Etat des lieux de la plaine en ce début 2025 : quelles vigilances pour la suite ?
Comme pour 2024, le début de la campagne 2025 des céréales d’hiver est loin d’être un fleuve tranquille. Il engendre de nombreux questionnements sur l’état de la plaine et notamment sur la stratégie de fertilisation à adopter. Le webinaire du 14 janvier dernier proposé par les ingénieurs ARVALIS des régions Auvergne, Centre-Val de Loire et Île-de-France a été l’occasion d’en dresser un état des lieux.
Quand on évoque l’automne 2024, immédiatement le mot « pluie » vient à l’esprit. La carte ci-dessous représente les cumuls de pluies du 1er octobre au 31 décembre 2024 sur les régions Centre, Île-de-France et Auvergne. Ces cumuls sont proches ou inférieurs à l’automne 2023 et à la moyenne des 20 dernières années (cartes à télécharger). En revanche, en nombre de jours de pluie sur cette période, 2024 est très inférieur à 2023. Dans certains secteurs, ce nombre a même pu être divisé par deux.

Des chantiers de semis davantage bousculés en 2024
Les conséquences de ces cumuls de pluies sont d’ores et déjà visibles. La première d’entre elles : des retards dans les semis, réalisés dans des conditions parfois peu optimales, interrogeant sur la qualité d’implantation des céréales.
Les dynamiques de semis relevées par l’observatoire de FranceAgriMer, Céré’Obs, montrent qu’à la mi-octobre 2024, seulement 20 % des semis de blé étaient réalisés dans la région, contre 80 % l’an passé. Beaucoup de semis ont été trop superficiels, mal recouverts, avec des lits de semences trop grossiers, engendrant des problèmes de phytotoxicités.
Pour en savoir plus, regardez la partie du webinaire consacrée à l’état des semis.
Une structure du sol dégradée qui peut impacter l’efficience de l’azote
D’autre part, et depuis près d’un an, les interventions au champ, dont les récoltes de cultures de printemps (maïs, betterave, tournesol…) mais également de céréales, ont chahuté les structures de sol. Les conséquences sur la conduite de la fertilisation azotée se posent. Autant d’éléments qui rendent un diagnostic en sortie d’hiver intéressant.
En effet, la structure du sol intervient sur deux points impactant la valorisation de l’azote du sol par les plantes : le développement racinaire et la circulation de l’eau dans le sol. La progression racinaire, c’est-à-dire la capacité des racines à explorer le sol en profondeur, se joue surtout sur l'automne/hiver. Or, cette année, on observe des mottes compactes, des semelles, des prises en masse, des structures qui se sont beaucoup refermés. Cet environnement très contraint suggère un enracinement superficiel et peu dense. Ce déficit d’enracinement peut se rattraper sur le printemps, mais il sera toujours présent début montaison, au moment où l'absorption un azote doit être maximale.
Par ailleurs, une structure dégradée du sol est connue pour modifier la circulation de l’eau dans le sol, et donc l'efficience de l'azote : plus le sol est tassé, moins le coefficient apparent d'utilisation de l’azote est bon. De même, les problèmes de structure vont également impacter la capacité du sol à stocker de l'eau : en plus d'une efficience de l'azote qui pourra être compliquée, le moindre stockage d'eau dans les pores du sol pourra engendrer une sensibilité accrue au stress hydrique.
Evaluer l’état structural du sol : un indispensable cette année
Dans les parcelles les plus touchées par des problèmes de structure, un diagnostic s’impose. Pour cela, des méthodes assez simples et rapides, comme le test bêche ou le microprofil 3D, permettent d’évaluer l’état des mottes et leur agencement sur un point de la parcelle. En complément, des mesures de pénétromètre, à réaliser sur de nombreux points de la parcelle, vont permettre d’évaluer l'hétérogénéité intraparcellaire.
Quelle différence avec l’année dernière ?
ces problèmes de structure et de semis étaient déjà plus au moins présents l’an dernier. La campagne 2025 s’annonce-t-elle aussi compliqué pour la gestion de l’azote ? En 2024, c’est la combinaison de problèmes de structure et d'excès d'eau qui a limité la valorisation de l’azote. En effet, les excès d’eau ont provoqué un engorgement du sol. Dans ces conditions, les racines n’ont plus assez d’oxygène pour fonctionner. Leur capacité d’absorption est donc fortement réduite. Elles absorbent moins d’azote, qui lui-même est moins accessible car plus dilué dans la solution du sol. En plus, l'année dernière, la forte pression septoriose a pu empêcher la remobilisation de l’azote présent dans les feuilles attaquées.
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