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Poitou-Charentes

Jusqu’à quand semer une orge de printemps ?

Quelques chantiers de semis d’orges de printemps avaient pu démarrer début février mais ont dû être stoppés depuis le 20 du mois dernier, en raison des épisodes pluvieux importants. L’accès aux parcelles semble encore difficile, alors que le ressuyage et une préparation du lit de semences superficielles sont indispensables pour réussir la culture. Et au-delà des créneaux recommandés, les impacts peuvent être importants. Dans le contexte particulier de 2024, voici quelques clés pour décider s’il est encore possible de semer de l’orge de printemps dans ses parcelles.

orges de printemps semées début décembre

Jusqu’à quand semer des orges de printemps ? Pour quel débouché ?

Pour la région, le créneau de semis optimum pour l’orge de printemps semée « au printemps » se situe dans une fourchette de janvier à fin février. Les implantations tardives au sens général tendent à pénaliser la capacité de tallage de l’orge, d’où l’augmentation des densités de semis pour pallier cet inconvénient jusqu’à un certain seuil. Ils sont aussi plus exposés au risque de stress hydrique et de jours échaudants pendant le remplissage des grains. Un nombre important de parcelles de céréales ne sont toujours pas emblavées et se pose toujours la question de « jusqu’à quand semer une orge de printemps ? ».

Les spécificités de l’orge de printemps

  • La forte sensibilité de l’espèce aux excès d’eau et aux mauvaises conditions d’implantation est un frein cette année, compte tenu de la pluviométrie actuelle et des temps de ressuyage.
  • Les orges sont sensibles aux températures élevées et au stress hydrique survenant en début de montaison. De telles conditions climatiques entraînent une régression plus importante du nombre de talles devant produire des épis. Cette particularité rend les orges de printemps moins souples vis-à-vis des semis (très) tardifs dans notre secteur, en particulier dans les situations « chaudes » au début de printemps. L’accès à l’irrigation permettra de modérer l’impact du stress hydrique.
  • Les orges, comme les blés, sont sensibles aux températures élevées au cours du remplissage du grain. Cependant, du fait de leur plus courte durée de remplissage du grain, le nombre de jours avec des températures élevées sera d’autant plus pénalisant pour le rendement en semis tardifs avec le décalage du cycle.
  • Les semis de fin février/tout début mars peuvent encore avoir leur intérêt sous l’angle rendement et débouché brassicole, si l’irrigation est présente et possible jusqu’à épiaison + 15/20 jours en fonction du type de sol (potentiellement jusqu’au 20 juin).

Pour ces raisons, avec des implantations passées mi-mars, les risques de fin de cycle deviennent trop élevés et il conviendrait de s’abstenir de semer de l’orge brassicole sur le plan rendement et accessibilité au débouché brassicole (exigences de teneur en protéines contenues, niveau de calibrage attendu). Cependant, la campagne 2023/2024 est historique sur le plan du bouleversement des semis de céréales et d’assolement et la question « jusqu’à quand semer une orge de printemps ? » prend une dimension différente cette année… quand peu de céréales ont été semées sur l’exploitation, « quelle céréale semer en mars ? », « quelle espèce semer dans des sols à forte contrainte… ? ».

Quelques recommandations complémentaires pour la prise de décision finale

  • Primordial : mieux vaut attendre un ressuyage correct du sol pour semer l’orge de printemps,
  • Décisions à arbitrer selon les besoins en paille, la rotation de l’exploitation…
  • En semis très tardifs, la conduite de l’orge de printemps est économique (peu de charges à engager...) en comparaison à d’autres espèces,
  • Ne pas s’attendre à une valorisation débouché brassicole,
  • Bien estimer les potentiels accessibles (tableau 1) et gérer la fertilisation azotée.

Tableau 1 : Estimation du potentiel des orges de printemps en fonction de la date de semis en Poitou-Charentes (BDD variétés Orges de printemps 2004-2023 Poitou-Charentes + expertise régionale) – sous réserve de bonnes conditions d’implantation

Tableau 1 : Estimation du potentiel des orges de printemps en fonction de la date de semis en Poitou-Charentes (BDD variétés Orges de printemps 2004-2023 Poitou-Charentes + expertise régionale) – sous réserve de bonnes conditions d’implantation

*hors situation où parcelle à Réservoir Hydrique faible (hors groie superficielle par exemple)

Tableau 2 : Valeurs repères d’atteinte de stades pour RGT Planet selon date de semis – secteur Poitou-Charentes

Tableau 2 : Valeurs repères d’atteinte de stades pour RGT Planet selon date de semis – secteur Poitou-Charentes

Adapter la conduite des orges de printemps par grande période d’implantation

Pour les semis d’orges de printemps de « début décembre »

Ces situations sont actuellement à fin tallage voire atteignent le stade épi 1 cm.

  • La gestion des maladies est un critère très important dans cette situation et une surveillance sera indispensable à partir d’épi 1 cm d’autant que les conditions actuelles, humides et douces, sont favorables à un inoculum. Il est à noter que les notes maladies données pour des semis de printemps ne sont pas fiables pour cette pratique. L’exposition accrue aux maladies en semis d’automne dégrade les notes « officielles » : à titre d’exemple, nous estimons que RGT Planet notée 6 en résistance rhynchosporiose en semis de printemps, et plutôt 3 en semis d’automne. Alors que la nuisibilité maladies moyenne est inférieure à 10 q/ha en semis de printemps, elle avoisine les 15-25 q en semis d’automne et peut nécessiter deux voire trois traitements fongicides pour être correctement contrôlée.
  • La fertilisation azotée sera gérée comme apparentée à celle d’une orge d’hiver avec fractionnement en deux apports (tallage et épi 1 cm). Pour s’adapter au potentiel de l’année et valoriser une année favorable, la mise en œuvre de la méthode HNT-max pour piloter un éventuel apport supplémentaire (à 2 nœuds) est conseillée. Autrement dit, penser à sur-fertiliser une zone adjacente avec environ 80 kg N/ha supplémentaires lors du second apport. Au stade 2 nœuds (sous réserve que l’apport précédent ait été valorisé par au moins 15 mm de pluie) : établir un diagnostic avec la pince N-Tester sur la parcelle ainsi que sur la zone adjacente sur-fertilisée. L’objectif est de vérifier si la dose prévisionnelle risque d’être limitante ou non.

Pour les semis d’orges de printemps de « début février » 

Ces situations sont actuellement à 2 feuilles.

La fertilisation azotée devra être gérée en fonction de la dose prévisionnelle définie et les premières interventions menées dès que les conditions de portance et de climat le permettront.

Tableau 3 : Propositions de fractionnement de la dose totale prévisionnelle azotée des orges de printemps

Tableau 3 : Propositions de fractionnement de la dose totale prévisionnelle azotée des orges de printemps

Pour détecter d’éventuelles situations de carences azotées, il est possible de réaliser un diagnostic plante avec la méthode N-Tester® Extra au stade 1 nœud. Attention, il faudra prévoir une bande sur-fertilisée en cours de tallage. Si les plantes sont sous-alimentées à 1N, un apport de 30 kg N/ha est conseillé : à positionner dès que possible (8-10 jours) si des prévisions de pluies sont annoncées.

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