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PAYS DE LA LOIRE

Désherbage du maïs : quelles stratégies de rattrapage en conditions sèches ?

Voici quelques éléments de réflexion pour décider de la conduite à tenir sur le désherbage du maïs dans le contexte climatique actuel.

Le désherbage du mais 2022 par temps sec en Pays de la Loire

Jusqu’au 20 mai, on ne relevait que de très faibles pluies depuis les semis sur une large part du territoire. Seul le nord de la région (Mayenne, Nord Sarthe) et l’est de la Vendée ont pu bénéficier de pluies orageuses entre mi-avril et mi-mai.

Figure 1 : Pluviométrie du 15 avril au 15 mai 2022 (mm) – source Météo France, ARVALIS-Institut du végétal

Dans ces conditions extrêmement séchantes, les levées du maïs ont souvent été échelonnées et les premiers désherbages chimiques sont parfois mis en difficulté, tandis que les désherbages mécaniques ont quant à eux bien fonctionné à la faveur du temps sec et chaud. Le retour de pluies orageuses plus régulières depuis ce début de semaine va faciliter les interventions de rattrapage chimique mais ces pluies d’orages restent malheureusement inégalement réparties.

Observer la flore présente sur les parcelles

La décision de rattrapage repose en premier lieu sur l’observation de la flore adventice – type et stade des adventices. On se focalisera en priorité sur les levées de graminées – panic, sétaire, digitaire et ray-grass-, et sur les dicotylédones les plus délicates à maîtriser - renouée des oiseaux et renouée liseron mais aussi véronique, difficile à désherber chimiquement au-delà de 2 feuilles.
Quelle que soit la flore, une intervention avant 2 feuilles des adventices est toujours préférable, mais en cas de levées échelonnées, c’est le stade de ces adventices difficiles qui prime pour déclencher une intervention.

Attendre un délai suffisant pour évaluer l’efficacité des désherbages racinaires de prélevée ou de postlevée précoce
L’état d’assèchement du sol est particulièrement défavorable à l’efficacité des produits racinaires et on constate déjà des échecs avec des salissements suite au premier désherbage lorsqu’il a été réalisé sur sol très sec et non suivi de pluie.

Toutefois, il est important d’observer l’état des levées d’adventices :

  • Il est possible de voir émerger des plantules mais que celles-ci soient très peu poussantes et chétives, sous l’effet partiel, mais en cours, du désherbage racinaire. Il convient, dans ces situations « mitigées », d’attendre au moins trois semaines suite au premier passage pour évaluer sa complète efficacité.
  • En revanche, si on constate des levées d’adventices ne présentant aucun symptôme de phytotoxicité et avec une croissance normale, il faut envisager un rattrapage rapide.

Revoir au besoin le programme de désherbage envisagé

Dans les situations où aucun désherbage n’a encore été réalisé, étant donné l’état de dessèchement du premier horizon du sol et l’avancée des stades d’adventices, il faut désormais adapter les programmes de désherbage :

Dans les secteurs où la sécheresse persiste

En l’absence de pluie significative (> 10 mm), la météo reste très défavorable à l’efficacité des produits racinaires qui seront de plus inopérants sur adventices développées. Il est dans ce cas préférable d’opter pour l’application de produits foliaires ou pour du désherbage mécanique en intervenant dans des conditions favorables à leur efficacité.

Dans les secteurs ayant eu la chance de recevoir des précipitations orageuses

Après une pluie significative, il peut être encore judicieux de positionner un désherbage de postlevée précoce mixte, c’est-à-dire associant un produit racinaire à des produits foliaires (par exemple des associations de thiencarbazone méthyl, nicosulfuron ou de foramsulfuron avec du S-métolachlore ou du DMTAP). La base foliaire va contrôler les plantules levées tandis que la fraction racinaire apportera de la persistance d’action pour le contrôle des graminées estivales et du datura dont les levées sont la plupart du temps échelonnées.

En parcelles infestées de vivaces

On observe des levées précoces de liseron et de chardon cette année : il faut envisager d’associer à la base du désherbage un produit contenant du dicamba en veillant à apporter une dose suffisante de dicamba pour ce premier passage (au moins 150 g).

Attention aux conditions d’application des produits foliaires

Sur adventices levées, on a recours à des produits qui agissent par voie foliaire. Ceux-ci sont particulièrement sensibles aux conditions météo. Leur efficacité sera d’autant meilleure que les plantes sont très jeunes, poussantes, les températures douces et que l’hygrométrie (taux d’humidité de l’air) est élevée.

Figure 2 : spectre d’efficacité de l'association Callisto 0,5 l+ Milagro 0,5 l sur maïs

Cette synthèse d’essais illustre la perte d’efficacité potentielle lorsque l’application est réalisée par temps très sec : lorsque celle-ci a été réalisée par hygrométrie élevée (courbe bleue), les notes d’efficacité sont satisfaisantes (note maximale = 10, la note dépend également du spectre potentiel des produits appliqués et du stade des adventices dans les essais). Lorsque l’hygrométrie est faible (courbe rouge), le spectre d’efficacité se dégrade nettement (NB : en deçà de la note de 7, le désherbage est insuffisant).

De ce fait, dans les conditions estivales actuelles, il est recommandé d’intervenir tôt le matin et de contrôler le taux d’humidité de l’air en cours de chantier de pulvérisation car celui-ci peut rapidement chuter. Attention également aux températures extrêmes : l’efficacité et la sélectivité du traitement peuvent être pénalisées lorsqu’il fait plus de 25°C. Une intervention suite à une pluie qui a réhydraté les plantes sera plus efficace.

Des conditions particulièrement propices au désherbage mécanique cette année

Depuis la mi-avril, la météo est particulièrement favorable au désherbage mécanique. Celui-ci peut même être préférable aux interventions chimiques pour un rattrapage si le temps sec et chaud perdure avec le développement d’adventices endurcies, peu réceptives des désherbants foliaires.

On veillera toutefois à la propreté sur le rang. En cas de levées importantes sur le rang, notamment de graminées, le binage peut se révéler insuffisant. En , si le premier désherbage de prélevée ou de postlevée très précoce a bien fonctionné, le relais par binage sera performant en conditions sèches.

Message rédigé par Arvalis-Institut du végétal en concertation avec Agrial, la CAPL, la CAVAC, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, la Coopérative d’Herbauges, Les établissements Hautbois, Eureden, Bernard Agri-services, Soufflet Agriculture.

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