La désinsectisation par micro-ondes fait ses preuves au silo

L’élévation de température des grains infestés est bien plus rapide par micro-ondes qu’avec un séchoir, ce qui permet de préserver les qualités des grains. Ce levier semble intéressant en particulier contre les espèces à formes cachées (charançons et capucins).

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Pour tirer ces conclusions, ARVALIS et SAIREM ont intégré une colonne d’application des micro-ondes au circuit de manutention du silo d’ARVALIS de Boigneville (91). Un guide d’ondes métallique, relié au centre de la colonne, permet de conduire les ondes d’une fréquence de 915 MHz depuis un générateur de 54 kW posé au pied de la tour. En traversant la colonne, le flux de grains est ainsi exposé quelques secondes à ce champ électromagnétique.

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L’essai a permis de tester différentes intensités de traitement, définies par la température cible à atteindre (60°C, 70°C ou 80°C) et le débit de passage des grains (1,4 ou 2,1 tonnes par heure). Ces modalités ont été évaluées sur du blé tendre (variété Prestance) et certaines sur de l’orge (RGT Planet) de la moisson 2024.

Une désinsectisation très satisfaisante

Les résultats techniques sont très satisfaisants. A partir d’une température cible de 70°C, l’efficacité insecticide des micro-ondes est totale sur les charançons (adultes comme juvéniles), quel que soit le débit de travail. A 60°C, l’élimination des adultes reste très élevée (> 94 %), mais la destruction des formes juvéniles est moins complète avec une émergence importante de charançons dans les lots de blé (figure 1). Les essais sur orges confirment cette efficacité totale à 70°C.

Qualité des grains : peu d’impacts sur blé, vigilance en orge de brasserie

Côté qualité des grains, elle a été suivie au travers de plusieurs critères physiques et technologiques avant et après traitement par micro-ondes.

La teneur en eau est le plus significativement impacté, avec une perte moyenne de 0,4 % pour le blé. Cet effet est plus marqué à 70°C et 80°C pour un débit de 1,4 t/h (> 0,5 %), que les modalités moins intenses (figure 2). Sur orge, les pertes en eau sont un peu plus élevées (environ 1 %).

Le poids spécifique est également impacté de manière significative (- 0,6 kg/hl en moyenne sur blé et - 0,9 kg/hl sur orge), sans lien direct avec l’intensité du chauffage micro-ondes.

Quant aux propriétés boulangères du blé, elles ne sont pas altérées par le chauffage à 70°C et 80°C : pâtes, mies et pains sont de qualité comparable aux témoins non chauffés. De même, un essai sur jeunes poulets a confirmé que l’utilisation de blé chauffé à 70°C par micro-ondes ne modifie ni leur indice de consommation, ni leur gain de poids, ce qui valide cette méthode de désinsectisation de la matière première avant la formulation d’aliments pour animaux.

En revanche, la désinsectisation par micro-ondes de l’orge destinée à la brasserie pose plus de difficultés : les traitements à 70°C et 80°C entraînent une baisse de l’énergie germinative des grains sous le seuil de 95 % attendu pour le débouché brassicole (figure 3).

Une méthode plus économique que la thermo-désinsectisation en séchoir

En matière de coût, le chauffage des grains par micro-ondes est globalement plus économique que la thermo-désinsectisation en séchoir. Les consommations électriques évaluées vont de 29 à 45 kWh par tonne de grains, ce qui correspond à une fourchette de 6 à 9 €/t. En comparaison, la thermo-désinsectisation à base de gaz propane coûte environ 14 €/t (essai ARVALIS de 2013).

Ce gain économique, associé à la rapidité du traitement (quelques secondes contre plus d’une heure en séchoir) et à la préservation des qualités des grains, rend la méthode très attractive.

Cet essai a permis de faire la preuve de concept de la lutte curative par micro-ondes sur une petite unité de stockage de céréales. Son déploiement pratique sur des sites de plusieurs milliers de tonnes reste à construire, tout comme l’optimisation des paramètres de traitement selon le type de grains et le débouché. Mais cette technologie pourrait rapidement devenir une alternative complémentaire dans la gestion des infestations en stockage.

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Pour plus de détails sur les résultats de l’essai, consultez la Lettre Stock@ge n°28 de septembre 2025 et la vidéo de présentation du projet GRANIonde(*).

(*) Le projet GRANIonde, a reçu une subvention de l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre d’Ecophyto Maturation (ANR 23 ECOM 0005) et a été co-financé par l’Office français de la Biodiversité via la redevance pour pollution diffuse au titre du plan Écophyto.