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Climat 2050 : quels impacts sur la ressource en eau ?

Le réchauffement climatique impacte déjà le territoire français, avec des conséquences potentiellement fortes sur la ressource en eau et les cultures dans les années à venir. Explications avec Olivier Deudon, responsable base de données météo chez ARVALIS.

Quels sont les faits marquants qui montrent l’urgence d’agir ?

Le réchauffement climatique est bien là ! Deux évolutions majeures en apportent la preuve :

  • 17 des 18 années les plus chaudes au niveau mondial ont été enregistrées depuis 2000, 2016 en tête, suivie de près par 2017 et 2015.
  • la concentration en dioxyde de carbone, très corrélée à l’augmentation des températures, a atteint le seuil des 400 ppm en 2016 (contre à peine 280 ppm en 1850).

En France, le changement climatique se caractérise par une augmentation des températures depuis les années 90, avec une certaine variabilité spatiale. Les températures moyennes augmentent sur une ligne Sud-Ouest / Nord-Est.

Pour la pluviométrie, le signal est beaucoup plus diffus, mais la tendance montre davantage de précipitation sur le nord de la France et moins sur le Sud. Il existe aussi une certaine disparité saisonnière, avec une augmentation des précipitations sur le printemps et l’automne.

A noter que le réchauffement climatique s’accompagne également d’une augmentation des phénomènes extrêmes. Pour preuve, les quatre vagues de chaleur les plus chaudes et les plus longues enregistrées en France ont toutes eu lieu après 1981 alors que les trois vagues de froid les plus longues et les plus intenses sont toutes postérieures à cette année-là.

Quelles sont les projections en matière de sécheresse ?

A partir de simulations climatiques, le projet Climsec a permis de comparer l’évolution des sécheresses météorologique et agronomique tout au long du XXIe siècle.

A l’échéance 2050, les sécheresses agricoles seront amplifiées malgré une faible évolution du régime des précipitations. Les zones de montagnes seront les plus touchées, en particulier sur la période printanière, du fait vraisemblablement d’une fonte plus précoce du manteau neigeux.

A l’échéance 2080, les sécheresses météorologiques s’amplifient et touchent l’intégralité du territoire, en particulier sur la période été-automne. Le Sud-Ouest serait surtout impacté pendant la période hivernale tandis que la façade ouest serait surtout pénalisée à l’automne. Les sécheresses agricoles, quant à elles, seraient très fortement amplifiées à cette échéance pour tout le territoire. Les sécheresses extrêmes printanières et estivales prédominent dans la plupart des régions, alors que les sécheresses hivernales extrêmes et à un degré moindre les sécheresses automnales sont plus fortes sur la moitié Nord.

Deux notions importantes ressortent de ces simulations :

  • la prépondérance des sécheresses agricoles par rapport aux sécheresses météorologiques, du fait de l’augmentation de l’évaporation (en lien avec l’augmentation des températures).
  • l’aspect non linéaire de cette augmentation, en particulier à partir de 2050 où le nombre de sécheresses explose en France ainsi que leur variabilité.

Quel impact sur la ressource en eau et le développement des cultures ?

Le réchauffement climatique va donc impacter la ressource hydrologique. Sur le bassin de la Garonne par exemple, on considère que le débit naturel d’étiage sera réduit de moitié. Toutes les grandes rivières du Sud pourraient voir leur débit diminuer de 20 à 40 %, voire 50 % en période estivale.

Pour les cultures d’été, le changement climatique provoquera une diminution du cycle végétatif et une précocification des stades. Cela va sans aucun doute pénaliser les rendements et augmenter fortement les besoins en irrigation. Toutes les cultures pluviales seront en revanche fortement pénalisées.

Pour les cultures d’hiver comme le blé, une diminution du cycle végétatif est aussi observée ainsi qu’une précocification des stades avec néanmoins quelques avantages : le blé va pouvoir éviter certains stress (thermique en particulier). Toutefois, le confort hydrique diminuera, pénalisant fortement le rendement à échéance 2100. Les simulations montrent que la durée d’entrée en période d’irrigation du blé devrait être avancée de l’ordre de 10 jours, avec des volumes en augmentation, en particulier avant le stade floraison et pour les sols à très faible réserve utile.

Concernant le colza, les sécheresses de fin d’été pénaliseront les semis. Ils devront être décalés dans le temps pour trouver de bonnes conditions avec bien sûr une pénalité sur les rendements. Le recourt à l’irrigation starter pour ce type de culture sera certainement plus fréquent. »

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