Pucerons et cicadelle vecteurs de viroses sur céréales à paille : semer à la bonne date pour limiter les risques
Chaque année, les semis sont initiés après prise en considération de nombreux paramètres propres à la culture (selon l’espèce et la variété), à l’exploitation (organisation des chantiers) et surtout en fonction des conditions climatiques. Mais alors quand faut-il semer afin de limiter l’exposition des cultures aux pucerons et aux cicadelles ?
Il est important de combiner différents leviers de lutte afin d’éviter les pertes de rendement dues à la jaunisse nanisante de l’orge (JNO) et à la maladie des pieds chétifs. Trois leviers majeurs sont actuellement utilisés dans la protection contre ces deux maladies virales : la date de semis, le choix variétal et la protection insecticide. Focus sur l’importance de la date de semis.
Un risque de viroses fortement lié aux conditions climatiques
L’abondance et l’activité des pucerons et des cicadelles sont très dépendantes des conditions climatiques : leur occurrence est favorisée par des conditions chaudes. Par conséquent, les semis les plus précoces rencontrent plus souvent des conditions favorables à ces insectes vecteurs de viroses (exposition accrue aux infestations, durée de présence supérieure). A l’opposé, les semis plus tardifs rencontrent en règle générale des conditions climatiques a priori moins favorables à ces insectes et par conséquent à la transmission de virus aux plantes.
Comment appréhender le risque suivant la date de semis ?
Le climat qui suit le semis influence donc grandement les risques de viroses sur céréales d’hiver. A défaut de connaître le climat que subira la culture au cours de l’automne au moment où elle est semée, une analyse fréquentielle permet d’appréhender le risque. Cette analyse s’appuie sur des données parcellaires historiques acquises de 2002 à 2015 dans le cadre d’une collaboration ARVALIS – Bayer – Inrae.
L’étude portait sur les résultats d’analyses de virus BYDV et WDV (virus respectifs de la JNO et de la maladie des pieds chétifs) réalisées dans des parcelles de céréales à paille n’ayant pas bénéficié de protection insecticide contre les insectes vecteurs de viroses.
L’analyse des données pluriannuelles montre que les parcelles semées les plus précocement sont plus fréquemment concernées par la JNO (BYDV). L’effet de la période de semis sur la fréquence de parcelles concernées varie selon l’espèce cultivée, l’orge étant plus sensible (mais aussi semée un peu plus tôt que le blé). La proportion de parcelles présentant une forte intensité de virus BYDV diminue progressivement lorsque les semis sont plus tardifs (figure 1).
Parmi les parcelles semées tardivement, celles ayant une forte intensité de BYDV représentent encore un tiers des parcelles malades, contre la moitié environ pour les parcelles semées au cours de la plage recommandée. Un semis plus tardif réduit donc le risque de présence de virus, à la fois en termes de fréquence et d’intensité de la maladie. Néanmoins, le risque n’est jamais nul. Il dépend en premier lieu des conditions climatiques de l’année.
Figure 1 : Intensité de détection de virus de la jaunisse nanisante de l’orge (BYDV) selon la date de semis
Concernant le virus lié à la maladie des pieds chétifs (WDV), l’effet de la date de semis est bien marqué dans les régions concernées même si cela semble moins visible à l’échelle nationale (figure 2).
Parmi les parcelles semées très tardivement, la fréquence et l’intensité des viroses (JNO et/ou pieds chétifs) demeurent tout de même élevées : 30 % des parcelles de blé présentent au moins une infection, jusqu’à 40 % pour l’orge (figure 2). Ainsi, une année donnée, des parcelles semées après la période optimale recommandée peuvent être autant concernées par une problématique liée aux viroses que des parcelles ayant été semées avant la plage recommandée lors d’une année à plus faible risque.
Figure 2 : Fréquence de détection de virus de la jaunisse nanisante de l’orge (BYDV) et/ou de la maladie des pieds chétifs (WDV) selon la date de semis
Finalement, semer aux dates recommandées en région (et surtout éviter les semis précoces) est déjà un premier levier permettant de limiter les risques de nuisibilité de la JNO et de la maladie des pieds chétifs.
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