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Désherber sans glyphosate : les alternatives possibles

Face au retrait annoncé du glyphosate, les techniques alternatives à son utilisation font florès. Retour en vidéo sur les situations qui se prêtent le mieux à son remplacement et les conseils associés pour les optimiser.

Grâce à ses propriétés remarquables, le glyphosate appliqué en interculture a permis le développement des itinéraires techniques sans labour. Mais aujourd’hui, la réglementation tend à limiter fortement son utilisation.

Les agriculteurs doivent donc se tourner vers d’autres pistes de désherbage. En grandes cultures, le travail du sol est une piste intéressante. Il permet de gérer les adventices par enfouissement, déracinement ou altération de leurs parties aériennes. Encore faut-il optimiser l’efficacité de ce levier.

Le labour : un effet garanti à deux exceptions près

Le labour est très efficace pour détruire les graminées adventices par enfouissement. Deux exceptions toutefois : dans les sols très superficiels et pierreux, il sera difficile de retourner correctement le sol, si bien que la destruction des adventices sera incomplète. Autre limite : les labours précoces, réalisés en été ou en entrée d’hiver, peuvent parfois reverdir au printemps. Si l’humidité de sol et le climat le permettent, il faudra alors réaliser des reprises de sol avant les semis.

Travail superficiel du sol : des conditions séchantes sont indispensables sur graminées

Le travail superficiel du sol est également un levier efficace, à condition de prendre en compte les bons paramètres. En premier lieu, pour être efficace, l’outil doit travailler 100 % de la surface du sol de manière à déraciner la totalité des plantes. Il faut également prendre en compte les espèces d’adventices et leurs stades. Les essais d’ARVALIS montrent que les dicotylédones, de leur levée jusqu’au stade 2-3 feuilles, sont extrêmement sensibles à la destruction mécanique par un travail superficiel du sol. Quant aux graminées, elles restent sensibles jusqu’au stade 2-3 feuilles quelles que soient les conditions climatiques. Mais, dès le stade début tallage, leur système racinaire est plus difficile à séparer de la terre, rendant leur dessèchement délicat en conditions non séchantes. Pour améliorer l’efficacité des interventions mécaniques sur ces graminées tallées, deux paramètres sont importants : l’humidité du sol (plus le sol est sec, plus le dessèchement est rapide) et la météo les jours suivant l’intervention (des conditions séchantes sont indispensables pour garantir l’efficacité du passage mécanique).

Choisir et régler son outil de travail du sol

Par ailleurs, le choix des outils est aussi important : les outils animés sont plus efficaces pour séparer la terre des racines.

Les déchaumeurs à disques indépendants peuvent présenter une bonne efficacité, mais ils sont souvent pénalisés en travail superficiel : il est important de vérifier qu’ils travaillent à une profondeur suffisante pour scalper 100 % de la surface du sol.

Les outils à dents sont plus adaptés pour travailler l’intégralité de la surface, notamment s’ils sont équipés de socs larges. Pour renforcer leur efficacité, on recommande de remplacer le rouleau arrière par une herse qui va « traîner » en surface les adventices et séparer la terre des racines.

En présence de graminées jeunes ou tallées, plusieurs passages seront nécessaires pour obtenir un sol exempt d’adventices viables. Si le travail superficiel risque de se montrer peu efficace pour des raisons climatiques, d’autres leviers peuvent être mobilisés, comme le retour au labour.

Et en dehors du travail du sol ?

Pour se passer de glyphosate quand les jours disponibles sont très limités pour une destruction mécanique, on peut modifier l’enchaînement des cultures dans la rotation. Par exemple, sur la station de Boigneville (91), l’orge de printemps, qui se sème très tôt en sortie d’hiver, est implantée derrière un précédent betterave ou maïs grain. Cela permet de la semer sur des parcelles plus propres par rapport à un précédent blé.

Autre levier : les couverts végétaux. Ils sont capables de fortement concurrencer les adventices et laissent un sol propre, plus facile à gérer. Ils sont cependant rarement efficaces à 100 % sur les repousses de céréales ou les adventices.

D’autres herbicides que le glyphosate peuvent aussi être appliqués en interculture. Mais, pour l’instant, les solutions autorisées à cette période ne sont efficaces que sur certaines dicotylédones.

Enfin, le désherbage électrique ou thermique pourrait être à terme une option. Mais cette technique semble pour l’instant peu adaptée aux grandes cultures.

La transition vers le zéro glyphosate est donc un sujet complexe. En cas d’impasse, les dérogations aujourd’hui autorisées restent utiles.

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