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Rhône-Alpes

Risque maladies sur blé tendre : les conditions climatiques à venir seront déterminantes

Bientôt le stade 2 nœuds pour le blé tendre : c’est le moment de faire le point sur le risque maladies en tenant compte des observations réalisées dans la plaine et des prévisions des modèles épidémiologiques d’ARVALIS. Objectif : décider si une première intervention fongicide est nécessaire ou non.

Observation maladies sur feuille de blé tendre en 2025 en Rhône-Alpes (septoriose)

Le cœur de la protection contre les maladies des blés s’effectue par une intervention fongicide à dernière feuille étalée qui vise à protéger le feuillage définitif. Une surveillance des parcelles est toutefois nécessaire à partir du stade 2 nœuds pour identifier les situations où certaines maladies se développeraient de façon trop rapide ou importante pour que la protection à dernière feuille soit suffisante. Dans ces situations, au cas par cas, une intervention peut être nécessaire avant ce stade pour contenir les maladies et permettre une pleine efficacité du traitement à dernière feuille. La sensibilité de chaque variété est un élément majeur à prendre en compte dans cette analyse.

Une météo « normale » depuis les semis, qui contraste avec les extrêmes de l’an dernier

Après d’importantes pluies de début septembre au 15 octobre, qui ont perturbé les chantiers de récolte des cultures de printemps et le début des semis de céréales, la campagne 2024/2025 se caractérise par une météo assez proche des normales sur vingt ans.

Selon les stations météo, la pluviométrie enregistrée du 1er octobre 2024 au 1er avril 2025 varie d’environ -15 à +15 % de la moyenne (quand l’an dernier elle variait plutôt de +30 à +80 %, particulièrement dans la moitié nord de la région). Surtout, la température moyenne sur cette période se situe entre +0,5°C et +1°C de la normale (contre le record de +1,5 à +2°C l’an dernier).

Le nombre de jours de gel observé est cette année également très proche de la moyenne pour la plupart des situations, alors qu’il était historiquement faible durant l’hiver 23-24. Voici l’exemple de la station de Colombier-Saugnieu (69), représentative de la plaine de Lyon.

Figure 1 : Positionnement de l’année 2025 en termes de cumuls de pluie et de températures sur la période 1er octobre – 1er avril – station de Lyon-St-Exupéry / Colombier-Saugnieu (69) – Analyse fréquentielle 2005-2024
Figure 1 : Positionnement de l’année 2025 en termes de cumuls de pluie et de températures sur la période 1er octobre – 1er avril – station de Lyon-St-Exupéry / Colombier-Saugnieu (69) – Analyse fréquentielle 2005-2024

Ces conditions météo ont permis un développement des cultures également proche de la moyenne sur vingt ans ; le stade 2 nœuds devrait être atteint entre le 8 et le 18 avril dans la majorité des situations de la région.

C’est à partir du stade 2 nœuds que l’on commence à évaluer le risque maladies sur blé et la nécessité de déclencher ou non une première intervention fongicide.

Rouille jaune : un risque actuellement très limité

La sensibilité variétale est un élément prépondérant dans l’estimation du risque relatif à la rouille jaune.

Or, la grande majorité des variétés cultivées dans la région sont peu sensibles, avec une note de 7 et plus : Intensity, Izalco CS, KWS Ultim, LG Abilene, LG Aikido, RGT Pacteo ou RGT Propulso par exemple. Une vigilance reste toutefois nécessaire sur ces variétés à partir du stade 2 nœuds, car les résistances variétales peuvent parfois être contournées, mais le risque est limité.

Les variétés notées 6 ont une tolérance intermédiaire : Karoque, LG Absalon ou RGT Letsgo peuvent être touchées en cas de conditions très favorables à l’expression de la maladie.

Pour les variétés sensibles avec une note inférieure à 5 - Complice, LG Acadie, LG Asterion, Prestance, RGT Montecarlo ou RGT Sacramento -, une surveillance rapprochée est nécessaire en raison du caractère explosif de la maladie et de sa nuisibilité.

Figure 2 : Echelle de résistance à la rouille jaune des variétés de blé tendre - 2024

Le modèle ARVALIS Crusty prend en compte la date de semis, la sensibilité variétale et de nombreuses variables climatiques pour estimer la probabilité d’apparition de la rouille jaune. Au 1er avril 2025, le modèle indiquait un risque d’apparition de la rouille jaune faible même pour les variétés sensibles en Rhône-Alpes.

En effet, la rouille jaune s'est faite plutôt discrète pendant la campagne 2023/2024 et le niveau d'inoculum initial de la campagne 2024/2025 était sans doute relativement faible. En outre, même si les conditions douces et humides d’octobre et novembre ont été favorables au développement de la maladie, les périodes de gel en janvier et février ont freiné le niveau de risque.

Rouille jaune reconnaissable à ses pustules alignées le long des nervures ©ARVALIS
Rouille jaune reconnaissable à ses pustules alignées le long des nervures © ARVALIS
A ce jour, il n’y a pas eu de signalement de rouille jaune dans la région : les gelées de l’hiver pourraient être favorables à un développement tardif de la maladie, voire à une faible occurrence cette année. Les variétés sensibles à la rouille jaune représentent en outre de faibles surfaces dans la région. Cependant, la vigilance reste de mise et les conditions climatiques dans le mois à venir seront déterminantes.

Septoriose : une absence de pluies qui limite le risque

En ce qui concerne la septoriose, ce sont les conditions climatiques rencontrées à partir de maintenant, pour les secteurs les plus avancés en stades, qui aboutiront à un scénario d’attaque précoce ou non, l’inoculum de septoriose étant rarement limitant. Les conditions climatiques entre le stade 2 nœuds (au moment où la F2 définitive pointe) et la floraison sont déterminantes sur la nuisibilité finale de cette maladie.

Figure 3 : Clés de reconnaissance des feuilles
Figure 3 : Clés de reconnaissance des feuilles

Comme pour les autres maladies, des différences de sensibilité variétale existent.

Figure 4 : Echelle de résistance à la septoriose des variétés de blé tendre - 2024

Pour rappel, sur septoriose, l’impasse du premier traitement à 2 nœuds est la règle sur les variétés avec une note septoriose ≥ 6,5 (tableau 1) comme Balzac, Intensity, KWS Parfum, LG Abilene, LG Absalon, Prestance ou RGT Pacteo.

Tableau 1 : Clés de décision pour déclencher un T1
Tableau 1 : Clés de décision pour déclencher un T1

Seules les situations où le modèle Septo-LIS® indique un développement précoce de septoriose sur des variétés sensibles avec une note < 6,5 comme KWS Ultim, LG Aikido ou RGT Propulso nécessitent un premier traitement. Dans ces situations, il est préconisé d’utiliser des produits de biocontrôle à base de soufre ou soufre + phosphonate, soit seuls, soit en association avec une triazole.

A ce jour les simulations effectuées avec Septo-LIS® sur 42 cas-types de la région (sept stations météo, trois dates de semis et deux variétés, sensible et résistante) indiquent systématiquement un niveau de risque faible.

Tableau 2 : Niveau de risque selon la situation
Tableau 2 : Niveau de risque selon la situation
Dans la majorité de la région, les dernières pluies significatives remontent au 25 mars et les prévisions météo à dix jours (consultées le 4 avril) ne prévoient pas de nouvelles pluies. Ces conditions météo ne sont pas favorables au développement de la septoriose, qui a besoin de pluies pour progresser des feuilles basses vers les feuilles plus hautes des plantes, et de conditions humides pour se développer. Le risque est donc faible à ce jour dans la région mais la maladie sera à surveiller au retour des pluies.

Rouille brune : des températures hivernales qui modèrent le risque

De fortes différences de sensibilité variétale sont également observées pour la rouille brune.

Figure 5 : Echelle de résistance à la rouille brune des variétés de blé tendre - 2024
Figure 5 : Echelle de résistance à la rouille brune des variétés de blé tendre - 2024

Les variétés Intensity, Karoque, KWS Ultim, RGT Pacteo sont à surveiller particulièrement du fait de leur sensibilité. La maladie s’exprime également de façon plus marquée chaque année dans les zones les plus chaudes de la région : plaine de Valence et de Montélimar, Vallée du Rhône et dans une moindre mesure plaine de Lyon.

L’hiver 2024-2025 a été beaucoup moins doux que l’hiver précédent, avec un nombre de jours de gel plus important et un cumul de températures bien moindre. Cela est défavorable au développement de l’inoculum de rouille brune. Le modèle ARVALIS prévoit ainsi un risque moyen sur les zones de culture de l’Ain, de la Loire, du Rhône et de l’Isère, contre un risque modérément élevé à élevé en 2024. Pour la Drôme, le risque est modérément élevé à élevé en plaine de Valence, et élevé en plaine de Montélimar (il était élevé pour toutes les zones de cultures de la Drôme en 2024).

La rouille brune se développe très rarement de façon précoce dans la région et apparaît plutôt autour du stade dernière feuille étalée. A ce jour, elle n’a pas encore été signalée. Le risque est donc faible pour l’instant. Elle peut toutefois avoir un développement explosif si les températures sont élevées, ce qui justifie de surveiller attentivement les parcelles, surtout sur variétés sensibles.

Pour en savoir plus, consultez le Bulletin de Santé du Végétal.

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