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Prairies : se donner une marge de souplesse avec les cultures dérobées

Face à la pénurie de fourrages que connaît l’élevage suite aux conditions sèches du printemps 2011, de nombreux éleveurs cherchent à compléter leurs stocks ou à prolonger le pâturage à l’automne. Les cultures fourragères semées en dérobé après les récoltes de céréales peuvent apporter leur contribution dès cet automne et/ou au printemps prochain.

Se donner une marge de souplesse avec les cultures dérobées

Les espèces fourragères semées en dérobé doivent s’implanter vite et bien, tout en ayant une vitesse de croissance élevée à l’automne. Elles doivent également être adaptées à leur utilisation finale. Le choix dépend aussi du type d’animaux qui vont les consommer, de la période de production, de leur valeur alimentaire…

En exploitation d’élevage, les espèces retenues sont essentiellement le ray grass d’Italie (RGI), le moha, le seigle, l’avoine et le colza fourrager. Pour le RGI, le choix variétal se portera sur des variétés alternatives, éventuellement de courte durée, diploïdes pour une utilisation en fauche. En production laitière, les crucifères comme le colza ne conviennent pas en raison du risque de mauvais goût transmis au lait.

À l’inverse, elles sont très bien adaptées au pâturage d’automne par les ovins. Compte tenu de leur faible développement en semis de fin d’été, les légumineuses comme le trèfle incarnat ou le trèfle d’Alexandrie sont plutôt cultivées en association avec une graminée, essentiellement pour une utilisation au printemps suivant.

Un couvert hivernal possible

Outre leur rôle alimentaire, ces cultures servent aussi de couverture hivernale des sols et de piège à nitrates. La directive « nitrates » ne s’applique pas aux cultures dérobées, ce qui donne de la souplesse dans les dates de semis et les périodes d’utilisation. Et cela ne les empêche pas d’être comptabilisées dans les surfaces couvertes.

La directive « nitrates » ne s’applique pas aux cultures dérobées, ce qui donne de la souplesse dans les dates de semis et les périodes d’utilisation.

La conduite des cultures dérobées peut s’écarter sensiblement de celle d’une culture intermédiaire. La recherche d’une production importante entraîne par exemple souvent le recours à une association avec une légumineuse ou à un apport d’azote, minéral ou organique. Ce peut être le cas sur un ray grass d’Italie. Semé en dérobé, il reçoit souvent de l’azote en fin d’hiver avant d’être récolté en ensilage au printemps suivant, soit fin avril-début mai. Cette récolte « tardive » par rapport à une destruction précoce préconisée pour les couverts entraîne un retard du semis du maïs avec, en corollaire, une baisse du rendement de celui-ci. Toutefois, la production cumulée du ray grass et du maïs est supérieure à celle du maïs seul.

Prolonger le pâturage 

Les cultures dérobées sont le plus souvent pâturées durant l’automne et en début d’hiver dans les zones les plus douces. Elles prolongent la saison de pâturage pour les animaux les moins exigeants (génisses, vaches taries, brebis), ce qui permet de réserver les stocks pour les animaux en production. Le pâturage des cultures dérobées ne doit toutefois pas désorganiser l’exploitation des prairies pérennes, où les repousses peuvent aussi être importantes à l’automne. Cette pratique doit être considérée comme un appoint, notamment en cas d’automne sec et de repousses faibles des prairies.

Lors d’automnes pluvieux, le pâturage des dérobées peut s’avérer utile car il réduit le piétinement des animaux susceptible de détériorer les prairies pérennes. L’affouragement en vert est une alternative au pâturage. Mais le besoin important en main d’œuvre et la mécanisation nécessaire (fauche et transport) le limite à des cas bien précis de parcelles éloignées, non clôturées ou, si le climat n’est pas favorable, au pâturage. Ces cultures dérobées peuvent aussi être ensilées ou enrubannées. Mais cette utilisation est plus rare car leur teneur en matière sèche est faible et il est très difficile de faire un préfanage à cette période de l’année.

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