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JNO : le jaunissement des parcelles de céréales d'hiver à surveiller

La Jaunisse nanissante de l'orge (JNO) est une maladie virale qui peut affecter les blés et orges d'hiver.  Il n'existe aucune technique de lutte contre cette maladie virale quand la plante est infectée. La lutte doit s'envisager en amont contre les vecteurs du virus : les pucerons.

Céréales : Lutter contre les pucerons à l'automne pour éviter la JNO

Différents pucerons peuvent transmettre le virus BYDV responsable de la JNO. Mais ce sont les pucerons de l’espèce Rhopalosiphum padi les principaux responsables de l’infection car ils sont  majoritairement présents à l’automne,  période où la contamination des céréales à paille d’hiver est la plus préjudiciable. En effet la sensibilité de la plante est maximale  du stade levée au stade 3 feuilles.

Rhopalosiphum padi est un puceron à forme globuleuse (1,2 à 2,4 mm), qui présente un corps vert foncé avec des taches rougeâtres autour de l’insertion des cornicules. A l’automne, lorsque les conditions sont favorables (température supérieure à 10°-12°C, temps ensoleillé)  les pucerons ailés volent et se posent préférentiellement sur les jeunes plantules de céréales.  Ils transmettent  le virus lors de leurs piqûres alimentaires. L’infestation est d’autant plus importante que le nombre de jours de vols est élevé : les semis précoces sont ainsi toujours plus exposés. Suite à cette contamination primaire de la parcelle, la diffusion de la maladie est assurée par leur descendance : les pucerons aptères (sans ailes) se contaminent en se nourrissant sur des plantes malades puis contaminent d’autres plantes (dissémination par foyer). La température joue à nouveau un rôle important sur le taux d’accroissement de la population de pucerons aptères  car  la rapidité de ponte augmente avec la température (jusqu'à 25°C).

Reconnaître la JNO

Cette maladie est principalement observée sur orge mais elle affecte également le blé et les autres céréales à paille. Les premiers symptômes peuvent se manifester dès l’automne (15 à 30 jours après inoculation) par un jaunissement débutant à l’extrémité des feuilles.

Sur orge, les symptômes sont généralement observés début montaison. Ils se manifestent en petits foyers plus ou moins resserrés selon l’intensité de l’attaque.  Les pointes des feuilles des plantes atteintes jaunissent jusqu’au dessèchement.  Les plantes sont nanifiées (aspect moutonné de la parcelle) et peuvent même disparaître.

Sur blé, les symptômes sont plus tardifs : végétation chétive sans tallage excessif, jaunissement des feuilles avec rougissement des jeunes feuilles et, à épiaison, couleur lie de vin /jaune de la dernière feuille (feuille drapeau).

Si les symptômes varient selon l’espèce ils varient aussi selon la variété, l’isolat viral impliqué, l’intensité de la contamination et le stade physiologique de la plante au moment de l’infection. Ils peuvent être aggravés par des conditions climatiques ou d’autres agents pathogènes. Les plantes infectées sont généralement moins résistantes à d’autres stress, qu’ils soient biotiques (piétin échaudage par ex) ou abiotiques (résistance au froid).

Attention à ne pas confondre les symptômes de la JNO avec ceux d’autres maladies comme la maladie des pieds chétifs (autre maladie virale, transmise par des cicadelles) ou avec une carence en soufre.

JNO
Pieds chétifs
Jaunissement / rougissement des dernières feuilles.
nanisme orge à montaison
Plantes chétives, disparition de plantes
tallage pouvant être excessif
 
JNO
Carence en soufre
Taches petites et dispersées
Grandes zones irrégulières (liée au sol)
Feuilles jaunes (+ pointe rouge).
Feuilles vert pâle ou striées

Une analyse virologique peut confirmer votre diagnostic. L’analyse peut être réalisée jusqu’à des stades tardifs, à condition de pouvoir disposer de feuilles vertes.

La présence de repousses de graminées accentuent le risque

Les repousses et d’autres plantes réservoirs (graminées sauvages) présentes à proximité sont des sources potentielles de vecteurs et de virus et constituent un facteur de risque important.

Un climat doux et ensoleillé à l’automne favorise l’activité des pucerons : leurs vols - contamination de la parcelle- , leur reproduction -dissémination de la maladie sur la parcelle - et leur durée de présence sur la parcelle,   ce qui augmente sensiblement le risque de développement de la JNO.

Cette maladie peut être observée sur l’ensemble du territoire avec de fortes variations annuelles. La gravité de la maladie dépend de la quantité de pucerons porteurs de virus, de leur dynamique de reproduction et de la durée de leur présence sur la parcelle, des facteurs tous fortement dépendants des températures de l’automne. Les pertes de rendement peuvent s’échelonnent de 5 à 20 q/ha ou plus selon l’intensité des attaques.

Eviter les semis précoces

La lutte préventive s’appuie sur la destruction des repousses et graminées sauvages (réservoirs), en veillant toutefois à ne pas entraîner un mouvement des populations vers des semis de céréales.

Pour réduire l’exposition des jeunes plantes aux attaques de pucerons, il est également conseillé d’éviter un semis précoce entraînant une plus forte concomitance entre la période de sensibilité de la céréale et le vol des insectes.

Pour compléter la lutte agronomique, il existe deux méthodes de lutte :

• La lutte préventive à l’aide d’un traitement insecticide  des semences :
le traitement de semences avec un insecticide systémique se justifie essentiellement sur les semis précoces (fin septembre, jusque mi-octobre) et principalement sur orge. Le produit est véhiculé par la sève, l’insecte s’intoxique et meurt en piquant la plante. La persistance de la protection s’étend de la levée jusqu’au début tallage, mais pas au-delà. En cas d’automne doux prolongé, la dilution du produit dans les plantes très développées ne permet plus une bonne protection, les plantes peuvent être exposées à de nouvelles contaminations tardives. Face à des attaques prolongées, un traitement en végétation est alors à envisager en complément.

• La lutte curative à l’aide d’un traitement en végétation bien positionné : il est conseillé d’intervenir si plus de 10 % des plantes portent au moins un puceron ou si les pucerons sont présents depuis plus de 10 jours dans la parcelle. L’observation se fait dès la levée, par beau temps, en parcourant la parcelle. En cas de gelées matinales, les pucerons ne volent plus mais sont toujours présents et s’abritent au niveau de la base des plantes. L’observation devient alors plus difficile et il faut attendre le réchauffement en cours de journée pour que les pucerons soient visibles sur les feuilles. Les insecticides en végétation agissent par contact et ne protègent pas les nouvelles feuilles formées. En cas d’automne doux et de vols prolongés, une seconde intervention peut parfois être nécessaire.

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