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Hauts-de-France

Blé : face aux situations contrastées, adapter la fertilisation azotée à la parcelle

Dans la plaine, les situations sont très hétérogènes en blé, en termes de dates de semis, de développement, de climat… Dans ce contexte, il est plus que jamais nécessaire de piloter ses apports d’azote au cas par cas.  

Essais azote sur blé en Hauts-de-France

Les cumuls de températures sont très élevés depuis le début des semis et s’accentuent depuis février, ce qui pourrait fortement précocifier l’arrivée du stade épi 1 cm de plus de 10 jours par rapport à la médiane pluriannuelle.

Carte 1 : Ecart à la normale des températures cumulées entre le 1er octobre 2023 et le 19 février 2024

Carte 1 : Ecart à la normale des températures cumulées entre le 1er octobre 2023 et le 19 février 2024

Les semis sont très étalés cette année. A partir du 20-25 octobre, les conditions de l’automne ont été particulièrement rudes pour les semis, qui ont repris fin novembre puis décembre… jusque janvier.

Ainsi, les stades des blés seront décalés entre les semis précoces (avant les pluies) et les semis plus tardifs (figure 1).

Figure 1 : Répartition des parcelles selon les stades épi 1 cm qui s’échelonnent en trois vagues

Figure 1 : Répartition des parcelles selon les stades épi 1 cm qui s’échelonnent en trois vagues

Quel pilotage ?

Les premiers reliquats sont plus élevés que ceux attendus, même si évidemment, compte tenu des pluies de l’hiver, ils sont plus faibles que la normale de 10-15 u. En effet, la minéralisation dans le premier horizon est  plus forte que d’habitude et compense le lessivage bien visible dans le troisième horizon. De plus, cet azote présent en surface est très disponible pour le blé.

Semis précoces (avant 20 octobre)

Au 20 février, des blés semés avant le 20 octobre, sont souvent bien développés, voire trop. Ne pas hésiter à décaler le premier apport à début mars, au moins dans un premier temps, surtout si les reliquats indiquent que la quantité d’azote du premier horizon est élevée (>= 30 u).

En fonction de l’avance réelle du stade épi 1 cm, il sera toujours temps :

  • soit de réaliser un premier apport en mars (30-40 u, puis le second à épi 1 cm (80-100 u),
  • soit de réaliser un seul apport à épi 1 cm - 10 jours, toujours de l’ordre de 80 à 100 u maximum.

Semis tardifs

Pour les semis tardifs et les blés sur blés, il est à craindre un enracinement plus difficile.

Avec ou sans azote dans le reliquat, malheureusement, il faudra aider ces blés à démarrer par un premier apport de 40 u, et à réaliser d’ici fin février.

Le second apport sera à positionner à épi 1 cm, mais il ne devrait pas arriver avant fin mars, voire avril.

Objectif : viser maximum trois à quatre semaines entre chaque apport

En effet, un apport non consommé dans le mois qui suit, est « perdu » pour le blé : cet azote non consommé risque en effet d’être organisé et donc non disponible. Il faudra environ une centaine de jours pour que cet azote soit minéralisé et redevienne disponible, soit en juin, pour faire de la protéine si on a de la chance, soit après, pour l’interculture qui suit.

Il est donc très important de respecter au mieux le cycle et les besoins du blé ; et ne pas vouloir anticiper de trop, au risque de voir une partie de cet azote bloqué et de devoir en remettre en quantité importante et non prévue à dernière feuille à la suite du conseil d’un outil d’aide à la décision. 

Figure 2 : Evolution de la disponibilité de l’azote près un apport sur blé

Figure 2 : Evolution de la disponibilité de l’azote près un apport sur blé

Qu’est ce CHN et le réseau ?

Plus d’une quarantaine de parcelles seront suivies cette année sur l’ensemble des Hauts-de-France par CHN. Cet outil permet de simuler l’ensemble de ce qui se passe dans une parcelle : de la minéralisation de l’humus, des résidus du précédent, etc. jusqu’à la plante (biomasse et chlorophylle).

Toutes ces informations croisées, synthétisées au travers d’un indicateur global, l’INN (indice de nutrition azotée) permettent de piloter non plus le dernier apport, mais l’ensemble des apports d’un blé : du tallage à dernière feuille étalée.

Les diverses situations très contrastées nous permettront de fournir des informations plus adaptées à l’année et d’avoir un panorama complet de ce qui se passe en Hauts-de-France.

Nous disposons ainsi de parcelles de blés cultivées en ACS (agriculture de conservation des sols), dont on dit souvent que les besoins azotés sont précoces. D’autres parcelles ayant reçu un apport de digestat en février permettront de comprendre quand et combien il faudra compléter en minéral au printemps. Enfin, des situations plus conventionnelles mais semées de mi-septembre à fin décembre, avec des niveaux de reliquats et des précédents tout aussi variables.

A ce jour, seulement cinq parcelles montrent la nécessité de déclencher un premier apport azoté. Elles ont toutes un reliquat inférieur à 30 kg N/ha (mesurable par un reliquat sortie hiver). Deux d’entre elles sont en ACS et ont dû consommer de l’azote plus précocement ; d’autres ont des précédents pauvres ou encore des semis tardifs ayant du mal à s’implanter. 

La suite dans le prochain épisode…

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