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Centre / Île-de-France

Maïs : quand démarrer l’irrigation ?

Les maïs les plus précoces en plaine atteignent les stades de sensibilité au stress hydrique ; et hormis des pluies localisées sous formes d’orages, la majorité des secteurs sont sans précipitations importantes depuis plusieurs semaines. Le déclenchement de l’irrigation va dépendre de l’état hydrique des sols.

Un canon d'irrigation en bout d’une parcelle de maïs en 2025 en région Centre

Une plaine globalement peu arrosée depuis les semis

Dans la majorité de la région, le manque de pluies commence à se faire sentir, avec un déficit de 60 mm (hormis les secteurs ayant bénéficié d’orages comme le nord Loiret), voire plus sur le Cher (cartes 1 et 2).

Carte 1 : Précipitations cumulées du 1er avril au 3 juin 2025
Carte 1 : Précipitations cumulées du 1er avril au 3 juin 2025
(source : ARVALIS – Météo France)
Carte 2 : Ecarts de précipitations cumulées du 1er avril au 3 juin 2025 par rapport à la moyenne 20 ans
Carte 2 : Ecarts de précipitations cumulées du 1er avril au 3 juin 2025 par rapport à la moyenne 20 ans
(source : ARVALIS – Météo France)

Parallèlement, les températures de ce début de campagne se situent au-dessus de la médiane, avec une avance actuelle autour de 50-60 degrés-jours (en base 6-30°C) par rapport à la médiane 2005-2024 (similaire à 2020). De nombreuses parcelles semées précocement atteignent à ce jour le stade 10 feuilles visibles, tandis que les plus précoces arrivent à 12 feuilles. C’est à partir de ce stade que débute la sensibilité au stress hydrique du maïs, en lien avec :

  • la mise en place du nombre de rangs par épi (qui dépend d’abord de la génétique),
  • puis du nombre de grains par rang.
Figure 1 : Ecarts cumulés de sommes de températures (base 6-30°C) pour un semis du 15 avril (Orléans - 45)
Figure 1 : Ecarts cumulés de sommes de températures (base 6-30°C) pour un semis du 15 avril (Orléans - 45)

La réserve facilement utilisable épuisée en sols superficiels et moyens

Les bilans hydriques Irré-LIS® réalisés sur des cas-types de la région indiquent que la réserve facilement utilisable (RFU) est épuisée dans la plupart des situations en sols superficiels et moyens, indiquant que les maïs rentrent en stress hydrique. De plus, des suivis complémentaires par sondes tensiométriques sur limons moyens (Réserve utile = 120 mm) permettent de confirmer les sorties des bilans hydriques, avec des tensions dépassant les seuils de déclenchement au stade 10 feuilles (méthode IRRINOV®).

Téléchargez les bilans hydriques Irré-LIS® des cas-types de la région
pdf 1.06 Mo

Ainsi, pour ces situations, à condition que le maïs ait atteint 10 feuilles, il est pertinent de déclencher le premier tour d’eau d’irrigation. Il permettra également de limiter la perte d’azote par volatilisation pour les apports réalisés ces derniers jours dans le sec.

Les sols profonds sont pour le moment épargnés de stress hydrique, et seront à suivre à partir du 10-15 juin en fonction des précipitations perçues, et de la remontée des températures prévue la semaine du 10 juin.

Quelques règles de pilotage en volume non limitant

Reprise du tour d’eau après une pluie

En cas de pluie significative (> à 10 mm), repousser l’irrigation d’un jour par tranche de 5 mm (s’il a plu 15 mm, attendre trois jours avant de reprendre le tour d’eau). Dans la mesure du possible, essayer de préserver un niveau de « remplissage » de la RFU suffisant pour accompagner les probables demandes climatiques fortes de juillet, mais conserver un « déficit sol » de 15-20 mm, permettant de stocker d’éventuelles pluies.

Contrôler la dose reçue par le maïs

Les compteurs volumétriques qui équipent le matériel d’irrigation permettent de connaître la dose reçue à la parcelle. Cependant, il n’est pas rare de constater des écarts entre la dose programmée et celle réellement apportée. Il est donc intéressant de mettre en place un/des pluviomètres dans la parcelle. Préférer les pluviomètres standards, plus précis.

Piloter l’irrigation en volume limitant

  • Dans ce cas, l’objectif est de répartir le volume d’eau disponible pour couvrir au mieux la période de sensibilité maximale du maïs au stress hydrique. Cette période s’étend du stade 15 feuilles au stade limite d’avortement du grain (SLAG), soit deux à trois semaines après la floraison femelle (250 degrés-jours en base 6-30°C) (tableau 1).
  • L’irrigation débutera donc plus tardivement qu’avec un volume non limitant : un stress modéré en début de cycle (10-12 feuilles) est moins impactant qu’un stress entre floraison et SLAG. Préférer des doses d’irrigation réduites et plus fréquentes : par exemple, pour un volume de 150 mm, six apports de 25 mm valent mieux que cinq apports de 30 mm ou que quatre apports de 38 mm.
  • Enfin, en cas de pluie significative, repousser l’irrigation d’un jour pour 4 mm de pluie.
Tableau 1 : Prévision du stade floraison femelle pour quelques cas-types régionaux
Tableau 1 : Prévision du stade floraison femelle pour quelques cas-types régionaux

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