Résultats d’essais

Folle-avoine : écimer les panicules de graines vertes pour limiter les levées en cultures d’hiver ?

Après trois ans d’expérimentation en laboratoire, ARVALIS en sait davantage sur la biologie de la folle-avoine. Ces travaux ont permis d’identifier un levier supplémentaire pour limiter l'impact de cette adventice dans les cultures suivantes : l’écimage.

Faculté germinative de la folle-avoine

De plus en plus fréquente dans les parcelles de grandes cultures, la folle-avoine (Avena fatua) peut provoquer des pertes de rendement dès lors qu’elle est présente à des densités allant de 5 à 20 pieds/m2 selon la culture. Pour établir une stratégie de contrôle plus efficace, ARVALIS s’est intéressé à ses caractéristiques biologiques. Des essais menés en conditions contrôlées (boîtes de pétri) et semi-contrôlées (pots), entre 2020 et 2022, ont montré que la couleur des graines donne une idée de leur état de maturité : les graines de folle-avoine de couleur claire (vert ou marron) sont immatures et ont une faculté germinative réduite. Cette faculté est d’autant plus faible que les graines sont enfouies, qu'elles n'ont pas rencontré de températures froides (< 5°C) et que leur taux annuel de décroissance est élevé (> 80 %).

Ces résultats mettent en évidence l’intérêt d’écimer sur graines immatures et de les enfouir pour réduire les levées de folle-avoine dans la culture suivante et les années à venir. Cette pratique est intéressante dès lors qu’elle est combinée à d’autres leviers tels que la rotation, le travail du sol, le choix de la variété ou encore la date de semis de la culture suivante.

La couleur de la graine, un indicateur de maturité

En pots, les graines foncées (marron foncé ou noire) ont un taux de germination deux fois plus important que les graines de couleur verte ou marron clair (figure 1).

Figure 1 : Levées de folle-avoine semée à 3 cm de profondeur en fonction de la couleur de la graine – Conditions semi-contrôlées en pots - Échantillons 2020-2021
Figure 1 : Levées de folle-avoine semée à 3 cm de profondeur en fonction de la couleur de la graine – Conditions semi-contrôlées en pots - Échantillons 2020-2021

Des observations confortées par les essais en boite de pétri placées à 15°C : les graines de couleur verte ont peu voire pas germé (taux de germination < 1 %). Quelques germinations ont été relevées pour les graines marron (< 20 %), et 50 % des graines noires ont germé.

Une période de froid stimule la germination des graines matures

Lorsque les boîtes de pétri contenant les graines de folle-avoine ont été placées à 5°C durant trois semaines, aucune graine verte n’a germé, y compris après remise à température ambiante (15°C). Les graines marron clair n’ont pas germé à 5°C, mais voient leur taux de germination multiplié par cinq une fois remises à température ambiante. Pour les graines de couleur foncée, le taux de germination dépasse les 60 % dès le maintien à 5°C (figure 2). 

Figure 2 : Taux de germination de graines de folle-avoine en fonction de leur couleur à 5°C ou à température ambiante après un passage au froid – Conditions contrôlées en boîtes de Pétri (Obscurité/KNO3) – Échantillons 2022
Figure 2 : Taux de germination de graines de folle-avoine en fonction de leur couleur à 5°C ou à température ambiante après un passage au froid – Conditions contrôlées en boîtes de Pétri (Obscurité/KNO3) – Échantillons 2022

Un faible enfouissement de la graine favorise les levées

Deux profondeurs d’enfouissement ont été testées en pots : en surface et à 3 cm. Quel que soit son niveau de maturité, une graine restée en surface germe plus facilement qu’une graine enfouie à 3 cm. Presque deux fois plus de levées sont observées pour des graines claires semées en surface en comparaison à un semis à 3 cm. Pour des graines foncées, les semis en surface donnent lieu à 26 % de levées supplémentaires.

Malgré leur capacité à germer à plus de 15 cm, un enfouissement des graines dans le sol après écimage peut donc s’avérer pertinent pour limiter les levées dans la culture suivante. 

Les graines immatures restent viables mais avec une faculté germinative réduite

L’écimage peut être pratiqué sur des graines plus ou moins matures. Des prélèvements effectués dans une même parcelle montrent une évolution de la maturité des graines en une dizaine de jours ou à un mois d’intervalle (figure 3).

De plus, des échantillons de graines prélevés en 2020 et 2021 ont été semés en pots en 2022. Dans la majorité des cas, les graines prélevées immatures (vertes) restent viables mais avec des levées inférieures à 50 %. De leur côté, les graines de couleur foncée conservent une faculté germinative élevée deux ans après prélèvement.

Figure 3 : Levées de folle-avoine en fonction de la date de prélèvement– Conditions semi-contrôlées en pots – Moyenne des semis en surface et à 3 cm - Échantillons 2021-2022
Figure 3 : Levées de folle-avoine en fonction de la date de prélèvement– Conditions semi-contrôlées en pots – Moyenne des semis en surface et à 3 cm - Échantillons 2021-2022

Deux stratégies de gestion de la folle-avoine avec écimage

Ces nouveaux éléments sur la biologie de la folle-avoine permettent de conclure que la désolidarisation de la graine et du pied de la plante altère durablement l’acquisition de la faculté germinative. L’écimage des panicules de folle-avoine encore vertes/immatures (fin mai/début juin au plus tard en culture d’hiver) constitue donc un nouveau levier agronomique à mettre en œuvre en bio comme en conventionnel. Dans ce cas, l’implantation d’une culture d’hiver sera possible l’année suivante en choisissant une variété précoce et couvrante associée à une date de semis avancée.

Si un écimage tardif est pratiqué sur graines noires/matures (au-delà de la mi-juin en culture d’hiver), une stratégie de déstockage sera à privilégier après l'opération : des faux-semis puis un désherbage à l’automne et en sortie d’hiver, voire au printemps avant le semis d’une culture de printemps ou d’été, permettront de gérer les levées automnales et printanières de folle-avoine l'année suivant l'écimage.

Il est toutefois important d’intégrer qu’en raison de levées échelonnées et d’une variabilité génétique importante, la stratégie de gestion proposée dans le cadre de cette étude aura ses limites sur la folle-avoine. ARVALIS remercie les agriculteurs et les partenaires qui l'ont aidé à collecter les échantillons tout au long de cette expérimentation.

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