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Maïs fourrage sous la sécheresse : les précautions à prendre lors du chantier d’ensilage

Les maïs fourrage ayant subi la sécheresse nécessitent d’adapter la conduite du chantier d’ensilage. 

ensileuse

Le choix d’avancer la date d’ensilage repose sur plusieurs critères.

Lire aussi : « Maïs fourrage sous la sécheresse : ensiler ou non ? Un diagnostic préalable s’impose »

Face à une grande hétérogénéité intra et inter-parcellaire, il est indispensable d’estimer la teneur en matière sèche (MS) le jour de la récolte. Cette estimation ne doit pas se faire à partir des premiers tours de champ, souvent peu représentatifs, mais lors du dépôt de la première benne issue du cœur de parcelle.

Estimer la matière sèche le jour-J

Dans les cas où les maïs sont récoltés à des stades précoces, c’est-à-dire à floraison, début du remplissage du grain ou avant, le fourrage ressemble davantage à un ensilage de graminées prairiales sans amidon. L’estimation de la matière sèche peut alors s’appuyer sur la méthode manuelle, comme pour les graminées prairiales, en exerçant une forte pression sur une poignée de fourrage :

  • Filet de jus : ~25 % MS
  • Quelques gouttes : ~30 % MS
  • Main simplement humide : ~35 % MS

Si la matière sèche est encore trop faible (< 25 %), il est préférable de patienter, sauf si la parcelle est isolée et ne justifie pas un second chantier. En effet, la teneur en Matière Sèche (MS) idéale demeure aux alentours de 32 %.

Pour des maïs avec des grains, l’estimation se fait par l’observation de ces derniers.

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Organiser du chantier

Si plusieurs parcelles doivent être récoltées, commencer par la plus avancée en matière sèche. Ce fourrage, plus sec, sera placé en bas du silo. Cela permet :

  • De mieux le tasser s’il dépasse 40 % MS, en le lestant de fourrages plus humides.
  • De récupérer les jus des fourrages plus humides (> 25 % MS) grâce à cette base sèche, limitant les pertes de nutriments.

Adapter la confection du silo

Lorsque la teneur en matière sèche dépasse 35 à 40 % en moyenne, le fourrage devient plus difficile à tasser, ce qui augmente la porosité du silo. Ce manque de compacité favorise l’entrée d’air et rend le front d’attaque plus sensible aux échauffements lors de la reprise du fourrage.

Pour limiter ces risques, plusieurs leviers sont à mobiliser :

  • Adapter la finesse de hachage : un hachage fin, autour de 8 à 10 mm, facilite le tassement du fourrage.
  • Etaler et tasser des couches fines, de 10 à 15 cm maximum, pour optimiser l’efficacité des engins tasseurs.
  • Réduire la taille du front d’attaque : si le silo le permet, il est préférable d’opter pour une largeur ou une hauteur plus faible, afin d’accélérer l’avancement quotidien à l’ouverture et ainsi limiter les échauffements.

Lire aussi : « Ensilage de maïs : une méthode simple pour vérifier le niveau d’éclatement des grains »  

Soigner l’herméticité du silo

Une bonne étanchéité est essentielle pour favoriser la fermentation et éviter les entrées d’air. Pour cela :

  • Lester de façon continue les bords entre les bâches latérales et la bâche de couverture.
  • Plaquer la bâche de couverture au maximum sur un silo régulier.
  • Limiter la circulation d’air dans la longueur par des charges régulières et des lignes transversales continues.

Utiliser un conservateur si nécessaire

Côté conservation, le maïs fermente en général facilement grâce à sa richesse en sucres solubles au regard de son pouvoir tampon. Cependant, en conditions sèches, le manque d’eau peut ralentir ce processus. À l’inverse, en conditions très humides (< 25 % MS), la fermentation sera plus active mais devra acidifier une plus grande masse d’eau.

Un additif peut être utile dans les cas les plus secs, mais ne remplace pas les bonnes pratiques citées précédemment.

L’objectif est double :

  • Accélérer la fermentation, ralentie par le manque d’eau.
  • Limiter les échauffements lors de l’ouverture.

Un mélange de bactéries lactiques (homo- et hétérofermentaires), éventuellement associé à des enzymes pour libérer les sucres solubles, peut être appliqué à l’ensileuse.

Estimer la qualité du maïs fourrage en conditions de stress hydrique

Les maïs ayant subi un stress hydrique à plus ou moins 15 jours de la floraison montrent une digestibilité globalement bonne, même lorsque 75 % des feuilles sont desséchées.

Malgré un taux d’amidon plus faible puisqu’ils ont moins ou pas de grains, leur valeur alimentaire reste proche de la normale (0,85 à 0,95 UFL/kg MS). Cela s’explique par une bonne digestibilité des tiges et feuilles, et des teneurs souvent plus élevées en sucres solubles et en MAT. L’augmentation de teneur en MAT s’explique notamment par un moindre effet de dilution en raison du plus faible rendement.

Pour bien caractériser le fourrage issu de son chantier, il est utile de constituer un échantillon représentatif du silo. Pour cela :

  • Prendre quelques poignées de fourrage à chaque benne tout au long du chantier.
  • Les stocker à l’ombre, au frais si possible.
  • À la fin, mélanger les échantillons et remplir un sac plastique de 1 à 1,5 l, en chassant l’air.
  • Placer au congélateur jusqu’à l’envoi (également en congelé).
  • Éviter un envoi en fin de semaine pour garantir un traitement rapide par le laboratoire.

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