Semis d’orges de printemps : pas plus de 50 % à l’automne
Lors de la campagne 2024/2025, les semis d’automne d’orges de printemps ont affiché de belles perfomances, avec une meilleure résistance à à la sécheresse que ceux de février-mars. Alors que c’était l’inverse en 2023/2024 ! Ainsi, selon les résultats pluriannuels, complétés par une analyse de risque, mieux vaut éviter de semer toutes ses orges de printemps à l’automne. En prenant en compte plusieus paamètes (gel, pluies-sec, charges), la bonne part se situerait entre 20 et 50 %.
De bons rendements 2025 pour les semis d’automne
Les orges de printemps en semis d’automne (OPsa) ont montré une nouvelle fois tout leur intérêt en année de sécheresse. L’allongement de la phase de tallage limite les pertes d’épis en printemps sec et assure un bon nombre de grains/m² et de rendement.
En sols superficiels, les essais historiques montrent que le rendement est amélioré de 10-15 % en cas de déficit hydrique au printemps. Les écarts étaient jusqu’alors moins marqués en sols profonds (essais historiques : 2008-2010).
En 2025, les rendements des OPsa ont avoisiné les 90-100 q/ha en craie (contre des rendements autour de 60-65 q/ha en semis de février-mars, l’orge étant une espèce qui fait son rendement principalement sur les épis). Donc, même en sols profonds, en année de forte sécheresse, les OPsa peuvent tirer leur épingle du jeu comme en sols superficiels.
Au niveau des variétés, LG Allegro performe devant RGT Planet, que ce soit en semis d’automne (+12 q/ha en 2025 sur notre essai) ou de printemps (+4 q/ha en 2025 sur notre essai).
Figure 1 : Ecart de rendement entre orges de printemps semées à l’automne par rapport à un semis de février/mars (synthèse ARVALIS Champagne)
Cette figure présente des écarts de rendements entre OPa et OPp, en craie : pour des comparaisons automne-printemps sur la même parcelle pour 4 essais, et pour des comparaisons sur des parcelles diffférentes mais dans le même terroir (dans ce cas des écarts de rendement autour de 10 q/ha ne sont pas significatifs).
En année humide, c’est l’inverse : semer en février-mars, c’est mieux
En printemps humide (comme en 2023 et 2024), la pression maladies (rhynchosporiose – helminthosporiose) est extrêmement forte – quasi immaîtrisable sur OPsa, ce qui engendre des pertes de rendements (-30 à -40 % de rendement pour les OPa vs OPp).
Les semis de printemps offrent des rendements égaux, voire supérieurs, au semis d’automne, avec des charges bien moins élevées. De plus, la qualité des OPsa peut être altérée, engendrant des déclassements vis-à-vis du débouché brassicole : les maladies foliaires affectent le PMG (poids de mille grains) et le calibrage des orges. La nuisibilité peut atteindre 30-50 q/ha, trois voire quatre fongicides sont nécessaires…
En Champagne, la fréquence des printemps très humides est à peu près équivalente à celle des printemps très secs : environ 3-4 années sur 10.
Un risque de gel réduit ces dernières années, mais toujours présent
Les orges de printemps présentent une sensibilité plus importante au gel que les orges d’hiver. Avec le changement climatique, les hivers sont plus doux, et le risque de gel plus faible, mais toujours bien présent. Aucune adaptation de l’itinéraire technique ne peut prévenir d’un dégât de gel hivernal sur orges de printemps semées en automne. De moins en moins d’hiver avec des températures négatives suspectibles d’affecter les céréales semées en hiver (température minimum inférieure à -12°C) sont recensés en Champagne (tableau 1). En Barrois, des journées froides à risque pour cette culture surviennent encore régulièrement.
Outre le risque de gel hivernal, les orges de printemps semées à l’automne courent aussi le risque du gel d’épi. En effet, comme pour toutes les céréales, la sensibilité de l’orge est accrue après le passage du stade épi 1 cm. En semis d’automne, il faut donc veiller à adopter un semis assez tardif, permettant de retarder l’arrivée de ce stade après les périodes les plus froides de l’hiver. Un semis début novembre permet d’avoir des OPsa au stade épi 1 cm à des dates habituelles pour les orges d’hiver et donc, de limiter le risque de gel de l’épi.
La densité de semis doit être suffisante pour pallier aux conditions climatiques de l’hiver et optimiser la composante épis/m² : 300-350 grains/m² en bonnes terres et/ou bonnes conditions de préparation, jusque 380 grains/m² sur des argilo-calcaires et/ou mauvaises conditions de préparation. Si les semis sont après le 10 novembre, basculer à 380 grains/m² dans les bonnes terres et 400 grains/m² dans les sols caillouteux.
Alors quelle proportion faire entre automne et printemps en craie ?
Entre 2019 et 2025, sur la base de nos essais :
- les semis d’automne auront été bénéfiques 2 à 3 années sur 6 ;
- même rendement entre automne et printemps 2 à 3 années sur 6 (mais charges plus contenues pour les semis de printemps) ;
- rendement pénalisé des semis d’automne 1 année sur 6.
En résumé, le changement climatique accentuant les sécheresses au printemps, il est tout à fait logique de s’adapter et de semer des orges à l’automne. Mais dans un cas sur deux, le semis de printemps sera égal ou meilleur avec des charges nettement moins élevées (fongicides en particulier). Chacun fera ses propres choix dans l’analyse de risque, mais tout semer à l’automne ne sera pas une stratégie gagnante tous les ans. Est-ce que le bon équilibre se situe entre 20 % et 50 % à l’automne et le reste en février-mars ?
Quelques rappels pour la conduite des OPsa
- Plage de semis : fin octobre – novembre.
- Désherbage : privilégier les OPsa pour des parcelles propres car le nombre de solutions herbicides à l’automne est réduit compte tenu des problèmes de sélectivité. En cas de gel, le coût de l’herbicide à l’automne sera perdu… En général, il est conseillé Trinity ou Trooper (sans impact sur la culture), Fosburi à dose réduite.
- Fertilisation : en général, moins de risque d’excès de protéines (c’est plutôt l’inverse, les protéines sont parfois trop basses). La dose peut être ajustée avec le N-tester (penser à la bande surfertilisée).
- Maladies : c’est le point noir des OPsa, la nuisibilité est doublée voire triplée par rapport aux orges de printemps semées au printemps, et parfois ce n’est pas maîtrisable même avec trois - quatre fongicides. Le traitement de semences Systiva peut aider à contrôler la rhynchosporiose, mais sera sans effet sur une pression helminthosporiose. Penser à l’alternance des matières actives, et à ne pas traiter avec une SDHI (Revystar , Kardix…) au printemps en cas d’utilisation de Systiva.
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