de plantes habitées.

Dans les situations pouvant rester longtemps favorables à la présence des pucerons, la surveillance doit donc être poursuivie pour renouveler la lutte si besoin. 

Les différents produits homologués à ce jour pour lutter contre les pucerons vecteurs de virus sur les céréales à paille comportent quasiment tous une substance active appartenant à la famille des pyréthrinoïdes (tableau 1). Certaines spécialités sont également autorisées pour lutter contre la cicadelle vectrice de la maladie des pieds chétifs. A défaut de pouvoir diversifier les familles chimiques pour éviter l’apparition de résistances, il est recommandé de diversifier autant que possible les spécialités.

Tableau 1 : Spécialités insecticides permettant de lutter contre les vecteurs de virus

Tableau 1 : Spécialités insecticides permettant de lutter contre les vecteurs de virus
D’après dépliant ARVALIS - Mai 2025.

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