Lin de printemps : les recommandations pour désherber en postlevée 

Les conditions météorologiques ont conduit à une implantation du lin dans des dates « classiques », voir assez précoces selon les zones, avec une majorité des semis réalisés entre le 20 mars et le 5 avril. Le désherbage de prélevée a montré une efficacité variable en fonction de la période de semis, plutôt décevante pour les derniers semis en lien avec les conditions séchantes observées. Cependant, le retour de la pluviométrie depuis la fin de semaine dernière, associé à une augmentation des températures dans quelques jours, est favorable à la croissance des linières et des adventices.

Le désherbage chimique en postlevée

Optimiser les conditions d’application

L’efficacité et la sélectivité du désherbage de postlevée sont conditionnées par plusieurs facteurs :

• Le stade des adventices ne doit pas excéder 3 feuilles étalées (l’optimum se situe entre le stade cotylédons et le stade 2-3 feuilles).
• Le lin est dans un état végétatif correct et en conditions poussantes.
• En cas d’utilisation d’un herbicide racinaire, les racines du lin doivent être pivotantes et non uniquement étalées dans l’horizon superficiel : la profondeur d’enracinement est supérieure ou égale à 10 cm.
• L’amplitude thermique ne dépasse pas un écart de 10°C entre le jour et la nuit. 

Pour des raisons de sélectivité, une solution herbicide antigraminées ne se mélange pas à une solution antidicotylédones. Il doit exister un délai de huit à dix jours entre les applications de ces deux produits. 

Adapter la stratégie de lutte

• En cas de présence de dicotylédones : le choix du ou des produit(s) se base sur la flore présente et du contexte climatique. Ainsi, éviter une application d’herbicide ayant une action racinaire (Allié SX) lorsque des fortes pluies sont annoncées dans les jours suivant l’application. Au contraire, ce type de produits aura une efficacité limitée sur sol sec.
  Dans ce cas privilégier une stratégie avec des produits foliaires comme Basagran SG que l’on pourra associer à Chekker en fonction de la flore présente.
  En cas de levées hétérogènes ou de problèmes de structure (visibles dans certaines parcelles à ce jour), ces produits foliaires sont à favoriser. En effet, le système racinaire des plus petits lins ne sera assez développé pour résister à un produit racinaire.
• En cas de présence de graminées : pour maximiser l’efficacité du traitement, il est recommandé d’intervenir à partir du stade 3 feuilles / début tallage des graminées, en s’assurant que les conditions climatiques sont favorables pour une meilleure absorption par les feuilles. Les antigraminées sont des produits très sélectifs du lin. Pour maximiser leur efficacité, il est recommandé de les utiliser à pleine dose et l’ajout d’adjuvants (huile végétale) est indispensable (si non inclus dans les formulations des spécialités).

Comment désherber dans les parcelles à levées échelonnées ?

La première règle est d’estimer la proportion de dernières levées, la différence de stades entre les levées et la répartition des levées dans la parcelle. En effet, les secondes levées, vont être pénalisées en termes de développement. Par exemple, dans une situation où 80 à 90 % de la parcelle sont « bien levés », mieux vaut assurer un bon désherbage de sa linière plutôt que d’attendre que les lins retardataires soient à 2/3 cm.

Dans les situations où ce sont des zones de la parcelle qui ne sont pas levées, mieux vaut attendre que les derniers lins levés soient au stade minimal de 2/3 cm, ou, si c’est réalisable, désherber la parcelle en plusieurs fois, par zone.

Dans tous les cas, il convient de respecter les conditions d’applications des spécialités choisies en fonction du type de produit.

Si présence de dicotylédones, le raisonnement se fera au cas par cas :

• Pour des parcelles homogènes avec un peuplement normal (1500 à 1800 plantes/m²) ou avec une faible proportion de deuxièmes levées

Le choix du ou des produit(s) se fait en fonction de la flore présente et des conditions d’humidité du sol. Avec le retour de la pluviométrie actuellement, les produits racinaires (Chekker, Gratil, Allie SX...) auront une efficacité satisfaisante, associés avec Basagran SG.

• Parcelles à levées hétérogènes marquées avec des différences de stades entre les plantes

Privilégier une stratégie avec des produits de contact (Basagran SG selon la flore présente) associé ou pas avec des produits dérivés auxiniques (Lontrel 100, Metiss) sous réserve de l’augmentation des températures annoncées à partir de la fin de semaine. Les produits dérivés auxiniques peuvent être associés avec de l’huile pour améliorer leur efficacité. Un produit racinaire est déconseillé car le système racinaire des plus petites plantes ne sera pas suffisamment développé. Cette situation est délicate car il faut faire le choix entre attendre que les plus petits lins atteignent 3 cm minimum avant de désherber, au risque d’avoir des adventices très développées et donc plus difficile à détruire ; ou bien intervenir dès que possible au risque d’induire un manque de sélectivité sur les jeunes plantules.

En cas de présence de graminées

Il convient de traiter dès que le stade de développement de la graminée est optimal (2/3 feuilles) et que les conditions climatiques sont favorables.

Les antigraminées sont des produits très sélectifs du lin. Pour maximiser leur efficacité, il est recommandé de les utiliser à pleine dose et l’ajout d’adjuvants (huile végétale) est indispensable (si non inclus dans les formulations des spécialités).

Rappelons que les produits herbicides ont une action plus ou moins efficace en fonction des adventices présentes sur la parcelle (tableau 3).

Pour reconnaître les adventices, et apprendre plus sur leur biologie et les méthodes de lutte, consulter www.infloweb.fr.

Le désherbage mécanique

Le désherbage mécanique constitue une alternative ou un complément aux solutions chimiques. Toutefois, pour être efficace, cette méthode de lutte doit être combinée à d’autres leviers à l’échelle du système de culture et de l’itinéraire technique. Son efficacité est également influencée par de nombreux paramètres :

• Le type d’adventices : la gestion des dicotylédones sera toujours plus aisée que celles des graminées, alors que la gestion des vivaces est illusoire (tableau 4).
• Le stade des adventices : il est préférable d’intervenir à des stades précoces pour la houe ou la herse étrille, alors que la bineuse permet une efficacité sur des adventices un peu plus développées.
• Le stade du lin fibre : en dessous de 3 cm, le lin n’est pas assez bien enraciné et risque d’être fortement fragilisé.  
• Le type d’outil utilisé, le réglage des outils ou encore la fréquence des interventions (deux passages sont souvent nécessaires).
• Les conditions pédoclimatiques : le passage des outils nécessite une absence de pluie dans les 48 h avec une bonne évaporation (4 jours dans le cas contraire) afin de permettre aux adventices coupées ou déchaussées de sécher et de limiter leur repiquage.