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Lin fibre de printemps : réguler la croissance en cas de risque de verse

Cause importante de pertes de rendement et de qualité du lin, la verse physiologique est très souvent imputée à des phénomènes climatiques exceptionnels (orages, pluies excessives, etc). Ces facteurs ne sont en fait que les révélateurs d’une culture fragilisée par une conduite inadaptée.

Lin fibre : comment évaluer le risque de verse ?

La verse du lin est favorisée par la sensibilité de la variété, une fertilisation azotée excessive (apport régulier de fumier, ancien herbage, forte minéralisation) et une densité des plantes trop élevée.

Les lins sont très fragiles pendant la phase de croissance rapide - juste avant la floraison. A ce stade précoce, ils sont "mous". S’ils versent, les fibres peinent à se remplir. Les rendements en fibres et en graines peuvent être lourdement affectés, les qualités aussi.

À partir de la floraison, les lins font preuve de plus de ressort ; ils sont en capacité de se relever plusieurs fois s’ils versent tous dans un même sens, sans que les tiges s’entrecroisent. Dans le cas contraire, ils peuvent rester collés au sol, ce qui complique fortement les opérations de récolte et le teillage.

Dans les pires cas (humidité persistante), la pourriture grise (Botrypis cinerea) et la sclérotiniose (Sclerotinia sclerotiorum) s'installent sur les tiges versées. Celles-ci pourrissent et cassent à l’arrachage. La récolte peut être perdue.

Prévenir les risques

La maîtrise des techniques culturales constitue la principale méthode de lutte contre la verse. Elle repose sur :

  • Le choix variétal : toutes les variétés sont sensibles, mais à des niveaux différents.

  • La limitation du peuplement à 1 500 plantes/m2 : en aggravant la concurrence pour les éléments nutritifs et la lumière, une densité plus élevée fragilise les lins.

  • Le raisonnement de la fertilisation azotée : un excès d’azote au-delà de 10 cm affaiblit les lins.

En cas de risque avéré, un régulateur de croissance peut être appliqué après avoir vérifié la vitesse de croissance des lins en plantant un jalon gradué dans les parcelles. Ceux-ci sont jugés dangereux quand ils gagnent plus de 4 cm/jour.

Comment évaluer le risque verse ?

Pour bien évaluer le risque de verse à la parcelle, il convient de prendre en compte les trois composantes : climat-sol-plante.

Pour ce faire, une grille d’évaluation élaborée par ARVALIS permet d’apprécier les facteurs de risque au cours de la campagne. Concrètement, une note sur une échelle de 0 à 3 est attribuée par facteurs de risque. Ensuite, les notes des trois facteurs sont additionnés pour donner une note globale de risque sur une échelle de 0 à 9. Plus la note sera élevée, plus le risque sera grand.

Tableau 1 : Evaluation du risque verse

En fonction de la note obtenue, il convient de définir l’utilité d’une intervention. Dans les différents essais mis en place depuis 2015, il a été clairement montré qu’une intervention sur une parcelle ayant un risque faible peut venir pénaliser le rendement final. Cependant, si le risque est avéré, alors l’intervention de régulation permet un gain en rendement comparé à un témoin non traité.


Effet marqué d’un régulateur au stade 40 cm (parcelle de droite, vert plus foncé).

Quelles solutions disponibles ?

Attention, le recours à la régulation chimique doit être une solution de dernier secours.

En effet, l’application d’un régulateur dans les situations à faible risque peut avoir un effet néfaste sur la production de fibres et leur qualité.

Tableau 2 : Interventions possibles en fonction du risque verse

  • Etheverse (éthéphon 480 g/l), peut être utilisé de 0,3 à 0,6 l/ha à partir de 40-50 cm jusqu’à pré-floraison. Il provoque un ralentissement temporaire de la croissance et s’utilise préventivement en situation de risque fort. Cela peut concerner les lins ayant une croissance importante (> 4 cm/j) avec des orages imminents. Une application précoce peut nécessiter une ré-intervention en cas de risque persistant. Attentions aux effets secondaires : expression de l’oïdium, retard à maturité, stérilisation des fleurs…
  • Toprex (paclobutrazole 125 g/l et difénoconazole 250 g/l). En fonction du risque, il est à utiliser en modulation de dose entre 40 et 60 cm et la pré-floraison. Le tableau 3 présente les doses en fonction du stade du lin et du niveau de risque. L’inadéquation de la dose au stade du lin peut provoquer un blocage brutal et irréversible de la croissance des plantes. Attention à ne pas intervenir trop tôt et à adapter la dose en fonction du risque global de la parcelle.

Tableau 3 : Exemple d’interventions possibles en fonction du risque évalué

  • Caryx (30 g/l de metconazole + 210 g/l de mepiquat-chlorure) s’utilise à la dose de 0,3 à 0,4 l/ha en cas de risque précoce et/ou aux doses de 0,6 à 0,8 l/ha en cas de risque plus tardif.

Au-delà de la floraison, l’utilisation de régulateur est inutile et risque de favoriser un verdissement des lins et ainsi, retarder la maturité et le rouissage.

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