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Lorraine

Blé : des réserves en eau qui s’effondrent dans les sols

Alors que depuis le 15 mars, les cumuls de pluies et de températures correspondent à la tendance des quinze dernières années, les réserves en eau du sol s’épuisent rapidement dans les parcelles n’ayant pas reçu les dernières pluies orageuses, même en sols profonds.

Déficit hydrique sur blé en fin de montaison en mai 2022 en Lorraine

Dans une première approche très globale du climat, en cumul de pluies et en température moyenne sur la période du 15 mars au 8 mai, l’année 2022 ne se démarque sur aucun de ces deux critères. Elle est centrée sur la moyenne des quinze dernières années.

Figure 1 : Positionnement de l’année 2022 en cumul de pluie et température moyenne, par rapport aux quinze dernières années sur la station de Saint-Hilaire-en-Woëvre (54)

Positionnement de l’année 2022 en cumul de pluie et température moyenne

Ce cumul de pluie dans la moyenne cache cependant des phénomènes plutôt extrêmes, avec une forte séquence pluvieuse le 8 avril, suivie d’un sec persistant dans un grand nombre de situations, selon un gradient nord/sud bien marqué sur la région.

Carte 1 : Pluviométrie cumulée sur la région depuis le 25 avril
Pluviométrie cumulée sur la région depuis le 25 avril

Des situations inégales entre les secteurs en lien avec des phénomènes orageux.

La conséquence directe de cette absence de pluie significative, cumulée à des températures estivales et la présence de vent desséchant sur des blés en pleine croissance, est l’effondrement rapide des réserves en eau du sol.

Le bilan hydrique permet de calculer l’évolution au cours du temps de la réserve en eau du sol et permet d’estimer le degré de satisfaction des besoins en eau d’un blé.

Sur le site de Saint-Hilaire, en sol de limons argileux à bonne réserve en eau (120 mm), force est de constater que la situation s’est dégradée rapidement. La vitesse d’assèchement de la réserve utile (RU) a été particulièrement rapide, rejoignant une situation qui relève des deux années sur dix les plus sèches et mettant les blés en situation de stress hydrique. Ce sont les feuilles qui extériorisent en premier l’effet de ce stress : de taille réduite, elles présentent également un port dressé en baïonnette et se replient ou s’enroulent selon les variétés. Second symptôme remarquable : le raccourcissement de la hauteur des tiges.

Figure 2 : Bilan hydrique avec un blé de la variété type Chevignon, semé le 1er octobre 2021 sur la station de Saint-Hilaire-en-Woëvre

Bilan hydrique avec un blé de la variété type Chevignon, semé le 1er octobre 2021 sur la station de Saint Hilaire en Woëvre

Quels impacts ?

Pour en estimer les impacts, il convient d’analyser cette situation non plus avec un regard calendaire, mais avec un regard phénologique en repositionnant le stade de la culture.

C’est à partir du stade dernière feuille, et notamment dans la très courte période qui encadre la méiose (situation des blés les plus avancés), que les conséquences du déficit hydrique sont les plus pénalisantes, en provoquant une réduction du nombre de grains/épi.

Pour se donner quelques repères en rendements, les déficits hydriques pendant la montaison, dès lors qu’ils dépassent 40 mm, impactent négativement la biomasse accumulée à floraison, qui est directement liée à la réalisation du potentiel de nombre de grains de chaque variété. A partir de 40 mm de déficit cumulé lors de la montaison, on peut considérer 4,5 % du potentiel de nombre de grains perdu pour 10 mm de déficit supplémentaire.

Tout n’est pas perdu pour autant ! Dans tous les cas, des pluies feront le plus grand bien pour recharger les réserves à l’approche de la période de remplissage des grains, permettant de rattraper la situation grâce à la mise en place de la dernière composante du rendement, le poids de mille grains (PMG).

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