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Changement d’assolement : quelques clés pour réussir les semis de maïs 

Dans certaines parcelles, le choix de semer des cultures d’hiver a dû être revu en raison des excès d’eau subis à l’automne ou du retard de récoltes des espèces de printemps. En remplacement, il est possible de se réorienter vers un semis de printemps, comme le maïs. Le point pour optimiser le démarrage des cultures.

Jeunes semis de maïs en Limousin

Choisir la variété : adéquation entre potentiel, offre climatique et objectif d’implantation après maïs

Dans notre région, les variétés cultivées couvrent une large gamme de précocité : principalement des précoces (G1) aux demi-tardives (G4). Sur parcelles irriguées, il est possible de baser le choix sur des variétés du groupe G3 (demi-précoce à demi-tardive) ; voire dans les secteurs les plus chauds de cultiver, sur des variétés demi-tardives G4 (secteurs Loire et sud Loire, Auvergne – en visant des semis précoces) ou des demi-précoces G2 productives dans les secteurs plus froids (Beauce, Île-de-France).

Sur parcelles à potentiels plus limités sans irrigation, il conviendra de précocifier un peu la gamme variétale (plus ou moins en fonction du type de sol) pour deux raisons :

  • Esquiver et/ou limiter l’impact du stress hydrique sur les phases clés de la culture (15 feuilles – Stade Limite d’Avortement des Grains ou SLAG),
  • Limiter les frais de séchage autant que possible (viser un objectif de récolte à moins de 25 % d’humidité – carte 1).
Carte 1 : Offre climatique exprimée en somme de degrés-jours (bas 6-30) du 15 avril au 15 octobre de la médiane 2005-2024
Carte 1 : Offre climatique exprimée en somme de degrés-jours (bas 6-30) du 15 avril au 15 octobre de la médiane 2005-2024

Ainsi, le choix s’orientera vers des variétés précoces G1 en Eure-et-Loir, et pourra aller jusqu’au G2 sur le reste du secteur Beauce et en Île-de-France. Pour les parcelles plus au sud de la région, il est théoriquement possible de récolter des variétés demi-précoces à demi-tardives à 25 %, à réserver sur les parcelles les plus profondes. En rendement net en sec, les écarts sont resserrés entre précocité, les groupes G1 et G2 sont un bon compromis (figure 1).

Dans l’objectif de récolter le plus sec possible, il peut être pertinent de précocifier la date de semis du maïs, uniquement si les conditions de ressuyage sont réunies, en accompagnant le début de cycle notamment en sols froids : fertilisation starter et variété avec une bonne vigueur de départ.

Retrouvez toutes les performances annuelles et pluriannuelles des variétés évaluées dans le réseau de post-inscription sur Varmaïs.

Figure 1 : Synthèse établie à partir de 10 essais maïs conduits sans irrigation (Centre, Bourgogne, Poitou-Charentes)
Figure 1 : Synthèse établie à partir de 10 essais maïs conduits sans irrigation (Centre, Bourgogne, Poitou-Charentes)

Réduire la densité, bonne ou mauvaise idée ?

Les différents réseaux d’essais variétés-densités d’ARVALIS ont permis d’établir des préconisations de peuplement à la récolte afin d’optimiser le rendement du maïs. Elles prennent en compte la précocité des variétés (plus une variété est précoce, moins elle fait de feuilles, donc l’augmentation de densité permet d’optimiser la photosynthèse) et le type de grain. Sur maïs en potentiels limités (risque de stress hydrique), se baser sur la fourchette basse des densités. Il n’est en général pas pertinent de descendre en deçà de la fourchette basse : les performances ne sont pas significativement meilleures, même en cas de fort stress hydrique (type 2020 ou 2022). De plus, une forte baisse de densité de semis ne permet pas d’aller optimiser le rendement en bonnes années, et rend trop aléatoire le peuplement en cas d’attaques de ravageurs (taupins, corvidés).

Tableau 1 : Recommandation des densités de peuplement pour des écartements entre 75 et 80 cm
Tableau 1 : Recommandation des densités de peuplement pour des écartements entre 75 et 80 cm

Pour un maïs fourrage, ajouter 5000 plantes par rapport à un maïs grain.

Raisonner la fertilisation phosphatée

Le maïs est une culture peu exigeante en phosphore. Cependant, un apport sous forme d’engrais starter offre de nombreux avantages, notamment en conditions difficiles : plus rapide et homogène, et donc durée d’exposition au parasitisme moindre.

Tableau 2 : Recommandation sur les apports de phosphore sur maïs
Tableau 2 : Recommandation sur les apports de phosphore sur maïs

Pour tirer tous les bénéfices de cette stratégie, il est intéressant de localiser cet engrais (le phosphore étant peu mobile dans le sol), en dessous de la ligne de semis et décalée de 4 et 5 cm du rang. A quantité de phosphore apportée identique, la synthèse des essais historiques a montré un gain de rendement de 2,5 q/ha et environ 1 point d’humidité récolte à la localisation par rapport à un apport en plein.

L’objectif est d’accompagner le maïs avec une quantité de phosphore suffisante, en gardant en tête d’ajuster les doses en fonction des teneurs du sol. Pour l’apport starter, la dose de 18-46 recommandée est de 130 kg/ha. Il est déconseillé de baisser la dose de 18-46 en dessous de 100 kg/ha car on risque d’obtenir de l’hétérogénéité de répartition de cet engrais starter, et donc de favoriser des levées décalées. En cas de sols pauvres en phosphore, un apport en plein d’un super45 pourra être envisagé en complément.

Retrouver les teneurs seuils en fonction du type de sol
pdf 38.7 Ko

Prendre en compte le risque ravageurs de début de cycle

Concernant les ravageurs, le risque principal de notre région reste les corvidés, même si certains secteurs peuvent aussi être exposés aux taupins. Le traitement de semences répulsif Korit420FS, homologué sur maïs jusqu’en janvier 2027, présente une efficacité intéressante vis-à-vis des oiseaux, autour de 53 % par rapport au témoin en pluriannuel. Il est conseillé sur les parcelles à risques (historique de dégâts), et à combiner avec des leviers agronomiques (qualité du lit de semences, semis autour de 4-5 cm, installation rapide de la culture pour réduire la période de sensibilité).

Concernant la protection taupins, seuls les microgranulés à base de cyperméthrine (Belem 0.8 MG ou Daxol) sont utilisables avec des diffuseurs adaptés sur le semoir, pour une efficacité de l’ordre de 50-55 %. Cette efficacité reste supérieure aux autres spécialités commerciales utilisées sans diffuseurs (30-35 % d’efficacité en moyenne). Les traitements de semences présentent quant à eux des efficacités très modérées (10-15 % pour Force20CS dans nos essais).

Pour plus d’informations
=> Les guides régionaux ARVALIS avec les préconisations maïs 2025 :
- Choisir Centre – Ile-de-France
- Choisir Auvergne – Limousin
=> Des préconisations d’espèces en fonction des applications d’herbicides à l’automne :
Retournement de céréales : tenir compte du désherbage d'automne dans le choix de la nouvelle culture

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