Articles et actus techniques

La recherche appliquée à ARVALIS : quels acquis en 2025 ? 

Améliorer les pratiques et les revenus des exploitants français de grandes cultures et des filières est au cœur des activités d’ARVALIS. Bilan des avancées de la recherche en 2025 avec Jean-Pierre Cohan, directeur de la Recherche et du Développement de l’institut.

Jean-Pierre Cohan : « Pour que notre recherche soit utile, il faut que ses résultats soient transférés aux agriculteurs, aux techniciens et aux filières. »

Yvoir.fr : Les recherches menées à ARVALIS s’appliquent à près de 80 % des surfaces agricoles françaises. Quels en ont été les axes prioritaires ?

Jean-Pierre Cohan : ARVALIS fixe sa stratégie de recherche pour cinq ans en conseil d’administration. Actuellement, nous poursuivons cinq axes prioritaires : développer des agricultures à la fois rentables et créatrices de valeur sur tout le territoire ; satisfaire les marchés et garantir la sécurité alimentaire ; réduire l’utilisation des intrants de synthèse et la consommation d’énergies fossiles ; adapter la production agricole au changement climatique ; et enfin, agir pour l’environnement, notamment en favorisant et en valorisant la biodiversité.

Ce programme est porté par l’ensemble des équipes ARVALIS qui se consacrent à la conduite de nos actions de R&D, à l’acquisition des références, à leur synthèse et à leur transfert vers agriculteurs et les filières - au sein des territoires et au niveau national.


Yvoir.fr : ARVALIS analyse périodiquement la rentabilité des grandes cultures dans un contexte régional et économique donné. Quelles cultures en ont bénéficié en 2025 ?

J.-P. C. : Toutes les grandes cultures ont fait l’objet d’analyses de compétitivité et de performances technico-économiques. Leurs résultats ont été présentés aux exploitants et aux filières à l’occasion d’événements spécifiques et/ou de communications écrites. Citons, par exemple, l’étude de la compétitivité des orges de brasserie françaises, présentée lors du colloque « Orges brassicoles » en avril 2025.


Yvoir.fr : La satisfaction des marchés repose, comme la sécurité alimentaire, sur la maîtrise de la qualité des productions agricoles. Comment l’institut accompagne-t-il les acteurs des filières ?

J.-P. C. : L’institut le fait de plusieurs manières mais d’abord, en accompagnant au plus près les agriculteurs et les filières en cours d’année. Ainsi, suite aux questionnements sur la qualité sanitaire du maïs grain en 2024 et après une analyse approfondie de la situation, ARVALIS a lancé en 2025 un plan d’action renforcé pour maîtriser cette qualité avec, par exemple, la mise à jour des grilles de prédiction des risques à la parcelle pour les mycotoxines.


Yvoir.fr : Optimiser l’usage des intrants de synthèse d’origine fossile est un enjeu majeur pour la durabilité des systèmes agricoles. Qu’a apporté ARVALIS dans ce domaine ?

J.-P. C. : L’institut n’a de cesse d’expérimenter et d’évaluer des pratiques de fertilisation, afin d’en mesurer les performances technico-économiques et de les optimiser. Les applications de ces recherches sont nombreuses. En 2025 par exemple, Farmstar, l’outil de pilotage de la fertilisation azotée développé par ARVALIS et Airbus, passe à la vitesse supérieure en devenant le premier outil d’aide à la décision (OAD) intégrant FERTI-ADAPT CHN, le modèle de pilotage intégral de la fertilisation azotée développé par ARVALIS.


Yvoir.fr : Le recours aux produits phytopharmaceutiques est fragilisé par les résistances des bioagresseurs, ou encore un contexte réglementaire toujours changeant. Qu’a fait ARVALIS pour rechercher des solutions complémentaires ?

J.-P. C. : Le déploiement de stratégies efficaces de protection des cultures, exploitant tous les leviers à disposition, est un des axes majeurs du programme d’ARVALIS. ARVALIS pilotera ou sera partenaire de dix projets explorant les solutions complémentaires, qui viennent d’être sélectionnés par le plan PARSADA* ; mais d’autres projets suivront !

La priorité de l’institut est la lutte contre les graminées adventices, notamment par des solutions combinant chimie et travail mécanique. Sur ce sujet et d’autres, la première campagne du projet GRAMICIBLE a permis de lancer plus de 90 expérimentations sur l’ensemble du territoire français, ainsi qu’une vaste enquête à laquelle ont répondu plus de 2300 agriculteurs. 

Yvoir.fr : La campagne 2024-2025, à nouveau marquée par une météo atypique, confirme l’importance de mieux armer l’agriculture vis-à-vis des aléas climatiques. Quelles pistes de recherche l’institut a-t-il explorées ?

J.-P. C. : L’adaptation des systèmes de production au changement climatique est nécessairement multifactorielle. En contribuant, par exemple, au déploiement du progrès génétique (appui à la sélection, évaluation à l’inscription et en post-inscription, préconisations), ARVALIS participe continument à la recherche de variétés plus résilientes au changement climatique, pouvant intéresser tous les systèmes de production.

L’échelle du système de culture n’est pas oubliée avec, par exemple, le projet CLIMATVEG (porté par Vegepolys Valley) qui a étudié la viabilité des systèmes de culture de Bretagne et des Pays de la Loire à l’horizon 2040-2060 et recherché comment les adapter aux nouvelles tendances climatiques.


Yvoir.fr : Le secteur agricole est un des secteurs identifié comme émetteurs de gaz à effet de serre. Que fait ARVALIS pour l’aider à réduire ses émissions ?

J.-P. C. : Nos équipes étudient comment diminuer l’empreinte carbone des systèmes agricoles propres à chaque région. Par exemple, les couverts végétaux permettent de réduire cette empreinte, mais ils sont difficiles à mettre en place dans certains systèmes de culture. Dans le cadre du projet KLIMACrops, l’institut a débuté en 2025 des travaux comparant différents itinéraires de semis de couvert sous ou derrière un maïs, avec de premiers résultats encourageants.


Yvoir.fr : L’institut explore des pistes afin d’accélérer la transition vers des systèmes plus durables. Que doit-on mettre au crédit de l’année 2025 ?

J.-P. C. : L’interdépendance entre agriculture et biodiversité est très forte. Le programme APPRIVOISE, piloté par ARVALIS et réunissant AgroSolutions, l’Acta, SMAG et la Scara, a entrepris de construire un référentiel national d’indicateurs de biodiversité, à la fois simples et directement utilisables par les agriculteurs, pour évaluer comment évolue la biodiversité dans leur exploitation.


Yvoir.fr : Vous dites que la recherche est utile si elle a un impact dans le milieu agricole. Que fait ARVALIS pour diffuser largement ses travaux ?

J.-P. C. : Effectivement, ARVALIS multiplie les actions de transfert, tant des connaissances de référence que des savoir-faire, au travers de publications spécialisées (revue Perspectives Agricoles, Arvalis Infos), d’événements régionaux de communication comme les « Journées techniques » (en 2026) et les « Journées de l’innovation », d’événements au champ comme « PotatoEurope » (sept. 2024) et « Les Méca-Culturales » (sept. 2025), et aussi de forums régionaux comme les « Forums Blé tendre » ou des salons comme « Lin’Ovation 2026 », en préparation.

Le transfert des savoirs s’effectue aussi par la mise à disposition d’outils d’aide à la décision auprès de la communauté agricole. Ainsi, durant la campagne 2024-2025, l’institut a lancé un OAD pour la pulvérisation, disponible gratuitement en ligne sur le site d’ARVALIS.

ARVALIS en quelques éléments

  • 450 collaborateurs ;
  • 350 agriculteurs membres des commissions d’orientation professionnelles ;
  • 26 sites de recherche et d’expérimentation répartis sur l’Hexagone ;
  • Plus de 1 600 essais agronomiques ;
  • 60 millions d’euros consacrés à la R&D et au transfert des innovations utiles aux producteurs de céréales à paille, maïs et sorgho, pommes de terre, fourrages, lin fibre, tabac, et aux filières économiques associées ;
  • Plus de 140 projets collaboratifs répondant à des appels à projets.

* Plan d’action stratégique pour l’Anticipation du potentiel Retrait européen des Substances Actives et le Développement de techniques Alternatives de protection des cultures .

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.