Blé dur qui jaunit : une année à pression nématodes et favorable à la mosaïque
Les parcelles de blé dur, notamment les semis précoces, présentent des symptômes de jaunissements, dont les causes peuvent être multiples.

Présence de nématodes
Des jaunissements liés aux nématodes sont visibles depuis plusieurs mois mais s’estompent ces derniers jours. Cette année, la présence de ce type de symptômes est importante. Et cela fait plusieurs campagnes qu’ils apparaissent dans de nouvelles zones. Habituellement cantonnés aux sols filtrants et sableux, il est possible d’en observer sur tout type de sol (alluvions, argilo-calcaire), y compris dans des zones où ils n’ont jamais été observés.
Les symptômes : des plantes chétives et jaunes (couleur jaune « citron »), apparaissant par rond ou par plaque, souvent sur les affleurements, qui peuvent s’agrandir tant qu’il n’y a pas de reprise de la végétation significative. Sur des parcelles atteintes depuis longtemps, le système racinaire est très impacté et la reprise de végétation est timide. Cette année, les symptômes concernent des parcelles entières dans les zones où les attaques ont été précoces.Les symptômes les plus fréquemment observés sont typiques d’Heterodera avenae (photo) : système racinaire très affecté avec présence de chevelu racinaire et de kystes ou d’amas de racines. Un retour fréquent de blé dans la rotation ainsi qu’un été précédent chaud favorisent les nématodes. Le froid relatif de janvier a certainement permis aux kystes d’éclore et de contaminer les parcelles. Les seuls moyens de lutte sont agronomiques (plantes de coupure, changement d’espèces, interculture…). Sur les zones atteintes, les plantes ont des stades en retard et présentent un tallage réduit (maître-brin seul généralement). Dans les secteurs les plus touchés (Castelnaudary, Bram, Villasavary), les symptômes étant restés longtemps et la reprise de végétation, lente, il est très probable que le potentiel de rendement soit déjà affecté.
Expression de mosaïques
Depuis trois semaines, d’autres zones de jaunissement apparaissent, en lien avec la mosaïque. Les conditions climatiques ont été favorables à l’expression du virus, avec un automne assez doux et un retour du froid marqué en décembre (une semaine avec gelée systématique). Il est possible de voir des symptômes depuis plus d’un mois. Jusqu’à maintenant, les symptômes étaient plutôt timides mais avec la reprise de végétation, il est possible de les observer plus facilement. Il est probable que les plaques jaunes qui apparaissaient il y a plusieurs semaines étaient lié à la mosaïque mais elles ont tendance à s’estomper avec la croissance importante des blés durs.
Les symptômes : des jaunissements partiels de la plante par plaque, avec parfois des feuilles tirant sur le rouge. Sur le début des symptômes, il est possible d’observer des stries intermittentes jaunes le long des nervures, plus facilement observable par transparence (photo).Généralement, dans la région, c’est la mosaïque des stries en fuseau qui domine mais il est possible de croiser la mosaïque des céréales (y compris dans la même parcelle).
Les pertes de potentiel sont généralement assez faibles, surtout si la végétation pousse rapidement, comme cela semble être le cas actuellement. Il n’existe aucun moyen de lutte direct.
Il est possible de réaliser des analyses pour confirmer le diagnostic visuel (qui n’est pas toujours évident) en envoyant des échantillons à un laboratoire. Pour ce faire, prélever des plantes entières à raison de 30 plantes virosées dans un sachet en papier, éventuellement les emballer dans un papier absorbant très légèrement humide. Eviter les sacs plastiques, qui provoquent l’échauffement et le développement de moisissures. Les envoyer au laboratoire GALYS (14 rue André Boulle - 41 000 Blois) avec la feuille de renseignement qu’ils vous fourniront. Le prix de l’analyse est autour de 80 € HT, pour les 2 mosaïques.
D’autres causes possibles ?
Sur les semis les plus précoces, il est possible d’observer des symptômes de pieds chétifs liés à la présence de cicadelles à l’automne. Ces symptômes sont visibles depuis janvier dans des proportions largement moins importantes que l’année passée. Certaines zones n’ont pas de symptômes. Néanmoins, dans les situations les plus touchées, les premiers pieds contaminés ont été détruits. Côté JNO, peu de symptômes sont visibles aujourd’hui.
Pour les situations inexpliquées (pas de problème de sélectivité, pas de symptômes de nématodes, ni de mosaïques, ou encore de toxicité de cuivre), il est important de faire le point sur les éléments minéraux présents dans les sols par une analyse de terre (notamment pour le phosphore et la magnésie).
Il est également possible de voir des carences en soufre encore aujourd’hui, les jeunes feuilles étant jaune citron.
Article rédigé dans le cadre du comité technique blé dur Sud-Ouest Challenge Blé Dur
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