Apport d’azote à tallage des céréales : s’il est nécessaire, pas avant fin février
Le point sur la situation agro-climatique des parcelles de céréales, avec les préconisations pour décider si un apport d’azote à tallage est nécessaire et sur son positionnement.

Conditions météorologiques depuis le semis
Les pluies depuis le début des semis du 25 octobre jusqu’au 25 janvier (dernières données météo disponibles) ont été inférieures à la médiane sur 20 ans (cartes 1 à 4). Notamment avec des mois de novembre et décembre peu pluvieux. 17 à 26 % de précipitations en moins dans le Sud-Ouest et dans la médiane pour l’Ille-et-Vilaine. Les températures sont proches de la médiane dans le Finistère et en déficit de 1 à 2 % sur le reste du territoire.

Néanmoins, les fortes précipitations sur janvier et notamment sur les derniers jours engendrent des excès d’eau et crues historiques dans le 35.

Carte 3 : Somme de pluies du 25 octobre 2024 au 25 janvier 2025
Carte 4 : Somme de pluies du 1er au 25 janvier 2025
Un petit apport tallage à adapter aux différentes situations ?
La stratégie générale sur le premier apport d’azote est de limiter les fortes carences de début de cycle pour maintenir un optimum de talles/m² afin d’obtenir en fin de montaison un nombre d’épis/m² suffisant.
Si une carence est visible avant épi 1 cm, un petit apport de 40 unités suffit pleinement à remplir les besoins de la culture jusqu’à ce stade.
À l’inverse, avoir trop de talles/m² au démarrage n’est pas intéressant (risque de verse, maladies, talles secondaires maintenues, mais qui vont régresser plus tardivement…).

L’essai conduit en 2023/2024 par EUREDEN et ARVALIS à Trébrivan (22) en est le parfait exemple. Des gros apports avant épi 1 cm (130 unités : 80 uN à tallage et 50 uN à épi 1 cm) ne permettent pas de valoriser tout l’azote. Seulement 57 % de l’azote a été absorbé contre 70 % pour un fractionnement classique en trois apports (20 uN à tallage, 70 uN à épi 1 cm et 40 uN en fin de cycle). Conséquence à la récolte : 11,5 q/ha de perdu, sans faire plus de protéines, en plus de l’azote acheté et apporté, mais qui n’a jamais été absorbé par la culture (écart de CAU de 13 %, soit 17 kg N/ha non absorbé).
De manière générale pour ce début 2025
Les bonnes conditions d’implantation de cet automne (hormis les difficultés derrière maïs grain), avec un cumul de pluviométrie inférieur à la médiane jusque début janvier, ont permis le bon enracinement des cultures, ainsi qu’un bon niveau de tallage des céréales. Ce qui contraste avec la campagne 2024.
Faire un apport trop tôt (avant mi-fin février) et trop fort (> 40 kg N/ha) ne ferait qu’augmenter le nombre de talles qui ne vont pas contribuer au rendement et augmenter le risque de verse ainsi que les maladies.
L’apport tallage peut donc être réalisé deux à trois semaines avant l’arrivée du stade épi 1 cm (tableau 1), c’est-à-dire pas avant fin février. La majorité des parcelles en Bretagne devrait arriver à épi 1 cm autour du 20 mars.
Deux outils pour décider d’une impasse d’apport tallage :
- Les bandes double densité aident également à positionner le premier apport ou à décider de l’impasse. Si la zone double densité se décolore avant épi 1 cm, faire un apport, sinon apporter autour d’épi 1cm.
- Les reliquats de sortie d’hiver permettent également de décider d’une impasse tallage ou non. Si les reliquats sur les trois horizons (0-30/30-60 et 60-90 cm) dépassent 60 kg N/ha, une impasse est possible.

Pour les parcelles concernées par les crues et hydromorphies
Les crues historiques en l’Ille-et-Vilaine ont amené à passer le département en vigilance rouge. Un certain nombre de parcelles se retrouve sous l’eau dans un état d’anoxie qui provoque l’arrêt du métabolisme des plantes.
Le stade tallage est le stade le moins sensible à ces excès d’eau. Néanmoins, une période prolongée d’excès d’eau à tallage provoque un retard de croissance et de tallage.
L’impact sur le rendement va dépendre de la durée d’immersion des céréales et des pluies de février. Un retour à la normale sous une semaine et des niveaux d’eau avec un mois de février normal peuvent permettre aux céréales de rattraper leur retard sans grand impact sur le rendement final. Les situations seront contrastées selon la position des parcelles vis-à-vis des crues et la durée de décrue.
Ces parcelles vont subir un retard de croissance et de tallage, un apport au stade tallage de 40 unités sera nécessaire pour éviter des carences sur des céréales ayant potentiellement insuffisamment de talles. Il faut attendre que le sol soit bien ressuyé et que la croissance reparte correctement pour que l’apport soit efficient.
>> L’apport tallage est généralement peu efficient :
- Moins de 40 à 50 % de l’azote apporté est absorbé par la culture à tallage
>> Des bonnes implantations, enracinement et tallage :
- Les parcelles ont bien tallé, ce qui permet de décaler le premier apport plus sereinement pour le rendre plus efficient.
- Les bandes double densité ou les reliquats sortie d’hiver permettent de décider de faire l’impasse ou non.
>>Si un apport est nécessaire :
- Pas trop tôt : pas avant fin février voire plus tard pour les semis tardifs.
- Avec une dose modérée max 30-40 kg N/ha.
>> De gros apports (>40-50 kg N/ha) seront pénalisants dans la suite du cycle :
- Risque de verse et maladies accru.
- Perte de rendement potentielle et surtout de protéines.
>> Rappel de la fertilisation azotée :
- Biberonner les cultures pour apporter l’azote au plus près des besoins.
>> Cas des parcelles sous l’eau en raison des crues ou parcelles hydromorphes :
- Attendre la reprise de croissance.
- Un apport de 30-40 unités sera nécessaire au vu du stress provoqué sur la culture.
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