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Désherbage - Vulpins résistants : recourir à l’agronomie pour gérer les populations

La Grande-Bretagne doit faire face à des infestations massives de vulpin du fait de rotations principalement constituées de cultures d’hiver. Une étude montre l’efficacité des solutions agronomiques.

Les solutions agronomiques pour la lutte contre le vulpin en 2014

Dans certaines parcelles du Royaume-Uni, où la résistance des vulpins aux herbicides est installée, les producteurs dépensent plus de 120 €/ha en traitements herbicides sans pour autant atteindre un niveau satisfaisant d’efficacité. Et comme dans de nombreux pays, la Grande-Bretagne n’échappe pas à la réduction du nombre de molécules autorisées. Aucun nouveau produit n’est d’ailleurs attendu à court terme. Le recours aux pratiques agronomiques est devenu incontournable.

Choisir les bons leviers

Une équipe de chercheurs britanniques du Rothamsted Research a analysé l’impact des techniques de culture au travers de 53 expérimentations au champ, conduites au Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, en France et en Allemagne. Quand cela a été possible, une analyse statistique a été utilisée pour calculer des réponses moyennes aux différentes pratiques culturales et pour estimer leur variabilité.

Il en ressort que certains leviers agronomiques  présentent une réelle efficacité sur la réduction du nombre de vulpins dans les céréales. Semis de printemps, labour et retard de l’implantation des cultures d’automne arrivent en tête des leviers à actionner.

Diversifier les rotations

La prévalence des cultures d’automne dans une rotation est un facteur aggravant. Des rotations plus équilibrées, alternant culture d’automne et de printemps, apportent donc un premier outil de contrôle. Non seulement pour gérer le vulpin, mais aussi pour réduire l’impact des maladies et autres parasites sur les cultures de céréales et de colza. L’analyse des 53 essais confirme que le levier agronomique le plus efficace reste bien de casser le cycle des cultures d’hiver. Ainsi, en moyenne, implanter une culture de printemps permet de réduire la densité de vulpin de 88 % par rapport à un semis d’automne.

Cependant, même à ce niveau-là, il peut rester un nombre significatif de vulpins dans les champs. Ainsi, dans le meilleur essai, la réduction de l’infestation atteint 95 %, mais laisse encore 310 plantes de vulpin par m² dans la culture de printemps.

Des graines peu persistantes

Second levier disponible, le labour avant le semis des céréales d’hiver réduit les populations de vulpin par rapport à un travail superficiel du sol. Et cela de 69 % en moyenne. Le bénéfice du travail du sol dépend de la profondeur de retournement de ce dernier. Il faut que les graines de la graminée soient enfouies à plus de 5 cm.

Lors du labour, des graines anciennes remontent mais elles ont peu de chance de germer ; en effet, les graines de vulpin sont assez peu persistantes dans le sol, le stock semencier se réduisant de 70 à 80 % par an. Le labour sera d’autant plus intéressant qu’il n’intervient que de manière épisodique, tous les 3 à 6 ans par exemple.

A contrario, un travail sans retournement augmente la densité de vulpin dans les parcelles les plus infestées : les graines fraîchement produites restent proches ou en surface et germent facilement. Elles peuvent cependant être contrôlées par les herbicides racinaires encore autorisés comme la propyzamide (kerbflo) sur le colza. Mais attention, un défaut de contrôle du vulpin en travail simplifié a pour conséquence une augmentation plus rapide des populations qu’en système avec labour.

Report du semis

Autre levier efficace à la disposition des producteurs : retarder l’implantation de la culture d’automne. Ceci permet de faire lever les adventices puis de les détruire (chimiquement ou mécaniquement) avant le semis de la culture. La tendance est nette : la population de vulpin chute de 50 % entre des cultures semées fin septembre et d’autres implantées fin octobre. Les auteurs signalent aussi une meilleure efficacité des herbicides de prélevée pour les semis tardifs. Ce qui s’explique par une plus grande probabilité d’avoir un sol humide propice à l’action de ces molécules. Le nombre d’essais disponibles est cependant insuffisant pour dire s’il vaut mieux un petit décalage (report de semis à mi-octobre) ou un plus long (semis mi-novembre).

Une pause dans les cultures

Outre-Manche, la mise en jachère est de plus en plus considérée comme un outil efficace de gestion du vulpin dans les cas les plus graves. Une prairie temporaire (2 à 3 ans) s’avère également un bon outil. La faible persistance des graines dans le sol explique l’efficacité de ces leviers. Mais la « pause » de culture doit être assez longue : un an ne suffit pas. Après deux ans, le niveau résiduel des graines descend suffisamment (moins de 10 %) pour autoriser le retour en culture.

Le contrôle des populations de vulpin dans les céréales d’hiver exige donc le recours à plusieurs leviers agronomiques mais les résultats peuvent être variables (tableau 1). Cette variabilité met l’accent sur l’importance de la constance et de la persévérance dans la gestion des adventices.

Tableau 1 : Un niveau de contrôle des vulpins variable selon les leviers agronomiques

Cet article est issu de l’édition de septembre 2014 d’ARVALIS-CETIOM Infos.

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