Céréales : ce qu’il faut savoir pour réussir ses interventions d’automne
Depuis début octobre, les chantiers de semis de céréales vont bon train. Pour ces implantations précoces, la vigilance est de mise quant aux risques d’infestations en graminées et à la présence de pucerons et de cicadelles, en raison des conditions favorables.
Désherbage : optimiser les interventions !
Afin d’optimiser l’efficacité des produits racinaires à l’automne, leur positionnement et les conditions d’application sont primordiales. De plus, la lutte chimique sera d’autant plus efficace que le niveau d’infestation en graminées est diminué.
Pour rappel, le décalage de la date de semis reste un levier agronomique majeur dans la diminution de la population (il est encore possible de décaler dans les situations sévères) :
- La levée des vulpins et/ou ray-grass est divisée par deux, en décalant de 15 jours la date de semis.
- Les pertes potentielles de rendement sont de 3 % à décaler du 15 au 30 octobre et de 9 %, pour un décalage du 15 octobre au 15 novembre (en limon), contre une nuisibilité directe de 20-30 q/ha pour 100 graminées/m² si elles ne sont pas maîtrisées.
Selon les niveaux d’infestations, le désherbage se réalisera en une ou deux applications d’automne. Un troisième passage dans les parcelles les plus sales pourra être envisagé selon les conditions de cet automne-hiver.
→ Situations « faible infestation » : le désherbage est à positionner sitôt le semis ou au stade « 1 feuille étalée ».
Exemples de solutions de référence sur blé (intérêt technico-économique) :
- Sur vulpins : Mateno 1,8 à 2 l ou Sunfire 0,48 l + Codix* 2 l/ha en prélevée sont de très bonnes bases. Fosburi 0,6 l + Shvat 3 l/ha (1500 g/ha de chlortoluron) ou Fosburi 0,6 l + Défi 2,5 l/ha à 1 feuille sont également efficaces.
- Sur ray-grass : Défi 3 l + Codix* 1,5 l/ha en prélevée apporte le meilleur ratio efficacité/coût.
* interdiction d’application sur sols drainés si dose > 2 l/ha ; interdiction d’application sur sols drainés à + 45 % argile si dose < ou égale à 2 l/ha.
→ Situations « forte infestation et/ou présence de résistances » : le programme d’automne est un passage obligé. Suite à un passage de prélevée, la seconde intervention est à prévoir quinze jours à trois semaines après.
Exemples de nos solutions de référence sur blé (intérêt technico-économique) :
- Sur vulpins et sur ray-grass : Mateno 2 l puis Shvat 3,6 l/ha (1800 g/ha de chlortoluron) est la modalité en programme la plus efficace et économiquement très intéressante. Pour les situations drainées, Trooper 2,5 l + DFF 0,2 l puis Défi 3 l + Beflex 0,35 l/ha est une alternative intéressante mais avec un rapport qualité/prix moins bon.
Ce type de programme est plus risqué vis-à-vis de la sélectivité, notamment en sols limoneux (sensible à la battance) ou filtrants. Ne pas hésiter à adapter la dose dans de telles situations.
L’aspect sols drainés (Mateno, Shvat, Sunfire interdits) est à prendre en compte ainsi que la tolérance de la variété au chlortoluron pour l’emploi du Shvat.
Retrouvez les préconisations en termes de désherbage dans le guide Choisir et Décider blé tendre en Hauts-de-France.
Actuellement, les céréales lèvent rapidement (en sept jours) et les stades évoluent vite. Pour des raisons de sélectivité, il est conseillé d’éviter d’intervenir au stade pointant de la céréale. Si c’est le cas, attendre le stade 1 feuille étalée pour réaliser le désherbage.
Pour les applications en postlevée, il est préconisé d’intervenir dès le stade 1-2 feuilles ; au-delà de ce stade, les efficacités diminuent.
Les conditions météo actuelles sont plutôt propices aux applications de désherbage (temps poussant, absence de vent, bonne hygrométrie (> 60 %) et présence de rosée, faible amplitude thermique). Néanmoins, les produits racinaires doivent s’appliquer sur un sol humide afin d’optimiser leur efficacité.
Les dernières pluies remontent à dix jours : pour les applications de prélevée, il est donc préconisé de désherber juste derrière le semis afin de profiter de l’humidité résiduelle du sol.
Pour les interventions au stade 1-2 feuilles unique ou en complément, il est préférable d’attendre la semaine prochaine, avec les prévisions de pluie annoncées pour lundi/mardi, afin d’intervenir sur sol humide.
Pour rappel, l’emploi de ces produits peut provoquer des phytotoxicités : il est donc important d’éviter les grains en surface (2 cm de profondeur) et de réaliser les applications avec de forts cumuls de pluie (> 20 mm) juste derrière.
Pucerons et cicadelles : des conditions météorologiques idéales
Pucerons
Les conditions météorologiques actuelles sont particulièrement favorables à l’activité des pucerons, avec des températures douces, peu de vent et un automne globalement clément. De plus, les conditions de semis étant idéales depuis fin septembre, beaucoup de parcelles sont levées et déjà à 1 feuille. Ces conditions permettent le vol et la reproduction des pucerons, notamment Rhopalosiphum padi, principal vecteur de la jaunisse nanissante de l’orge (JNO). La contamination du virus est la plus préjudiciable du stade levée à 3 feuilles.
Les premiers vols sont observés lorsque les températures dépassent les 10-12 degrés. En dessous de 3°C, les pucerons ne sont plus actifs mais peuvent survivre.
Les repousses de céréales dans la parcelle ou dans l’environnement proche, la présence de friches, haies, bois à proximité, augmentent le risque.
Que faire en présence de pucerons ?
Le seuil d’intervention est fixé à 10 % de plantes portant au moins un puceron, ou présence de pucerons plus de dix jours dans la parcelle.
Si ce seuil est atteint, il est conseillé d’attendre le stade 1 feuille étalée avant d’intervenir. Les insecticides homologués sont des produits de contact et lessivables : il faut donc éviter les applications avant les pluies.
Certaines variétés présentent une tolérance à la JNO. Celle-ci ne confère pas une résistance totale, mais elle permet souvent de faire l’impasse (faible infestation), voire de ne faire qu’une intervention au lieu de deux, en cas de fortes attaques.
Tableau 1 : Variétés d’orge d’hiver tolérantes et sensibles à la JNO
Nuisibilité
Les dégâts dus à la JNO peuvent être très importants : jusqu’à retournement de la culture en orge et de quelques quintaux à 25-30 q/ha pour le blé.
Cicadelles
Les cicadelles sont des insectes vecteurs de la maladie des pieds chétifs. Comme les pucerons, leur présence est favorisée avec des températures supérieures à 12°C, l’absence de pluie et un temps ensoleillé, paramètres retrouvés pour les semis ayant été réalisés jusqu’à maintenant.
Les situations à risque sont également semblables à celles du puceron : semis précoces, présence de repousses, automne doux et sec, parcelles bien exposées…
Que faire en présence de cicadelles ?
Le traitement en végétation est à raisonner en fonction des observations régionales. Le seuil d’intervention est fixé à partir de trente captures hebdomadaires sur un piège englué jaune. En cas d’attaque précoce, le traitement peut être nécessaire dès le stade une feuille de la céréale.
Nuisibilité
La nuisibilité de cette maladie est très variable selon le taux de plantes infectées, la date de semis et la pression virulifère du vol automnal.
Globalement, la pression insectes reste à surveiller de près : il faut aller voir dans les parcelles, observer attentivement, et intervenir dès que les seuils sont atteints pour éviter toute perte de potentiel !
Bon à savoir
Pour maximiser l’efficacité des pyréthrinoïdes, il est conseillé d’utiliser un volume d’eau suffisant dépendant du type de buse utilisé :
- minimum 100 l avec des buses à fente classique ou basse pression ;
- 130 à 150 l si les pyréthrinoïdes venaient à être mélangés avec des solutions herbicides, nécessitant l’utilisation de buses à injection d’air (même si cette association n’est pas optimale). A noter que récemment, beaucoup de produits à base de pendiméthaline ont rejoint le prosulfocarbe dans cette obligation d’utiliser des buses à injection d’air (Prowl 400, Codix, Trinity, Pentium Flo… se référer à l’étiquette du produit).
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