Résultats d’essais

Variétés de blé dur : les performances 2022/2023 en région Méditerranée

Retrouvez les résultats des variétés de blé dur, obtenus dans le réseau d’essais régional, au niveau des rendements et de la qualité.

Epis verts de blé dur

Présentation du réseau d’essais

Cinq essais ont été réalisés en 2022-2023 (tableau 1) sur les variétés de blé dur, parcourant bien les conditions de croissance régionales.

Tableau 1 : Caractéristiques du réseau d’essais en 2022-2023
Tableau 1 : Caractéristiques du réseau d’essais en 2022-2023

Un grand merci à M. Emmanuel à Fourques, à M. Perret du Cray et sa fille à Prades-le-Lez, à M. Clerc aux Salins de Giraud, à M. Vernet à Montagnac et à M. Peyrard à Eurre, pour nous avoir accueillis.

L’impact des conditions 2022/2023 sur les résultats

Sur l’ensemble des essais, le mois d’octobre a été particulièrement sec partout. La levée a parfois été difficile, comme sur l’essai de Prades-le-Lez.

Un retour des pluies à partir de fin octobre sur le nord Gard et sur la Vallée du Rhône (au-dessus d’Avignon), et à la Toussaint partout ailleurs, a perturbé les semis encore non réalisés, en Vallée du Rhône principalement. L’essai de Eurre n’a ainsi pu être semé qu’en janvier.

Une sécheresse intense de début janvier jusqu’à mi-mai a provoqué des régressions de talles, notamment sur l’essai de Prades-le-Lez, impactant le nombre d’épis par m² (seulement 280). Les valorisations des apports d’azote ont été complexes. Ça a été le cas notamment en Camargue, sur la plateforme de Fourques, où aucune pluie n’a permis de faire passer l’azote pour l’apport qualité : le taux de protéines final sur l’essai est très moyen.

La pression maladies a été globalement faible. De la rouille brune est arrivée sur la fin de cycle, vers fin mai, et a nécessité par endroit des traitements. Sur les Alpes-de-Haute-Provence, des problèmes de fusarioses sont à signaler et ont été observés sur les essais.

Il est à noter que la sécheresse qui a sévi dans la région est historique : la période d’octobre à début mai a été la période la plus sèche depuis ces cinquante dernières années à Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes et Arles.

Sur ces secteurs, il n’est tombé que la moitié de la pluviométrie normale, voir moins.

Globalement, dans les essais, la sécheresse a impacté le potentiel : le rendement moyen du réseau d’essais est en retrait de 28 % (tableau 2) par rapport au rendement moyen sur sept ans.

Cela s’explique principalement par le poids des épis plus faible que d’habitude (-23 %).

Ce poids est plus faible en raison d’un nombre de grains par épi limité. Il semble ainsi que la fertilité des épis ait été impactée. L’absence de gel durant la méïose, et le rayonnement ayant été suffisant, ce manque de fertilité vient probablement du stress hydrique et du stress azoté lors de la montaison.

La qualité a aussi été impactée : le poids spécifique (PS) est en baisse de 8 %.

Tableau 2 : Niveaux de rendement et qualité moyens sur le réseau d’essais variétés en Méditerranée / Rhône-Alpes
Tableau 2 : Niveaux de rendement et qualité moyens sur le réseau d’essais variétés en Méditerranée / Rhône-Alpes

Zoom sur les résultats de la campagne 2022-2023

La figure 1 présente les rendements moyens issus du regroupement des cinq plateformes d’essais.

Statistiquement, peu de différences sont observées : il y a une tendance à ce que RGT Voilur et RGT Belalur soient au-dessus des autres variétés en termes de rendement (groupe homogène a), sans que cela soit significatif.

Juste après se trouve la variété Rocaillou (groupe homogène ab) ; puis un groupe de variétés assez large (groupe homogène abc) allant de Claudio à RGT Aventadur.

Il est à noter que sur la gamme très précoce, RGT Aventadur fait 6 q/ha de plus que Claudio.

Les variétés Casteldoux (groupe homogène bc), puis Dimokritos (groupe homogène c) viennent ensuite fermer le classement (11 q/ha d’écart entre Dimokritos et RGT Voilur).

Figure 1 : Résultats du rendement moyen par variété issu du regroupement de cinq essais en Méditerranéen en 2022-2023
Figure 1 : Résultats du rendement moyen par variété issu du regroupement de cinq essais en Méditerranéen en 2022-2023

En vert : rendement supérieur de 5 % ou plus à la moyenne de l’essai. La variété s’est particulièrement bien comportée dans cet essai.
En rouge : rendement inférieur de 5 % ou plus à la moyenne de l’essai. La variété s’est particulièrement mal comportée dans cet essai.

Il est important de signaler que le rendement, pour une variété donnée, a été cette année assez variable d’une plateforme à une autre (tableau 3).

C’est notamment le cas pour les variétés RGT Belalur, Rocaillou et Canaillou en retrait à Fourques, où la fertilisation a été l’une des plus limitantes sur le réseau d’essais, ce qui ne leur a pas permis de développer le nombre d’épis nécessaire (Canaillou) ; mais aussi, a sûrement impacté la formation des épis courant montaison (RGT Belalur et Rocaillou).

La variété Vanur a été meilleure sur les plateformes plus tardives d’Eurre et de Gréoux-les-Bains où elle a sûrement pu profiter des dernières pluies pour développer le poids de mille grains (PMG). Elle est cependant en retrait sur des plateformes plus séchantes. Les variétés Anvergur, Relief et Formidou ont quant à elles été en retrait à Eurre et à Gréoux-les-Bains.

Tableau 3 : Rendement moyen en % de la moyenne générale de chaque essai
Tableau 3 : Rendement moyen en % de la moyenne générale de chaque essai

Et pour les résultats pluriannuels (avec protection fongicide) ?

Le comportement des variétés est très marqué par l’année climatique : il est préférable de l’apprécier sur plusieurs années. Afin de comparer les résultats de variétés expérimentées sur différentes campagnes, les rendements sont corrigés des effets annuels à l’aide des variétés communes entre année. Ils sont exprimés en % de la moyenne des variétés représentées (figure 2). Les chiffres et le point central indiquent respectivement le millésime et la moyenne ajustée pluriannuelle (ex. : 23 = 2023). Les résultats des nouvelles variétés et des témoins en première et seconde année d’inscription au CTPS sont respectivement représentés par c1 et c2.

  • RGT Belalur confirme en 2023 sa bonne performance en termes de rendement. Elle semble être adaptée à des conditions de fin de cycle variées (séchantes 2023 et 2022 et plus arrosées 2021).
  • RGT Voilur montre une souplesse d’adaptation et reste au-dessus de la moyenne, quelles que soient les années.
  • RGT Vanur signe encore cette année un beau rendement. Les années avec des fins de cycle séchantes lui sont avantageuses par rapport aux autres variétés.
  • Canaillou est aussi au-dessus de la moyenne. Elle semble performante peu importe l’année depuis trois ans, mais à noter qu’elle semble meilleure les années plus arrosées (2021).
  • Rocaillou, grande nouveauté, fait partie des meilleures, avec un rendement moyen proche de celui de RGT Belalur cette année sur nos essais. Son comportement semble assez stable si l’on regarde ses performances lors de ces années d’évaluation en pré-inscription.
  • Platone est encore cette année au-dessus de la moyenne. Elle tire son épingle du jeu les années séchantes.
  • RGT Kapsur est encore en retrait cette année. Cette variété confirme être moins productive dans nos conditions méditerranéennes. Elle a un intérêt uniquement dans des situations risquées au niveau fusarioses.
  • Formidou est toujours en retrait par rapport à la moyenne. C’est une variété à valoriser pour le marché biologique mais pas conventionnel.
  • Dimokritos confirme avoir un rendement en retrait, et cela, sur l’ensemble des plateformes d’essais et depuis deux ans. Tout comme Formidou, c’est une variété à valoriser uniquement sur le marché biologique.

Figure 2 : Rendements pluriannuels dans le Sud-Est
Figure 2 : Rendement pluriannuels Sud-Est

Sources : ARVALIS et partenaires (post-inscription), CTPS/ GEVES (inscription)

Et en termes de qualité ?

Un poids spécifique en baisse

En 2023, le PS moyen tourne autour de 78 dans la région et on retrouve la même chose sur le réseau d’essais, avec une moyenne de 78,5 sur le regroupement (figure 3).

La sécheresse mais aussi les orages tardifs en sont la principale cause, même si les fusarioses sont à incriminer en plus dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Tout comme l’année dernière, Platone et Claudio montrent encore un PS élevé.

RGT Vanur présente cette année encore un des PS les plus faibles.

La variété récente Formidou décroche complétement de son côté et finit dernière.

Parmi les variétés récentes, RGT Kapsur, et RGT Belalur confirment avoir un PS dans la moyenne.

Canaillou est en retrait de 1 %, elle garde un comportement similaire à l’année dernière.

La nouveauté Rocaillou présente des petits grains visuellement et son PS est en retrait de 2 % par rapport à la moyenne.

Figure 3 : PS moyen par variété sur les cinq essais regroupés en Méditerranée-Rhône-Alpes en 2023
Figure 3 : PS moyen par variétés sur les cinq essais regroupés en Méditerranée-Rhône Alpes en 2023

Côté protéines

Cette année, dans nos essais, la teneur en protéines a été bonne : 15 % de moyenne (figure 4).

Des irrigations ont eu lieu sur certaines plateformes (Eurre et Gréoux-les-Bains), permettant de faire passer l’azote ; sur d’autres, le rendement a été si faible que cela a permis de concentrer la protéine.

Au niveau du classement, les variétés qui ressortent en tête (figure 4) sont Dimokritos, Platone, Casteldoux et RGT Vanur (groupe homogène a et ab). Elles ne sont cependant pas significativement plus élevées que RGT Kapsur, Voilur, Anvergur, Miradoux ou encore Rocaillou (groupe abc).

Elles sont en revanche significativement meilleures que RGT Belalur qui se classe dernière (groupe homogène c).

Figure 4 : Teneur en protéines moyen (%) pour chaque variété dans le regroupement des essais Sud-Est 2023
Figure 4 : Teneur en protéines moyen (%) pour chaque variété dans le regroupement des essais Sud-Est 2023

Il est important comme chaque année de regarder le ratio rendement / protéines des variétés. Certaines variétés produisent en effet plus ou moins de protéines par quintal (figure 5).

  • Rocaillou, pour sa première année, montre un ratio intéressant, plus élevé que celui d’Anvergur, avec un rendement au-dessus mais un taux de protéines au même niveau.
  • Anvergur et RGT Voilur apportent chaque année du rendement sans trop diluer les protéines. RGT Voilur se comporte généralement mieux qu’Anvergur : des meilleurs taux de protéines à rendement équivalent ou supérieur.
  • RGT Belalur, nouveauté en 2020, a cette année été en retrait, contrairement à 2022 : elle a davantage dilué les protéines que l’année dernière.
  • Dimokritos confirme avoir un mauvais ratio : son taux de protéines est très élevé, mais son rendement est également très en retrait.
  • RGT Vanur montre une assez bonne aptitude à conserver son taux de protéines malgré un rendement élevé.
  • Platone montre encore en 2023 qu’elle a une bonne capacité à faire des protéines par rapport à son rendement. Elle apporte également un plus au niveau mitadin. La moucheture lui faire par contre un peu défaut en comparaison d’autres variétés.
  • Formidou est comme l’année dernière dans la moyenne en termes d’écart protéines et rendement.
  • Canaillou a eu un meilleur comportement cette année, plus proche d’Anvergur.
  • RGT Kapsur a un comportement similaire à 2022, avec un ratio moyen.

Figure 5 : Relation rendement/teneur en protéines en 2023 sur le réseau d’essais de Méditerranée-Rhône-Alpes
Figure 5 : Relation Rendement/Teneur en protéines en 2023 sur le réseau d’essais de Méditerranée-Rhône-Alpes

La figure 6 représente les résultats pluriannuels issus du regroupement national des essais. En plus du ratio rendement / protéines sont indiqués la moucheture et la vitrosité. On y retrouve les comportements rendement/protéines observés en 2023 dans les essais du sud.

Au niveau de la moucheture, quatre variétés sont un peu en retrait : Platone, Canaillou, Relief et RGT Aventadur. Une attention est aussi à porter au niveau du mitadin sur Canaillou, Relief et Claudio, qui y sont plus sensibles que les autres variétés. A l’inverse, Platone et Formidou apporte un plus sur ce critère là. La nouveauté de l’année, Rocaillou, est pas mal à la fois sur le mitadin et sur la moucheture.

Figure 6 : Résultats pluriannuels protéines, rendement, vitrosité et moucheture
Figure 6 : Résultats pluriannuels protéines, rendement, vitrosité et moucheture

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