Pucerons et graminées : quelle stratégie face à la douceur du moment ?

Les parcelles d’orge d’hiver et blé tendre sont toutes semées dans la région, avec un étalement des semis d’octobre jusqu’à novembre. Cela a conduit à une forte hétérogénéité des stades des céréales, qui s’échelonnent de la levée à tallage pour les semis les plus précoces. Ce début de campagne est globalement plus doux et plus arrosé que la médiane sur vingt ans, mais avec des périodes assez contrastées, notamment en novembre, avec d’abord de la douceur puis plus de fraîcheur à partir du 15 du mois environ. 

Côté pluviométrie, les abats d’eau de ces quinze derniers jours mettent à mal les parcelles hydromorphes qui souffrent d’excès d’eau et rendent difficiles l’accessibilité. Enfin, une nouvelle période de douceur depuis le 6 décembre interroge actuellement sur la conduite à tenir notamment vis-à-vis d’éventuelles relevées de graminées et de la présence des ravageurs aériens (pucerons notamment).

Semis d’octobre (actuellement de début à tallage) 

Ravageurs aériens (pucerons en particulier)

La pression importante exercée dès la levée a généralement conduit à une intervention minimum. La période plus froide à partir de mi-novembre a permis aussi d’atténuer le risque en freinant la multiplication des pucerons, couplée par ailleurs avec des pluies continues et répétées qui ont freiné ou gêné leur développement.

La période de plus grande sensibilité des céréales s’étale de la levée jusqu’à début tallage ; passé ce stade, la plante, quel que soit son profil de tolérance, met en place progressivement une certaine immunité pour l’atteindre totalement à épi 1 cm. Ainsi, ces parcelles entre début et plein tallage sont encore à des stades sensibles, mais avec un risque qui décroît graduellement.

Afin d’arbitrer la pertinence d’une réintervention actuellement à des stades avancés, les conditions climatiques du moment et à venir, et surtout l’observation de la présence des pucerons dans les parcelles, vont guider la décision. En clair, les conditions sont actuellement douces et encore pour les prochains jours, la question est pertinente : si la présence de pucerons est réellement significative, l’intervention peut se justifier (se reporter aux seuils 10 % de plantes habitées), même si comme rappelé précédemment, le risque majeur a été bien plus précoce dans ces situations. Les observations réalisées dans les essais et les quelques remontées terrain en semis précoces n’ont pas montré de forte augmentation de populations de pucerons.

Désherbage

Dans ces situations, une prélevée puis une postlevée ont généralement été effectuées pour gérer un risque graminées plus élevé en semis précoce. Les observations terrain donnent de très bonnes efficacités des programmes d’automne.

Pour certaines de ces situations de semis les plus précoces, où aucun désherbage n’a pu être fait, aucune solution de désherbage ne sera réellement efficace, compte tenu des infestations importantes et des stades développés des vulpins, ray-grass. On peut se poser la question de pérennité de ces parcelles.

Semis novembre (levée à 3 feuilles) : priorité à ces parcelles pour d’éventuelles interventions

Ravageurs aériens

Les parcelles situées aux stades 1 à 3 feuilles sont à des périodes de sensibilité vis-à-vis du risque pucerons. Compte tenu de la grande douceur actuelle, même en décembre, la question d’une intervention insecticide est pertinente. On a pu constater certaines années des symptômes de JNO sur des parcelles par suite d’infestations tardives en saison de pucerons. L’observation des parcelles reste l’indicateur clé pour la prise de décision, et en particulier, le seuil de 10 % plantes porteuses de pucerons.

Désherbage

La postlevée, en complément d’une prélevée, efficace pourrait être recommandée actuellement pour certaines situations : parcelles avec un fort historique de problématiques de vulpins et/ou ray-grass, en situation de résistance aux antigraminées foliaires (autrement dit, avec aucune possibilité de solutions efficaces en sortie d’hiver).

Pour les autres situations régulièrement confrontées à des problèmes de graminées, on ne peut que recommander de bien observer les parcelles et de bien vérifier si d’éventuelles levées de graminées sont en cours après un désherbage de prélevée. En effet, les conditions très douces actuelles avec des sols très humides peuvent être favorables à de nouvelles levées. Si tel est le cas, les conditions d’intervention sont propices (sol humide, faible amplitude thermique) à la postlevée, et efficaces particulièrement, sur de toutes jeunes adventices au stade filament.

Si aucune relevée de graminées n’est visible, il est possible de patienter et décaler la postlevée avec une solution utilisable après 3 feuilles pour gagner en rémanence du produit ou attendre la sortie d’hiver.

Message rédigé par ARVALIS avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de la Charentes-Maritimes, des Deux-Sèvres et de la Charente, Groupe ISIDORE, Groupe PIVETEAU, Groupe COC, Océalia, Terrena, NEOLIS, coopérative de Mansle, coopérative de la Tricherie et Soufflet Agriculture.