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Sud-Ouest

Semer du blé dur chaque année, une stratégie gagnante

Dans le Sud-Ouest, bassin de production historique du blé dur, la culture peut être en concurrence avec le blé tendre et/ou le blé améliorant. Pour autant, les données comptables observées sur un large panel d’agriculteurs montrent que le blé dur est, en pluriannuel, une culture intéressante, même avec une variabilité de la production, une variabilité de la qualité et les réfactions associées.

Parcelles de blé dur en 2025 en Occitanie

Une aide couplée plus importante

Dans le courant de l’année 2025, les professionnels de la filière blé dur ont défendu auprès des pouvoirs publics l’intérêt de la production de blé dur française ; la pertinence de maintenir cette culture dans les bassins de production historiques, en particulier dans le sud de la France ; et d’assurer la souveraineté de cette production dans une filière qui reste dynamique.

Voici leur réponse : « En complément du plan de souveraineté blé dur, qui doit permettre de travailler collectivement pour trouver des solutions structurantes aux difficultés de la filière qu’alimentent les importations de façon croissant, l’enveloppe allouée à l’aide couplée au blé dur sera revalorisée de 7,5 M€ par an en 2026 et en 2027, soit 15 M€ au total, au profit des exploitants situés dans les zones de production traditionnelles ce qui permettra de doubler les aides actuelles. » (communiqué de presse du ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, 1er juillet 2025)

Grâce à cette réévaluation de l’aide couplée au blé dur, les producteurs pourraient bénéficier d’une aide blé dur comprise entre 120 et 140 €/ha. Cette aide, liée à la surface en production dans les zones traditionnelles, sera applicable pour les campagnes 2026 et 2027. Les modalités d’attribution devraient rester inchangées.

Les professionnels et les pouvoirs publics sont dans l’attente de la validation par l’Union européenne.

Une réalité économique

L’analyse des données de l’Observatoire ARVALIS-Unigrains et des données CER dans le département de la Haute-Garonne montre que le blé dur permet de dégager des marges brutes intéressantes pour la plupart des années en comparaison au blé tendre. Ces calculs sont issus d’observations réelles, prenant en compte les prix payés avec les réfactions et les différentes stratégies de commercialisation, que ce soit en blé dur ou en blé tendre.

Figure 1 : Différentiel de marges brutes entre blé dur et blé tendre – Observatoire Haute-Garonne

Figure 1 : Différentiel de marges brutes entre blé dur et blé tendre – Observatoire Haute-Garonne

En moyenne sur les 17 ans, le différentiel de marges brutes entre blé dur et blé tendre est de 255 €/ha en Haute-Garonne. Les dernières campagnes, avec des difficultés de production, de qualité et de prix des intrants, ne dérogent pas à l’observation globale : le blé dur est économiquement intéressant en pluriannuel.

Pour 2025, les résultats sont encore favorables au blé dur, même si la productivité est 10 à 20 quintaux inférieure au blé tendre, les réfactions sont assez faibles cette année. La variabilité des résultats reste néanmoins importante entre deux années, mais il est difficile de ne choisir ses années qu’en fonction du marché, lui-même assez volatile d’une année sur l’autre.

En général, les années où le différentiel de prix entre le blé dur et le blé tendre est très important, les marges brutes sont largement à l’avantage du blé dur. Cela signifie que le blé dur reste une culture intéressante pour les régions de production.

D’un point de vue stratégique, comme peu d’éléments sont prévisibles, il est préférable de semer du blé dur chaque année pour réduire les aléas plutôt que d’essayer de « viser » les bonnes années.

Attention néanmoins :

  • Différentiel de marge à l’avantage du blé dur ne veut pas obligatoirement signifier que la marge est importante. C’est le cas notamment des années où les intrants augmentent fortement et/ou la production est en berne.
  • Le blé dur est une culture qui nécessite plus de précision sur le positionnement des traitements notamment au stade floraison, et l’inconnu de la qualité récoltée existe jusqu’à la récolte. De fait, la culture de blé dur demande une trésorerie plus importante et la prise de risque face à l’inconnu fait partie de la culture.

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