Articles et actus techniques
BRETAGNE

Maïs : les fortes températures peuvent perturber la fécondation

Après des conditions très favorables depuis les semis et une levée rapide des maïs, la sécheresse et les températures excédentaires depuis début juillet pourraient pénaliser les maïs bretons qui étaient en pleine floraison au pic de chaleur.

Des températures excédentaires depuis les semis

La majorité des semis de maïs s’est déroulé entre fin avril et début mai, avec des températures excédentaires depuis le début du cycle.

Pour un semis du 25 avril, le cumul de températures est excédentaire de 145°C base 6. A cette date, la campagne 2022 ressemble à celle de 2018 (figure 1). On enregistre un déficit de pluie de 60 mm sur cette même période par rapport à la médiane. La pluie a été très contrastée depuis les semis, avec un mois de mai sec et un mois de juin pluvieux qui a permis un bon développement végétatif des maïs jusqu’à début juillet.

Figure 1 : Offre climatique pour un maïs semé le 25 avril 2022 à Ploërmel (56)
Offre climatique pour un maïs semé le 25 avril 2022 à Ploërmel (56)

Sources :  ARVALIS / Météo-France

Des taux de fécondation possiblement réduits

Les températures supérieures à 36°C enregistrées dans la région depuis la mi-juillet peuvent pénaliser la fécondation par une perte de viabilité du pollen et la migration des tubes polliniques.

Toutefois, les conséquences du stress thermiques seront limitées sur la majorité de la région en raison de la capacité du maïs à produire en quantité importante du pollen. En effet, l’émission de pollen a lieu sur une dizaine de jours, avec un pic d’émission en fin de matinée en dehors des heures les plus chaudes. Et la quantité de pollen émit par les maïs hybrides est très élevée par rapport au nombre d’ovules à féconder. Les cas d’absence de fécondation totale sont rares.

Concrètement, l’ensemble du territoire breton a vécu un pic de chaleur le 18 juillet avec une température maximale au-dessus de 36°C. Ce sont les secteurs du sud Ille-et-Vilaine et est Morbihan qui ont cumulé 2 à 3 jours de fortes chaleurs (carte 1). Dans ces secteurs, il n’est pas impossible que les maïs en pleine émission de pollen subissent des problèmes de fécondation. La conséquence sera visible après le SLAG (stade limite d’avortement des grains). Ce dernier intervient généralement 15 à 20 jours après la floraison femelle.

Carte 1 : Nombre de jours avec des températures supérieures à 36°C entre le 1er et le 19 juillet 2022
Nombre de jours avec des températures supérieures à 36°C entre le 1er et le 19 juillet 2022

La présence d’épis lacuneux après le stade limite d’avortement des grains révèlent un défaut de fécondation au moment de la floraison.
La présence d’épis lacuneux après le stade limite d’avortement des grains révèlent un défaut de fécondation au moment de la floraison.

Le stress hydrique est plus à craindre que le stress thermique

Malgré les pluies du mois de juin, on observe un stress hydrique plus ou moins marqué sur l’ensemble de la région depuis début juillet.
Le maïs est particulièrement sensible au stress hydrique entre les stades 15 feuilles et limite d’avortement des grains (SLAG). Un stress hydrique trop important au moment de la floraison peut perturber les étapes de la fécondation (mauvaise émission des soies…), avec en conséquence des ovules non fécondés.

D’autre part, après la fécondation, entre la floraison femelle et le SLAG, le maïs est très sensible à l’avortement des grains.

L’outil Irré-LIS permet de modéliser l’évolution du déficit hydrique en eau du sol selon les périodes d’apparition de stress. Le modèle tient compte du type de sol, des besoins de la culture et des données météo.

Pour un maïs semé au 25 avril 2022 avec un limon sur schiste tendre, le modèle montre que des stress hydriques ont eu lieu avant la floraison de manière mineure, avec différentes intensités et fréquences selon les stations (figures 2 à 4).

On peut également constater que la période 15F-SLAG est systématiquement dans le rouge, avec un déficit hydrique qui se creuse. Si le stress se poursuit, il peut provoquer l’avortement de grains.

Figure 2 : Bilan hydrique du maïs estimé par l’outil Irré-LIS – station météo de Rennes (35)
Bilan hydrique du maïs estimé par l’outil Irré-LIS – station météo de Rennes (35)

Figure 3 : Bilan hydrique du maïs estimé par l’outil Irré-LIS – station météo de Quintenic (22)
Bilan hydrique du maïs estimé par l’outil Irré-LIS – station météo de Quintenic (22)

Figure 4 : Bilan hydrique du maïs estimé par l’outil Irré-LIS – station météo de Rostrenen (22)
Bilan hydrique du maïs estimé par l’outil Irré-LIS – station météo de Rostrenen (22)

Quelle démarche suivre pour la suite ?

Les conditions climatiques des semaines à venir vont être déterminantes sur la production et l’adaptation de la date de récolte.

Si les épis sont suffisamment pourvus en grains, les récoltes des maïs ensilage pourraient débuter dès la mi-août, comme en 2018, dans les zones les plus précoces. Rappelons qu’il faut environ, selon la précocité variétale, de 550 à 700 degrés-jour base 6 depuis la floraison pour atteindre le stade 32-33 % de matière sèche plante entière.

Le tableau ci-dessous donne une première indication de dates de récolte fourrage pour des floraisons précoces à partir des données climatiques médianes sur 20 ans.

Tableau 1 : Prévisions des stades de récoltes du maïs fourrage (32 % MS)
Prévisions des stades de récoltes du maïs fourrage (32 % MS)

Source : ARVALIS/Météo France

Si un fort manque de grains est constaté, il faudra être vigilant sur l’état de sénescence des feuilles pour récolter le maïs dans de bonnes conditions, c’est-à-dire à 32 % MS. Dans ce cas, l’énergie du maïs proviendra essentiellement des tiges et feuilles : il ne faut pas se fier à l’évolution des grains restant, mais à celle des feuilles.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.