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Ouest Occitanie

Céréales en fin de cycle : adapter la stratégie d’irrigation en fonction du type de sol et du stade

Malgré un retour significatif des pluies, certaines parcelles de céréales peuvent être toujours exposées à un risque de stress hydrique. Une irrigation, si elle est possible, permettra d’en limiter les effets.

Enrouleur et canon pour irrigation des céréales fin avril 2025 en Occitanie

Météo : le retour des pluies bénéfiques, mais suffisant ?

La campagne 2024/2025 se positionne, depuis octobre, comme une campagne plutôt chaude et sèche (figures 1 et 2). Au 5 avril, était observé un déficit de pluviométrie de 20 % environ sur la plupart de la zone Ouest Occitanie, depuis mi-octobre. Les pluies se sont faites plutôt rares sur l’ensemble du cycle et de manière plus marquée en février et mars.

Certaines parcelles ont bénéficié de tour d’eau avant les pluies de ces derniers jours, notamment dans le but de valoriser au mieux les derniers apports d’azote. Des pluies significatives sont réapparues depuis le 12 avril dans l’ensemble des secteurs. On enregistre des cumuls de pluie depuis le 10 avril de 83,7 mm à Albi (81), 45 mm à Auch (32), 55,8 mm à Riscle (32), 45 mm à En Crambade et Castelnaudary (11), 68 mm à Montauban (82). Les réservoirs restent malgré tout plutôt bas pour la période (à l’exception du Tarn) et la question de l’irrigation en fin de cycle pourrait se reposer si une période de sec venait à réapparaître dans les secteurs les plus touchés.

Figure 1 : Positionnement de l’année 2025 en termes de cumuls de pluie et de températures moyennes sur la période 25 octobre - 9 avril – station de Auch (32)
Figure 1 : Positionnement de l’année 2025 en termes de cumuls de pluie et de températures moyennes sur la période 25 octobre – 9 avril – station de Auch (32)
Source : Météo France
Figure 2 : Positionnement de l’année 2025 en termes de cumuls de pluie et de températures moyennes sur la période 25 octobre - 9 avril – station de En Crambade (31)
Figure 2 : Positionnement de l’année 2025 en termes de cumuls de pluie et de températures moyennes sur la période 25 octobre - 9 avril – station de En Crambade (31)
Source : Météo France
Carte 1 : Ecart à la pluie médiane (%) entre le 1er octobre 2024 au 1er avril 2025
Carte 1 : Ecart à la pluie médiane (%) entre le 1er octobre 2024 au 1er avril 2025
Figure 3 : Evolution des températures et précipitations du 10 au 23 avril 2025 – station météo Albi aérodrome - Le Sequestre (81)
Figure 3 : Evolution des températures et précipitations du 10 avril au 23 avril 2025 – station météo Albi aérodrome - Le Sequestre (81)
Figure 4 : Evolution des températures et précipitations du 10 au 23 avril 2025 – Auch (32)
Figure 4 : Evolution des températures et précipitations du 10 avril au 23 avril 2025 – Auch (32)

Quels effets du stress hydrique suivant le stade ?

Les blés sont actuellement entre les stades dernière feuille étalée et épiaison suivant les dates de semis et la précocité des variétés. Il s’agit d’une période où la sensibilité de la céréale au manque d’eau est à son apogée, et ce, jusqu’au stade floraison.

Figure 5 : Stades clés de la céréale et niveaux de sensibilité au stress hydrique
Figure 5 : Stades clés de la céréale et niveaux de sensibilité au stress hydrique

Quelques rappels des effets du stress hydrique suivant les stades des blés :

  • Tallage à début montaison : diminution du nombre de talles puis du nombre d’épis, baisse de l’indice foliaire et limitation de l’enracinement, diminution du nombre d’épillets ;
  • Fin montaison à floraison : réduction du nombre de fleurs fertiles, altération de la fécondation, réduction de la taille des enveloppes, avortement des embryons ;
  • Remplissage : altération de la vitesse et la durée de remplissage, sénescence précoce des feuilles.

Quel est le bilan hydrique des sols aujourd’hui ?

Durant toute la durée du cycle, la consommation en eau des blés et de l’orge est d’environ 400 mm. Les besoins du blé augmentent rapidement du début montaison à sortie dernière feuille et diminuent progressivement à partir du stade pâteux. Un blé à montaison consomme entre 3 et 5 mm d’eau par jour. Tant que la demande évaporative reste modérée (températures fraîches, pas trop d’ensoleillement, ni de vent), le stress ressenti par les cultures n’engendre pas de gros accidents (seulement une réduction progressive du métabolisme).

En sols superficiels (réserve utile (RU) ≤ 70 mm)

Malgré les pluies de ces derniers jours (figure 6), les risques de repasser en réserve de survie (RS) et donc que le blé soit pénalisé par un stress hydrique, semble possible : l’irrigation pourra être envisagée si des pluies significatives n’arrivent pas dans les prochains jours (équivalent pluie égale ou supérieur à 5 mm/jour, en moyenne, pour subvenir à la consommation journalière du blé à ce stade).

Figure 6 : Bilan hydrique pour la variété Prestance, semis du 25 octobre, sol de boulbènes superficielles, station de Montaut les Créneaux (32)
Figure 6 : Bilan hydrique pour la variété Prestance, semis du 25 octobre, sol de boulbènes superficielles, station de Montaut les Créneaux (32)

En sols moyens (RU entre 80 et 110 mm)

Le bilan hydrique d’En Crambade (figure 7) montre que la culture se trouve en situation de stress hydrique depuis le 31/03 malgré les dernières pluies : l’irrigation des céréales est à envisager au plus tôt pour ne pas pénaliser davantage le potentiel, si l’accès à l’irrigation est possible et si le stade de la culture est propice également (éviter a tout pris l’irrigation durant la floraison).

A Montaut (figure 8), les pluies récentes nous laissent un peu de répit. Cependant, si une période de sec venait à revenir durant une période significative, l’irrigation pourrait s’envisager à post-floraison.

Figure 7 : Bilan hydrique pour la variété PRESTANCE, semis du 1er novembre, sol de terreforts moyens, station d’En Crambade (31)
Figure 7 : Bilan hydrique pour la variété PRESTANCE, semis du 1er novembre, sol de terreforts moyens, station d’En Crambade (31)
Figure 8 : Bilan hydrique pour la variété PRESTANCE, semis du 25 octobre, sol de boulbènes profondes, station de Montaut les Créneaux (32)
Figure 8 : Bilan hydrique pour la variété PRESTANCE, Semis du 25 octobre, sol de boulbènes profondes, station de Montaut les créneaux (32)

En sols profonds (RU ≥ 110 mm)

Sur sol profond, seule la station d’En Crambade est marquée par le stress hydrique (figure 9) : l’irrigation pourrait s’envisager au plus tôt.

Figure 9 : Bilan hydrique pour la variété PRESTANCE, semis du 1er novembre, sol d’alluvions argilo-calcaires profondes, station d’En Crambade (31)
Figure 9 : Bilan hydrique pour la variété PRESTANCE, semis du 1er novembre, sol d’alluvions argilo-calcaires profondes, station d’En Crambade (31)

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